18 novembre 2023

Non mais, je rêve là, ou quoi ? Annonce enthousiaste sur facebook : la ville vient d’ouvrir un site internet pour “célébrer toute la magie de Noël”… Apparemment, une fois traversé le pont à la balustrade béante, sans s’être foulé une cheville sur les trottoirs défoncés et en évitant les immeubles en voie de s’écrouler, on pourra se délecter d’éclairages “magiques” et de je-ne-sais-quoi d’autre.

Pitoyable à ne plus savoir qu’en dire.

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Pendant ce temps dans le vrai monde, et aussi prévisible que l’horloge de l’apocalypse, Israël avertit les Palestiniens entassés dans le Sud de Gaza “d’évacuer Khan Younis”. Le Hamas, aussi prévisible que ladite horloge, se serait déplacé au Sud à travers son réseau de tunnels. Et donc, encore plus de tueries de civils en perspective, encore plus de chaos, avec des protestations des extrémistes qui contrôlent la Knesset que Netanyahou se montre trop mou.

Un cauchemar se déroulant en temps réel. Poutine versant des larmes de crocodile sur les Palestiniens pendant qu’il bombarde les Ukrainiens qui lui ont fait l’injure de ne pas vouloir de son empire de merde.

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En 1982, les deux personnages principaux de Ovda ’80 ont 32 et 29 ans. J’essaie de les imaginer aujourd’hui, à 73 et 71 ans. Comment vivraient-ils les événements ?

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J’ai lu, pensé à traduire, puis laissé tomber, un article dans The New York Times par David French, écrit en se fondant sur son expérience en tant que membre du Corps du juge-avocat général dans l’armée américaine. En Irak, il a participé à un raid dans un hôpital, à la recherche du terroriste dirigeant une vague terrifiante d’attentats-suicides dans le secteur de Diyala. Et qui examine les événements se déroulant à Gaza à partir de cette perspective.

Puis je me suis dit que je me fatiguerais pour rien. Personne ne lirait ce texte ou, pire encore, n’en comprendrait le sens. Pourquoi? Parce que la plupart des gens que je “rencontre” sur facebook font partie de l’une de deux catégories : soit les analystes qui pontifient beaucoup entre eux; soit les hyper-sensibles dont le cas le plus extrême est celui qui prétend qu’il ne peut plus supporter les humains, et que seuls les animaux font preuve d’humanité. Ce qui est tout de même un peu raide pour tous ceux qui se précipitent pour lui dire à quel point ils le comprennent. (Je n’en fais pas partie, parce que c’est justement ça que j’écrirais: “Vraiment pas sympa pour ceux qui te lisent et te soutiennent, mon pote.”)

Au fond, la véritable ligne de démarcation se trouve peut-être entre ceux et celles qui n’ont jamais fait l’expérience d’une situation où leur survie était à risque, et encore moins d’une zone de guerre; et les autres qui ont connu pareille expérience, d’une façon ou d’une autre, même derrière la façade de vies bien rangées. Pour ces derniers, le monde ne pourra jamais plus être autre chose que de multiples teintes de gris, entre le noir intégral et un blanc inatteignable. Les règles régissant la guerre sont comme un concept fragile qui est constamment renversé avant de prendre solidement racine.

C’est la seule explication que je trouve à tous ces gens qui applaudissent “bravo ! bravo !” à l’annonce d’un site internet de la mairie locale, dédiée à la “magie de Noël”.

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Quant à l’antisémitisme d’Elon Musk et les grandes marques qui prennent un recul prudent en faisant la pause publicitaire – parce que ça manque de classe, quand même, d’annoncer son smartphone à côté d’un texte haineux – la Maison Blanche a dénoncé son soutien à l’antisémitisme et son racisme “blanc” comme odieux. C’est vrai. Et…quoi ? Il peut continuer, sans souci, au nom de la “liberté d’expression” ?

S’il est une chose qui démontre l’erreur de cette supposée “liberté”, on se trouve ici vraiment devant un cas d’école. “Que des mots”, vous savez. Alors que tout le monde sait où “que des mots” ont conduit à travers les âges.

