C’est un manteau de laine, le mien, dans lequel les mites ont mangé la valeur de deux trous. Dans le rêve, j’examinais les trous de près et j’y voyais de petites larves, très difficiles à saisir. Comment les empêcher de bouffer tout le manteau, tel était le dilemme. (Précédé d’une séquence dans laquelle, prof de français, je devais corriger les textes de Darmanin, notre ministre de l’Intérieur; tâche impossible parce que le petit astucieux avait transformé ses textes en monceaux de perles de sagesse – perles véritables dans le rêve – et trouvait la parade génial.)

Bien. Tout d’abord, au réveil: quiconque par un concours d’événements et de circonstances n’a pas vu son enfant depuis vingt ans appréciera la lueur qui brille à l’horizon d’une visite qui pourrait se produire aux alentours de la mi-juin. Voilà; je suis preneuse de toute lueur de bonne nouvelle dans cette époque plombée.

Et j’écris, oui, les doigts fonctionnent et l’essentiel de la tête aussi. Je parle aussi, autour de moi; comme je n’ai pas de télé, c’est lorsque je rencontre des gens, bien sympas par ailleurs, mais qui ne se rendent pas compte à quel point, ils répètent en boucle ce que la télé leur sert en boucle aussi. Ça me sidère encore; tous et toutes ont accès à l’internet, accès à toute l’information imaginable autre que des inepties servies sur les plateaux télé; hier, je me suis rendue compte que je parlais beaucoup, que je parlais fort aussi, mais quand quelqu’un me dit que, sur la foi du témoignage d’une personne russe mariée à un français, elle sait que la vie n’est pas si pénible en Russie, on nous raconte n’importe quoi, elle a vu des photos de vacances “ils ont de très beaux commerces là-bas”…comment ne pas sentir sa verve s’emballer comme un cheval fou ?

Enfin. Les yeux brûlent, mais ils fonctionnent. La gorge arrache mais j’aime bien le thé très chaud. Et dans les nouvelles pourries à souhait, cette déclaration de la Première Ministre du Danemark annonçant que le pays fait don de toute son artillerie à l’Ukraine et invitant les autres pays à faire don immédiatement de tout ce dont ils n’ont pas un besoin immédiat. Oui, si Trump ou l’un de ses équivalents triomphe aux Etats-Unis, l’Europe devra se débrouiller seule. Je ne comprends pas ceux et celles qui n’y entendent pas dans ça le clairon du réveil.

Au marché hier, j’ai partagé un banc brièvement avec une Ukrainienne qui parlait sur son téléphone – un mélange de russe et d’ukrainien dans lequel revenait en leit-motiv le mot Davaï.

Davaï, en effet.

*

It’s a woolen coat, my own, in which moths have eaten enough to make two holes for the time being. In the dream, I was examining the holes closely, and could see the tiny larvae, very hard to grab. How to keep them from eating up the entire coat, such was the dilemma. (Preceded by a sequence in which, as a French teacher, I was to correct the texts of Darmanin – our Minister of the Interior; an impossible task since the clever little cookie had transformed his texts into heaps of pearls of wisdom – real pearls in the dream – and considered his scam the work of a genius.)

Fine. But first, upon waking: whoever through a combination of events and circumstances has not seen her child for twenty years will appreciate the glimmer on the horizon indicating a possible visit around mid-June. Voilà; I’m happy with any and every glimmer of good news in these leaden times.

And I write, yes, the fingers work and most of the head does too. I talk also, around me; as I don’t own a TV, this occurs when I meet people, most copacetic indeed, but who don’t realize the extent to which they keep repeating what they are served up repeatedly on the screen; I’m still flabbergasted; every one of them has access to internet, access to every source of information imaginable other than the nonsense served up in the studios; yesterday, I noticed that I talked a lot, that I was talking very loudly also, but when someone tells you that, based on the testimony of a Russian woman who married a Frenchman, she knows that life isn’t so bad in Russia, she saw some holiday photos “they have some very fine shops over there”…how can one avoid having one’s words take off like a wild horse ?

Anyway. The eyes burn, but they work. The throat feels like it’s ripped open but I really like my tea very hot. And in the news as rotten as ever, this declaration by the Danish Prime Minister, announcing that her country is donating all of its artillery to Ukraine et inviting other countries to hand over immediately everything they don’t have an immediate need of. Yes, if Trump or one of his equivalents triumphs in the States, Europe will have to manage alone. I don’t understand those who don’t hear a bugle call in this.

At the market yesterday, I briefly shared a bench with a Ukrainian woman talking on the phone – a mix of Russian and Ukrainian in which as a leit-motif the word Davaï kept showing up.

Davaï, yes indeed.