27 avril 2024

1er rêve (ce qu’il en reste): des hommes prennent la pose, vêtus d’uniformes militaires blancs – bien jolis pour la parade, mais question travaux pratiques ???; puis une aventure dans laquelle je suis à visiter un site avec un groupe quand la personne que j’accompagne perd les autres de vue et nous errons à leur recherche, pendant que je deviens de plus en plus furax parce que je vois bien que je vais rater mon bus et qu’on m’attend ailleurs; et, juste avant le réveil: assise dans le siège arrière d’une voiture qu’on recule dans une voie de circulation dense – c’est du juste, mais la manoeuvre réussit.

*

Je ne sais pas comment les autres abordent la lecture. Ici, comme je suis “à la retraite” et que je vis seule, j’ai liberté entière pour suivre le cours de mes pensées et là où ce cours me dirige dans la pile des lectures courantes. Evidemment, avec l’arrivée hier de deux titres des Éditions Mesures, ils ont eu la priorité. Et, selon le cours en question, j’ai visité, tantôt des oeuvres de Zamiatine traduites par André Markowicz*, tantôt des contes et réflexions à leur sujet par Françoise Morvan**; quand je n’étais pas à assembler des mots et des images autour du gamin dans L’Horloger des Brumes.

Zamiatine – dont je ne connaissais que le Nous d’un courage stupéfiant vu l’époque dans lequel il fut écrit – Zamiatine est immense, je ne vois pas d’autre mot juste pour décrire ce que je ressens à la lecture de ses nouvelles – Le Nord, La Caverne, Mamaï. Et ces mots dans ses Souvenirs sur Blok : “...le fait que la littérature parlait toujours de demain, qu’elle existait au nom de ce demain, et que c’était ce qui définissait sa relation à hier et à aujourd’hui. Et que, par conséquent, elle était toujours hérésie, mutinerie.” (Quand elle faisait vraiment son boulot, s’entend.)*

De L’Amour des Trois Oranges, que dire si ce n’est que je suis les conseils de lecture de Françoise Morvan – doucement, à voix haute, vers la source amère où fleurit l’oranger. Ainsi que l’histoire délirante de son Étrange Voyage au Royaume du Conte dans lequel se meuvent des forces tout aussi obscures – sinon plus – que celles dans les contes eux-mêmes.**

*Evguéni Zamiatine, La Caverne suivi de Les Feux de saint Dominique et autres écrits de la guerre civile (1918-1921), choix, traduction et présentation d’André Markowicz, Les Éditions Mesures, décembre 2023

** Françoise Morvan, L’Amour des Trois Oranges, Les Éditions Mesures, décembre 2023

*

Quant à l’illustration du jour, elle accompagne ce que L’Horloger lit au gamin dans le petit recueil à fermoir faisant partie de ses trésors :

“Il va pleuvoir”

Ildefons Laporte et son compère dérangèrent une fois de trop

Bérengère la bergère

sur son moi-même concentrée.

Kasimiera l’apprenant

(et avant Carême prenant)

transforma les demeurés

en dolmens métallisés

et leur dit :

“Il va pleuvoir.

Vous entendez

le tonnerre approcher ?”

À jamais électrisés

les dolmens dans la vallée

n’ont de cesse de signaler

le sort toujours réservé

à ceux venant déranger

une bergère en privauté

sur son soi-même concentrée.

(N’étant pas bergère à la retraite, d’aucuns peuvent frapper à ma porte sans se faire foudroyer – d’aucuns sauf Ildefons Laporte, évidemment.)

*

Le vent souffle fort aujourd’hui. Les mésanges se tiennent au ras du sol.

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