21 juillet 2024

Rêves : dans le premier rêve, je rêve que je note mon rêve (au réveil, il n’y a rien de noté); ensuite, un prince insiste pour prononcer son discours archi-connu et archi-ennuyeux, ses conseillers tentent de l’en dissuader; tout ce qui me reste du dernier, c’est l’image d’un jeune garçon qui est à la fois vivant et à la fois un mannequin de vitrines en plastique noir. Il tente de se cacher dans un commerce grâce à cette apparence.

En le notant, je pense à l’une des histoires de Daniil Harms, pourtant les histoires que j’ai relues hier soir sont celles de Ursula K. Le Guin*. Non pas pour leur contenu, déjà bien connu, mais pour son traitement du point de vue du narrateur ou de la narratrice.

*Ursula K. Le Guin, The Unreal & the Real, Selected Stories Volume 2 Outer Space, Inner Lands, Gollancz Publishing 2015

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D’accord, cette ville n’est pas celle “aux sept collines”, comme Rome, ou Constantinople (Istanbul) ou Kazan; mais n’importe laquelle des quatre montées qu’il faut emprunter pour atteindre la ville haute est largement suffisante. Surtout qu’il n’y a pas un seul banc public où se poser alors qu’on a l’impression que chaque nuit, quelque entité inconnue s’amuse à augmenter la pente – oh, pas de beaucoup, un degré ou deux, peut-être – et qu’à chaque fois, on y réfléchit bien avant de se rendre à la librairie, ou au salon de thé, ou visiter N, maintenant qu’elle habite en ville.

Mais en arrivant chez elle, je me dis “mais oui ! j’avais visité ce logement avant ma chirurgie et je ne l’avais pas loué en raison de l’escalier très raide et étroit menant aux chambres. C’est là que crèche N, ces jours-ci, avec ses 5 enfants. Je suis venue avec deux livres illustrés pour les jumeaux – la petite fille s’empare de celui sur Chen et son pousse-pousse magique, son frère s’approprie celui sur L’Échelle de Beaufort.N, elle, a des vivres de la Croix-Rouge qu’elle et ses enfants ne consomment pas et que je rapporte pour partager avec mon voisin, qui partage aussi à son tour. Le recyclage à l’oeuvre.

(Soit dit en passant : je n’achète jamais des fruits en conserves; N et ses enfants n’en mangent pas non plus, alors quand le panier ‘Croix-Rouge’ en contient, elle me les donne; je les égoutte, passe au mixeur, puis au congélateur, et que voilà un granité plus qu’acceptable.)

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Pendant ce temps, hors les murs de ma demeure (aux murs en torchis de 2 mètres d’épaisseur et datant de la fin du 18e siècle), les agitateurs s’agitent. En première page de Le Monde (article réservé aux abonnés) on trouve “Le plan du milliardaire Pierre-Edouard Stérin pour “permettre la victoire” de la droite et de l’extrême droite” – ce en quoi il rejoint l’autre, Bolloré, dont le fric gangrène les médias, les maisons d’édition et que sais-je encore. C’est la grande mode chez les archi-trop-riches – la même chose se passe aux Etats-Unis. Apparemment, le fric, il n’y a que ça de vrai pour ces gens. Et ils en sont fiers, ces “premiers de cordée” orchestrant le désastre. Parce que, hein, il y a longtemps déjà qu’ils ont coupé la corde afin de grimper tout à leur aise. Et coupant la corde, ils en oublient le réel; les catastrophes, c’est pour les autres, pensent-ils.

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Donc, à l’intérieur des murs de deux mètres d’épaisseur: avec mes remerciements aux rêves et à la poignée de lecteurs de ce blog, j’ai entrepris une tentative différente des autres versions de L’Horloger des Brumes. Quelque chose qui ressemble un peu au principe de la courtepointe.

Roulements de tonnerre au-dessus de la ville ce matin.Pluie. Rafraichissement général de l’air.