Et c’est parti pour le 18 novembre 2023.

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Am I dreaming, or what? Enthusiastic announcement on facebook : the town has just opened a website to “celebrate all the magic of Christmas”… Apparently, once you’ve crossed the bridge with the gaping railing, managed to avoid spraining an ankle on the busted sidewalks and avoided a building at imminent collapse, you can go delight in “magical” lighting and who knows what else.

Pitiful beyond words.

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Meanwhile, in the real world and as predictably as the doomsday clock, Israel is warning Palestinians crammed into Southern Gaza to “evacuate Khan Younis”. Hamas, as predictably as said clock would now have moved through the tunnels to the South. How surprising. And so, more killings of civilians, more total chaos with cries from the extremists controlling the Knesset that Netanyahu is being too soft.

An nightmare unfolding in real time.Putin shedding crocodile tears over Palestinians while bombing the Ukrainiens who insulted him by refusing to be part of his shitty empire.

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In 1982, the main characters in Ovda ’80 are 32 and 29. I try to imagine them today, at 73 and 71. How would they react to the events?

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I read, thought of translating, then decided not to, an article in The New York Times by David French, based on his experience as a JAG (Judge Advocate General’s Corps) in the US Army. While in Irak, he participated in a raid on a hospital, searching for the terrorist heading a terrifying wave of suicide attacks in the Diyala sector. And he examines events in Gaza from that perspective.

Then I told myself it would be a waste of time. No one would read this text or, even worse, would understand the meaning. Why? Because most of the people I encounter on facebook fall into one of two categories: either analysts who pontificate a lot among themselves; or the hyper-sensitive, the most extreme cas among these being the one who claims he can no longer stand the human race and that only animals show any humanity. Which is a bit rough for all those who rush over to tell him how much they understand him. (I’m not one of them, because that’s precisely what I would write: “Really not cool for those who read you and support you, buddy.”)

Basically, the dividing line may be between those who have never experienced a life threatening situation, let alone a war zone, and those who have, even behind the façade of well-ordered lives. For the latter, the world can no longer ever be other than complicated shades of grey between a total black and an unattainable white. The rules of war are like a fragile construct that keeps getting knocked over before taking root solidly.

This is the only explanation I find to all these people applauding “bravo ! bravo !” to the news of the local City Council opening a website dedicated to the “magic of Christmas”.

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As for Elon Musk’s anti-semitism and some major brands taking a cautious step back in their advertising – because it really isn’t classy after all, having your smartphone ad next to hate speech – the White House has lambasted as “abhorrent” his support for antisemitism and “white” racism. True enough. Then what? He can carry on, no problem, in the name of “freedom of expression” ?

If anything demonstrates the fallacy behind this supposed “freedom”, this has got to be a casebook example. “Only words”, you know. When everyone knows where “only words” have led throughout the ages.

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And it’s off to November 18 2023.

3 comments

  1. La soit disant «  magie de Nôel ».échappatoire public, d’administrations qui ont perdu le sens de leurs responsabilités, n’ont pas l’imaginaire pour régler les problèmes réels et un peuple qui, partout,recherche «  du pain et des jeux ». On me dit qu’aux EU, la période entre leur Action de Grâces et Nôel est la plus fréquentée et lucrative pour les shows dits de nôel. Contes de fées pour grands et petits.

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  2. La soit disant «  magie de Nôel ».échappatoire public, d’administrations qui ont perdu le sens de leurs responsabilités, n’ont pas l’imaginaire pour régler les problèmes réels et un peuple qui, partout,recherche «  du pain et des jeux ». On me dit qu’aux EU, la période entre leur Action de Grâces et Nôel est la plus fréquentée et lucrative pour les shows dits de nôel. Contes de fées pour grands et petits.

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    • C’est tout à fait ça. Et comme dit l’un des personnages dans le récit que j’écris : “Ma la’assot?” (Qu’y faire ?) Salutations from over here to over there.

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