20 décembre 2025

Boudu. Deux rêves tellement sombres, tellement tristes que j’ai refusé de me lever — ce qui n’enlève rien à la tristesse (sauf de l’éloigner un peu ?) Dans les deux rêves, un être hybride, à la fois père et ex-époux, me déclarait responsable de tous les malheurs affligeant mon enfant, j’errais à travers une foule à une sorte de carnaval avec le coeur si lourd que je ne voyais aucun espoir de retrouver la moindre légèreté d’esprit.

Le sentiment est celui que j’ai exprimé à Camille, avant-hier, en expliquant pourquoi je “bloque” dans L’Horloger de Brumes. La notion qu’il n’y ait que de l’horreur et du chagrin à l’horizon, je suis incapable d’imaginer un monde sans la moindre échappée, la moindre parcelle de bonté et de joie parce qu’alors, autant s’enfouir sous les couvertures avec l’oreiller par-dessus la tête et se dire que c’est la race humaine qui a raté son parcours et s’emploie à s’auto-détruire, y compris tout ce qu’elle a réussi de plus beau et de plus précieux.

La raison pour laquelle je bloque dans la traduction de Prison °5 de Zehra. Trop-plein de laideur et d’horreur et de méchanceté, comme si je manquais du courage nécessaire pour même trouver et noter les mots pour le dire. Et pourtant, non seulement Zehra l’a fait, mais elle l’a fait dans la prison où ces horreurs ont eu lieu et certaines de ses compagnes y sont encore; pendant que l’ordure trônant à la Maison Blanche déclare sa sympathie pour Erdogan, un gars qui sait faire, à son avis. Elle l’a fait en reportage sur trois femmes yézidis qui avaient réussi à échapper à leurs bourreaux. Reportages que j’ai traduits, en prenant de longues goulées d’air entre les séances, je n’ai aucun appétit pour l’horrible, je serais parfaitement satisfaite qu’il cesse et que les gens se traitent gentiment.

Hier, j’ai regardé plusieurs vidéos de la débâcle en cours, provenant des critiques américains de leur gouvernement. Spectacle sur spectacle sur spectacle, titres à l’emporte-pièce annonçant l’effondrement du régime à chaque nouvelle connerie. La fascination qu’exercent la connerie et le mal ? Pire que celle qu’exercent les trois Gorgones.

Palais des miroirs. Trouver la sortie. Trouver un moyen de voir, de comprendre, sans être submergée par l’horreur de la réalité de tout ça. L’inattendu, le non-scénarisé d’avance.

*

Boudu. Two dreams, so dark, so sad that I refused to get up – which does nothing to remove the sadness (except to place it at a bit of a distance?) In the two dreams, a hybrid creature, both father and ex-husband, declared I was responsible for all the woes afflicting my child, I was wandering through a crowd in a kind of carnival with a heart so heavy that I could not see any hope of ever recovering the slightest bit of lightness of spirit.

It’s the feeling I mentioned to Camille, the day before yesterday, in explaining why I was “blocked” in L’Horloger de Brumes. The notion that there would be nothing but horror and grief on the horizon, I’m incapable of imagining a world without the slightest place in which to escape, the slightest smidgen of kindness and of joy because if that’s the case, might as well burrow under the blankets with a pillow over your head, tell yourself the human race flubbed the course and is busy self-destructing, including everything it managed to achieve that was beautiful and precious.

It’s the reason why I’m blocked also in finishing the translation of Zehra’s Prison °5. Too much ugliness and horror and evil, as if I lacked the necessary courage to even find or jot down the words to describe it. And yet, not only did Zehra do so, but she did it from inside the prison where those horrors took place, and some of her companions are still there; while the scum throning at the White House declares his sympathy for Erdogan, a guy who knows how to do things, in his opinion. She did so in her reporting on three Yazidi women who had managed to escape from their torturers. Reports I translated, taking long breaths of fresh air between sessions, I have no appetite for the horrible and would be perfectly satisfied if it stopped and people treated one another with kindness.

I watched several videos yesterday from American critics of the ongoing debacle in the States. Spectacle upon spectacle upon spectacle, Breaking News headlines announcing the collapse of the regime at each new piece of disgusting nonsense. The fascination exerted by stupidity and evil? Worse than that exerted by the three Gorgons.

A palace of mirrors. Searching for the exit. Finding some way to see, to understand, and not be submerged by the reality of it all. The unexpected. The unscripted in advance.

2 comments

  1. Regarded plus pro he de toi. Eviter toutes les prétendus “nouvelles” qui s’alimentes de drames. Vivre pleinement chaque contact human. Hugs. Hugs

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    • Hmm… pour ce qui est de vivre pleinement chaque contact humain, aucun problème, je t’assure. Pour ce qui est d’éviter les nouvelles, ça ne me ressemble guère :-), mais sans courir après le catastrophisme, quand les contacts proches sont pétris eux aussi des désastres à plus grande échelle…But I get your drift. Hugs back.

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