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Post-scriptum, 3 heures plus tard : si je comprends bien le commentaire d’un inconnu ukrainien sur ma page facebook, tout commentaire qui risquerait d’atteindre un “héros” de son pays provient d’un ennemi… Ce qui a beau jeu quand il s’agit de glorifier des nationalistes dont la haine était dirigé sur d’autres, au nom de l’Ukraine. (Si j’ai bien compris, dans le contexte actuel, le “héros” serait Bandera ou quiconque se réclame de lui). Histoire tristement connue de l’oeuf du coucou grandissant au dépens de son hôte. (Mais c’est toujours utile de savoir avec qui on “converse” à l’aveugle sur facebook, et vu les dimension de l’oeuf fasciste ici…)

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Dreams: in the first one, I dreamt I was jotting down my dream (when I woke up, there wasn’t a thing jotted down); then a prince insisted on pronouncing the terribly long and boring speech everyone knew already while his advisors attempted to make him change his mind; all that’s left of the last dream is the image of a young boy who was both a living being and one of the storefront dummies made out of black plastic. He was attempting to hide inside a store thanks to this appearance.

Jotting it down, I think of one of Daniil Harms’ stories, yet the ones I was re-reading last night were by Ursula K; Le Guin.* Not for the content I know full well already, but for the narrators’ points of view.

*Ursula K. Le Guin, The Unreal & the Real, Selected Stories Volume 2 Outer Space, Inner Lands, Gollancz Publishing 2015

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OK, this town is not the one “with seven hills”, like Rome or Constantinople (Istanbul) or Kazan, but any one of the four you must take in order to reach the upper town is more than sufficient. Especially since there is not a single public bench on which to rest while thinking over the impression that every night, some unknown entity amuses itself by increasing the gradient – oh, not by much, a degree or two, maybe – and every time, one gives it a serious thought before going up to the library or the tea house, or for a visit to N, now that she lives in town.

But on reaching her place, I tell myself “but of course ! I visited this place before my surgery and didn’t rent it because of the very steep and narrow stairs leading to the bedrooms. This is where N is living these days with her 5 children. I’ve come visiting with two illustrated books for the twins – the little girl grabs the one about Chen and his magical rickshaw while her brother takes the one about the Beaufort Scale. N, for her part, has goods from the Red Cross she and her children don’t enjoy which I bring home to share with my neighbor, who then shares further with others. Recycling at work.

(By the way: I never buy canned fruit; N and her children don’t eat any either, so when the ‘Red Cross’ parcel contains some, she passes them on to me; I drain them, put them through the mixer and into the freezer for a most acceptable granité.)

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Meanwhile, outside the walls of my home (walls made out of daub and wattle, 2 meters thick and dating back to the end of the 18th century), agitators agitate. Top headline on Le Monde (the full article is reserved to subscribers), we have “Billionnaire Pierre-Edouard Stérin’s plan to “allow the victory” of the right and of the extreme right” – an aim he shares with with the other one, Bolloré, whose cash is introducing the gangrene in the media, the publishing houses and who knows what else. It’s the big fashion with the overly-rich ones – the same thing happening in the United States. Apparently, nothing other than money exists for those people. And they are proud of it, those “lead climbers” leading the disaster. Because, they cut the rope a long time ago, don’t you know, so they would climb to the top unencumbered. And by cutting the rope, they lose track of reality; catastrophes are for other people, not them, they figure.

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So, inside the two-meter walls: with thanks to dreams and to the handful of this blog’s readers, I started a different attempt into the previous versions of The Watchmaker. Something like a quilting approach and I’ll see how far that carries me.

Rolling thunder over the town this morning. Rain. General cooling of the air.

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P.S. three hours later :if I understand correctly the comment from an unknown Ukrainian on my facebook page, any comment that risks sullying a national “hero” is the work of an enemy…Which gives every leeway to glorify nationalists whose hatred is directed against others, in the name of Ukraine.(In this instance, if I understand correctly, said hero would be Bandera or anyone of his ilk.) Terrribly familiar sotry of the cuckoo’s egg growing in the host’s nest and at the latter’s expense. (But it’s always useful to know with whom one is having a blind “conversation” on facebook, and given the size of the fascist egg over here…)

4 comments

    • expression plus riche par rapport à la lecture d’antan, mais utilisée ici dans le sens de ce que Macron décrivait comme étant les “lead climbers” c’est-à-dire les grands industriels qu’il considère comme le nec plus ultra de l’existence…

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  1. Du “premier de cordée” au “ruissellement”, un monde vertical, ou l’entraide et l’entente n’existent pas, et où l’argent est l’ultime unité de mesure… pourquoi cela ne me fait pas rêver ?

    Tous mes encouragements pour le travail de courtepointe sur l’horloger des brumes.

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