
(dessin de Camille Messager)
Rêves : En attente d’un bébé, ils vont devoir déménager en faisant le choix de figurines en papier découpé en forme d’animaux, marque-pages destinées à encourager la lecture chez ceux que ça n’intéresse pas; puis, personnage à la Raoult, très critiqué pour sa recherche The Ureoan 1 espère l’intervention de Macron en sa faveur concernant sa nouvelle recherche, du genre Macron disant “que vont-ils encore inventer au sujet de Ureoan II” .
Tout ça, un aimable boulgi-boulga autour des anti-vax, des livres “Hunger Games” que je n’ai pas lus, de la série en découlant, que je n’ai pas vue non plus, et de la chanson The Hanging Tree que j’ai découverte quand quelqu’un l’a utilisé en fond sonore sur une marche de protestation par les Géorgiens promis à l’étouffement par le Kremlin. (Chanson écoutée en boucle hier, et paroles mémorisées pendant que je travaillais.)
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“Insoutenable” disent plusieurs commentateurs en lisant la chronique d’André Markowicz ce matin concernant les affirmations confirmées par le principal intéressé concernant une conversation téléphonique au sujet de “la viande” que la Russie envoie à l’abattoir, sciemment et de façon délibérée; façon de se “nettoyer” de ses ploucs, de ses ivrognes, de ces déjà-mutilés physiquement et mentalement pour aller se faire tuer en tuant le plus d’Ukrainiens possible. Question de faire la place à une économie entièrement consacrée à la poursuite de l’objectif d’instauration d’un ordre mondial de la terreur.
Impression que, comme pour l’inceste ou autre sujet tabou, l’insoutenable c’est de le dire. Tant qu’on n’a pas à le savoir…
Dans la première partie du récit L’Ogresse dans la série de L’Horloger des Brumes, la femme voyage dans un véhicule blindé auto-guidé lui permettant de faire le trajet sans rien voir de la désolation à l’extérieur. C’est vraiment l’impression que j’ai quand je pense – exemple parmi tant d’autres – aux images de jeux sur la plage de Tel Aviv qui se trouve à 70 kilomètres de la dévastation qui se poursuit dans la bande de Gaza. Et qui se poursuivra parce qu’il faut “faire le ménage” pour les fabuleux hôtels qui formeront un collier de luxe, de calme et de volupté le long de la Méditerranée. Pendant que la procureure générale du pays souhaite que la Cour destitue le ministre Ben Gvir pour ses instructions directes – et illégales – aux policiers, leur enjoignant de faire la chasse à l’heureuse coïncidence de la ”découverte” d’armes à feu chez des Palestiniens et de ce qui s’ensuit alors. Et que le bureau de Netanyahou fait l’objet d’une enquête sur la contrefaçon d’informations sensibles ou la tentative de leur effacement pour préserver cet homme de sa responsabilité sur l’ensemble du foutoir qu’il répand dans toute la région.
Mais pourquoi toutes ces horreurs deviennent-elles plus que soutenables, payantes et divertissantes à la condition qu’elles soient scénarisées, mises en musique et transformées en série grand public? Lissées, maquillées et à la condition de savoir, comme des enfants, que ça n’est pas “pour de vrai”, c’est du bonbon et que le Mal, le vrai, ne nous atteindra jamais jamais jamais.
“Are you, are you coming to the tree ?”
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Dreams: Waiting for a baby, they will have to move by choosing the paper cut-outs shaped like animals as page markers intended as encouraging reading for those not interested in it; a Raoult-like character, very critized for his The Ureoan I research, hopes for the intervention by Macron in favor of his new research, as in Macron saying “what will they make up now about Ureoan II”.
All this a fine mix-up around anti-vaxers, the “Hunger Games” I haven’t read, of the series made from them which I haven’t seen either, and of the song The Hanging Tree that I discovered when someone used it as musical backdrop to a protest march by the Georgians promised to suffocation by the Kremlin. (Song I listened to over and over again yesterday, memorizing the words while I worked.)
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“Unbearable” say several of the commentators after reading André Markowicz’ column this morning about the main party’s confirmation of his phone conversation concerning “the meat” Russia sends to the slaughterhouse, knowingly and deliberately,; a way of “cleansing” itself of its losers, its drunks, its already physically and mentally mutilated to go get themselves killed while killing as many Ukrainians as possible. So as to make room for the building of an economy entirely devoted to the installation of a world order of terror.
I get the impression that, as for incest or other tabu topics, the mentioning of it is what is unbearable. As long as we don’t have to to know…
In the first part of L’Ogresse in the series of tales in L’Horloger des Brumes, the woman travels inside a totally enclosed self-guided vehicle allowing her to make the trip without seeing the desolation outside. This is truly the impression I get when – one instance among others – I see the images of the games being played on the beach in Tel Aviv, a mere 70 km (43 miles) away from the ongoing devastation in Gaza. A devastation that will keep on going because there needs to be a “clean-up” for the fabulous hotels that will set a necklace of luxury, calm and voluptuousness along the Mediterranean. While the country’s head prosecutor wishes the Court to remove Minister Ben Gvir from his duties because of his direct – and illegal – instructions to policemen to go on a hunt for the serendipitous “discovery” of firearms in Palestinians’ homes, and the consequences that then follow. And while Netanyahu’s office is under investigation for the falsification of sensitive information or the attempts to erase it so as to clear this man of his responsibility for the entire horrific mess spreading out over the entire region.
But why do all these horrors suddenly become bearable, profitable and entertaining so long as they are scripted, put to music and made into series for general consumption? Smoothed out, with makeup and conditional to knowing, as children, that it’s not “for real”, it’s all like candy and that Evil, the real kind, will never never never touch us.
“Are you, are you, coming to the tree ?”