23 décembre 2025

Rêve : L’arbre était très vieux, anciennement, il avait été frappé par la foudre qui l’avait décapité mais il vivait toujours, comme un vieil olivier, à sa base il y avait une profonde cavité dans laquelle vivaient des écureuils volants, parfois ils grimpaient sur la seule branche la surplombant qu’ils utilisaient comme piste d’envol d’où ils s’élançaient, volant en droite ligne horizontale, si on lançait des graines en direction de la cavité, il en sortait parfois un oiseau aux plumes noires et grises qui venait les picorer, l’arbre se trouvait derrière une vaste demeure, un ancien monastère transformée en résidence pour écrivains, chacun y avait sa propre cellule, les corridors en étaient si longs que certains les empruntaient en vélo, mais moi, je marchais.

Oui, en décembre 2017, une copine avait obtenu un temps de résidence à La Lisière, pour elle-même et deux autres, dont moi. Le parc, lui, était la résidence d’une harde de cerfs avec une acuité auditive exceptionnelle. Dès que je sortais me promener dans la forêt, ils m’entendaient de loin, s’immobilisaient, puis fuyaient. Noté dans le carnet Sans ordre chronologique, mais l’image, elle, est devenue le rêve que fait l’Ingénieur des collines la nuit avant l’arrivée des deux gamins de la Vallée des Brumes.

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Retrouvé hier le poème de Bertold Brecht – référence à un texte dont l’écriture avait débuté durant cette résidence en 2017, À ceux qui viendront après nous qui contient le passage suivant :

Que sont donc ces temps, où

Parler des arbres est presque un crime

Puisque c’est faire silence sur tant de forfaits !

Celui qui là-bas traverse tranquillement la rue

N’est-il donc plus accessible à ses amisQui sont dans la détresse ?

C’est vrai : je gagne encore de quoi vivre.

Mais croyez-moi : c’est pur hasard.

Manger à ma faim,

Rien de ce que je fais ne m’en donne le droit.

Par hasard je suis épargné.

(Que ma chance me quitte et je suis perdu.)

Mais c’est le poème en entier qu’il faut lire. On peut le trouver ici, en français et en allemand.

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Pour ce qui est de manger, la question ne se posera même pas dans les prochains jours. Ma copine a fait les courses et les a déposées chez moi hier, je préparerai le tout demain pour jeudi. En attendant, je mange très léger, merci, je lis, j’écris, je traduis …et je dors.

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Dream: The tree was very old, in ancient times it had been struck by lightning that had decapitated it but it lived on, like an old olive tree, at its base there was a deep cavity in which lived flying squirrels, sometimes they climbed up to the only branch above it which they used as a platform from which to fly off in a horizontal line, if one threw seeds toward the cavity, a bird with black and grey feathers would emerge to peck at them, the tree was behind a vast structure, a former monastery transformed into a writers’ residence, each one had his or her own cell there, the corridors were son long that some of them used bicycles, but I walked.

Yes, in December 2017, a buddy had obtained a residence period at La Lisière, for herself and two others, myself included. Jotted down in the notebook In No Chronological Order. The park itself served as residence to a pack of deer with uncanny acuity of hearing. The minute I stepped out of the residence for a walk in the forest, I would see them off in the distance, freeze then flee. But the image has turned into the dream the Engineer of the hillocks has the night before the arrival fo the two kids from the Valley of the Fogs.

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Yesterday, I found again the Brecht’s poem To Those Who Follow in Our Wake – reference to a text I had begun writing during that residence in 2017 in which there is the following:

What times are these, in which
A conversation about trees is almost a crime
For in doing so we maintain our silence about so much wrongdoing!
And he who walks quietly across the street,
Passes out of the reach of his friends
Who are in danger?

It is true: I work for a living
But, believe me, that is a coincidence. Nothing
That I do gives me the right to eat my fill.
By chance I have been spared. (If my luck does not hold,
I am lost.)

But it’s the entire poem that needs to be read. It can be found here, in German and in English.

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As for eating, that will definitely not be an issue in the coming days. My buddy did the shopping and dropped off the supplies yesterday. I’ll do all the prep tomorrow for Thursday. In the meantime, I eat very lightly, thank you very much, I read, I write, I translate and…I sleep.

4 comments

    • Alors, en entrée: terrine de poisson fumé et concombre; plat principal : fesenjahn iranien (la version que m’avait apprise une étudiante iranienne à l’époque), à base de canard dans une sauce aux cerneaux de noix broyés et mélasse de grenade, accompagné de riz à l’ranienne (chelo) qui produit un fond croustillant sous un riz blanc moelleux; Zaz fournit vin, salade et dessert et nous jeunons ensuite pendant un jour ou deux 🙂 (et chez toi ?)

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