13 octobre 2023

(illustration: ce qui se trouve le plus près de mes yeux/What is closest to my eyes)

Cauchemars sur cauchemars pendant la nuit; réveil sur les cauchemars se déroulant dans la réalité. Impossible de trouver l’énergie pour me précipiter à Toulouse ce matin; je prendrai le bus de 13h avec retour à 15h45, pour récupérer mes 20 autres copies de Contes d’Exil.

Tous les jours, wordpress propose un thème pour celles et ceux qui seraient en panne d’inspiration. Hier, la question proposée était la suivante: “Que tenteriez-vous si vous étiez certain de ne pas échouer ?” J’ai relu à plusieurs reprises, tant l’énoncé me paraîssait …comment dire…débile ? C’est quoi ce truc ? Le cahier du maître avec les solutions des équations à la fin ? Vu le contexte général, c’est une invitation à se maintenir dans le hors-sol.

Je ne vois que mon commentaire sous la chronique du jour d’André Markowicz comme résumé de ce que je ressens ce matin :

L’autre victime “collatérale” de ces horreurs : la notion même que la guerre se fasse selon des “règles” et la notion qui l’accompagne, de “crimes de guerre” qui recevraient punition. De plus en plus, ce sont les civils les cibles principales, et non plus “collatérales” justement, les civils et toute infrastructure permettant leur survie. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est là l’héritage empoisonné de l’Holocauste et de tous les génocides qui ont ponctué le 20e siècle pour ensuite se fondre dans les mémoires, seuls leurs survivants et quelques entêtés d’histoire en portant les stigmates, pendant que tout autour d’eux, on se pressait d’ignorer les spectres, pour mieux vanter l’attitude “Don’t worry, be happy”. Et voilà où nous en sommes maintenant. L’obligation faite à la population palestinienne d’aller s’entasser dans un ghetto à l’intérieur du ghetto (c’est bien de cela qu’il s’agit), sa présentation comme une mesure “humanitaire” avant l’assaut, l’attitude plus qu’ambigüe des leaders du monde dit arabe, chacun avec ses propres alliances…que dire d’autre que les hommes sont tombés sur la tête, et leurs dieux avec eux. Cauchemars sans nom, se déroulant présentement, et à venir. Merci de nommer les choses par leurs noms, c’est à peu près la seule “arme” qui reste quand, pour reprendre les mots de Walter Benjamin, cité par l’historien Patrick Boucheron: “La catastrophe n’est pas le surgissement de l’inattendu mais la continuation du pire, dès lors que personne ne trouve le moyen d’y contrevenir.”

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Pendant qu’aux Etats-Unis, paralysie et déliquescence gagne du terrain lorsque l’un des deux candidats Republican au rôle essentiel de “speaker” du Congrès américain se retire de la course, ouvrant la voie à un allié de Trump, Jim Jordan…tout aussi contesté que lui. Les affaires de l’Etat demeurant en suspens de par ce fait. Non, ça n’est pas Weimar, exactement, juste une autre variation qui se joue dans le chaos grandissant.

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Nightmare upon nightmare during the night, awaking on the nightmares playing out in reality. Couldn’t find the energy to rush to Toulouse this morning, I’ll take the 1PM bus with return at 3:45 to recuperate my 20 other copies of Tales of Exile.

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Every day, wordpress suggests a theme for those finding no inspiration. Yesterday, the question suggested was the following: “What would you attempt if you were certain you wouldn’t fail?” I read it over several times, seeing how the wording struck me as…how shall I say…stupid ? What. is this? The teacher’s manual with the solutions to the equations at the end? In view of the overall context, it’s an invitation to remain suspended above reality.

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I don’t see anything other than my comment under d’André Markowicz’ column to summarize how I feel this morning:

The other “collateral” victim to these horrors: the very notion that war is carried out according to “rules” and the accompanying notion of “war crimes” receiving punishment. More and more, civilians are the main targets, and no longer “collateral” ones, civilians and any infrastructure allowing them to survive. I can’t help thinking that this is the poisoned inheritance of the Holocaust and of all the genocides that have marked the 20th century to then melt away in the memories, with only their survivors and a few stubborn history buffs bearing the scars, while all around them, people were instructed to ignore the ghosts the better to praise the attitude of “Don’t worry, be happy”. And this is where we now find ourselves. The obligation for the Palestinian population to go cram itself into a ghetto inside the ghetto (that is truly what it amounts to), its presentation as a “humanitarian” gesture prior to the assault, the more than ambiguous attitude of leaders in the so-called Arab world, each with his own alliances…what else can I say other than men have landed on their heads, and their gods along with them. Nameless nightmares, ongoing now, and still to come. Thank you for naming things by their proper names, this may be the only “weapon” we still have when, in Walter Benjamin’s words, quoted by historian Patrick Boucheron: “The catastrophe is not the emergence of the unexpected but the continuation of the worst, from the moment no one finds the means to break with it.”

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While in the States, paralysis and creeping rot gain ground as one of the two Republican candidates for the essential Speaker position of the American Congress pulls out of the race, opening the road to a Trump ally, Jim Jordan…who is as contested as he was. Matters of State remaining suspended by this very fact. No, this is not Weimar, exactly, just another variation thrown up by the chaos gaining ground.

2 comments

    • Je rentre à l’instant de Toulouse pour apprendre qu’un professeur d’histoire a été assassiné, le proviseur adjoint et un autre professeur grièvement blessés dans un lycée d’Arras (Pas-de-Calais) par un jeune homme d’origine tchétchène qui était “sous surveillance” de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure). Le jeune homme aurait été maîtrisé et interpellé par la police. Raison garder, , c’est ça le plus important, et le plus difficile.

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