
Rêves : scène très laide avec mon ex dans un commerce où il voulait savoir pourquoi j’achetais du pain, me laissant en plan, j’entrais à pied du village en me demandant comment je ferais pour le quitter; puis j’étais dans une maison avec d’autres personnes, et je montais m’isoler dans ma chambre avec quelques pages d’un récit que je révisais; puis, à la tête d’une rangée de bonnse soeurs en noir comme des penguins, j’attendais avec mon caddy à la caisse, j’attendais, j’attendais jusqu’à pousser un cri d’exaspération, ma mère apparaissait alors, disant qu’elle avait eu un mal fou à rejoindre Giovanni(?) au téléphone pour annuler le rendez-vous(?); et je m’éveillais au son de la Bolduc dans ma tête, chantant sa “turlute” québécoise des années de la Grande Dépression “ça va v’nir, ça va v’nir, nous décourageons-nous pas, moi j’ai toujours le coeur gai, pis j’continue à turluter”.
En raison des élections au Canada, nulle doute, et de l’article dans le Politico américain, analysant le tout, sans un seul mot au sujet du Québec – le grand silence, comme d’habitude. Et, avant cela, lecture sur les horribles descendants des technocrates des années trente, parmi lesquels se trouvait le grand-père paternel d’Elon Musk; le tout précédé d’un article sur les technocrates de la Silicon Valley, estimant que l’espèce humaine est une espèce “de transition” qui devra disparaître au profit de…l’Intelligence Artificielle…Que tout le vivant soit en évolution constante, je veux bien le croire, mais une eschatologie en faveur d’une intelligence artificielle (et qui se maintiendrait d’elle-même, peut-être ?), on me permettra d’en douter. En attendant, dans cet article, je lis ce qui suit : ” L’autre jour, lors d’un déjeuner à Palo Alto, j’ai rencontré de jeunes scientifiques spécialisés dans l’IA qui disaient qu’ils n’auraient jamais d’« enfant biologique », car dès que vous avez un « enfant biologique », vous êtes contaminé par le « virus mental » du monde [biologique]. Et quand on est contaminé par le virus mental, on s’attache à son bébé humain. Or, il est bien plus important de s’attacher à l’IA du futur. Avoir des bébés humains est donc fondamentalement contraire à l’éthique.
Il ne s’agit pas seulement d’affirmations descriptives sur le caractère inévitable de notre futur numérique. Ce sont des déclarations éthiques sur ce qui devrait être : que l’IA devrait détrôner l’humanité et prendre le contrôle du monde ; que cet état de fait serait préférable.” L’article s’intitule The End Game of Edgelord Eschatology (Le dénouement de l’eschatologie des seigneurs de l’eschatologie des fins dernières) et c’est signé P. Torres.
Avant, la mode chez les riches-zé-célèbres (comme Walt Disney, par exemple) consistait à se faire cryogéniser dans l’espoir d’être ranimé plus tard; maintenant ? C’est un Sam Altman, le patron de Open AI qui veut faire conserver son cerveau en vue de sa numérisation, perpétuant ainsi son intelligence dans le “cloud” de la super-intelligence.
Allez. Encore un peu de La Bolduc. Il est peut-être temps de relire Jacques Ferron et son expérience de médecin dans le récit sur le Pas de Gamelin (nom qu’on donnait à l’hôpital psychiatrique St-Jean-de-Dieu, à l’époque). Hier soir, plutôt, j’ai re-re-lu mon poème préféré de Kari Unksova, L’Été et, à force de le déchiffrer aussi en russe, il y a des mots qui m’apparaissent d’eux-mêmes maintenant, comme ils le feraient en français ou en anglais; avec mon petit cerveau d’espèce en transition, pensez donc. “Ça va v’nir, ça va v’nir”…et qu’ils aillent tous rejoindre les autres imbéciles qui les ont précédés dans la fosse à purin de l’histoire.
Dreams: very ugly scene with my ex in a store where he wanted to know why I was buying bread, leaving me there, I walked home from the village wondering how I would manage to leave him; then I was in a house with other people, I went up to my room with a few pages of a story I was revising; then, at the head of a line of nuns in black like penguins, waiting, waiting, waiting with my shopping car, until I pushed a cry of exasperation, my mother appeared and said she had a hell of time reaching Giovanni on the phone (?) to cancel the appointment (?); and I woke up to the sound of La Bolduc in my head, singing the tam-de-dum from the Quebec of the Great Depression “ça va v’nir, ça va v’nir, nous décourageons-nous pas, moi j’ai toujours le coeur gai, pis j’continue à turluter”. (it’ll come, it’ll come, let’s not get discouraged, me, I’m always light-hearted and go on singing tam-de-dum).
Because of the elections in Canada, no doubt, and of the article in the American Politico, analysing the whole thing, without a single word about Québec – the great silence, as usual. And, before that, reading about the horrible descendants of the technocrats from the thirties, among which was Elon Musk’s maternal grandfather; the whole thing preceded by an article on the Silicon Valley technocrats, who figure the human species is a “transitional” one destined to disappear to make room for …Artificial Intelligence. That all living beings are in constante evolution, I’m more than willing to believe, but an eschatology in favor of artificial intelligence (and that would maintain itself on its own, maybe ?), I doubt very much. In the meantime, in this article, I read what follows : ” Just the other day I was at a lunch in Palo Alto and there were some young AI scientists there who were saying that they would never have a “bio baby” because as soon as you have a “bio baby,” you get the “mind virus” of the [biological] world. And when you have the mind virus, you become committed to your human baby. But it’s much more important to be committed to the AI of the future. And so to have human babies is fundamentally unethical.
These are more than descriptive claims about the inevitability of our digital future. They are ethical statements about what ought to be the case: that AI should dethrone humanity and take over the world; that this state of affairs would be better.” (The article is titled The End Game of Edgelord Eschatology ) and is signed by P. Torres.
Before that, the fashion with the very rich (such as Walt Disney, for example) was to be placed into deep freeze with the hope of being re-animated later; now? It’s a Sam Altman, the boss at Open AI who want his brain preserved to be digitized and uploaded to the super-intelligence in the great cloud in the sky.
OK. A bit more of La Bolduc. Perhaps the time has come to re-read Jacques Ferron’s experience as a doctor at Pas-De-Gamelin, the name they gave to the St-Jean-de-Dieu psychiatric hospital at the time. Instead last night, I re-re-read my favorite poem by Kari Unksova, Summer, and with the many decipherings in Russian, there are words that appear whole before my eyes now, as they would do in French or English, and all that with just my little transitional brain, just think of it. “Ça va v’nir, ça va v’nir”…and may they all go join the other idiots that preceded them in the dunghill of history.
le corps se corrompt, en effet ; alors se faire remplacer par du virtuel-éternel, c’est une excellente idée ; dans le temps on appelait ça l’âme, non ?
Leur raisonnement poussé au bout du bout leur suggérerait à abandonner au plus vite leur malencontreuse et imparfaite apparence humaine et à nous laisser quelques disques durs contenant leurs crétineries ?
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oui, mais il y a aussi ceux qui sont convaincus d’atteindre l’immortalité qu’ils partageront avec l’IA; et, effectivement, dans cette “eschatologie athée”, ils prétendent qu’ils sont en train de créer le Dieu humain que sera l’IA dans toute sa transcendance… L’ennui supplémentaire étant que leurs disques durs auront sans doute effacé une bonne partie des notions développées par notre “espèce de transition”. Ils sont au-delà de pénibles, vraiment.
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une petite panne de courant et leur immortalité aura des ratés…
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eh!
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