Mis à part trois textes inintéressants produits dans un atelier d’écriture récemment, je n’ai rien écrit de personnel depuis plus de deux mois. La guerre en Ukraine retient toute mon attention, c’est vrai ; au regard des enjeux, mes personnages et leurs histoires ont perdu tout intérêt. C’est une sensation étrange; pendant des années, ne pas écrire pendant deux jours me faisait l’effet de tomber dans un gouffre. Maintenant: je crois que tous mes personnages ressentent le même désarroi que le mien à la vue d’événements politiques re-dessinant le monde qui nous entoure, dans un mélange bizarre de tentatives de jouer à tout-est-normal, avec des informations constantes concernant les désorganisations dramatiques à tous les niveaux de la chaîne du vivant.

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Ce matin, dans les commentaires à la chronique d’André Markowicz, une femme écrivait comme si, pour elle, la partie était jouée et l’humanité éliminée de la suite de l’histoire. C’est sans doute une attitude plus confortable que de se dire qu’il y a une rude bataille à soutenir pour qu’il n’en soit pas ainsi.

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Ecrire. Une amie plus persistante que moi (plus jeune de vingt ans, aussi) me raconte ses plus récents déboires avec un éditeur…tout en insistant pour que j’envoie certains de mes textes à droite et à gauche. Je n’en ai pas même l’ombre d’une envie.

De toute évidence, le besoin d’écrire et le désir d’être lue sont deux choses bien distinctes.Bien qu’elles soient minces, les chances que j’écrive à nouveau sont plus élevées que celles de me voir envoyer quoi que ce soit à un éditeur ou à un agent, et chaque fois que je vois encore une autre offre de cours en-ligne sur Comment Écrire un Roman Littéraire (c’est-à-dire avec des phrases complexes), un Romance (Ils se virent, s’affrontèrent puis s’Aimèrent Éternellement), un Polar (Beaucoup beaucoup de morts sanglantes, revirement final essentiel), un roman Jeune Adulte (les mêmes avec des phrases plus simples et des personnages plus jeunes), ou tout autre ‘format’ ou ‘genre’ que ce soit, je sais que rien de tout cela n’appartient à ce qu’écrire a toujours voulu dire pour moi…ou aux auteurs que je prends plaisir à lire.

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Écrire à nouveau ? Peut-être. Pour dire quoi ? Je n’en ai pas la moindre idée.

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Except for three uninteresting texts produced at a recent writing workshop, I have not written anything personal in over two months. The war in Ukraine is holding all my attention, true, seeing what is at stake, my characters and their stories have lost all interest. The sensation is odd: for years, the fact of not writing for two days felt like an abyss. Now: I think all my characters are as dismayed as I am by how political events are re-shaping the world around us in a strange mix of attempts at business-as-usual with constant news of dramatic disruptions at every level of the chain of life.

This morning, in the comments to André Markowicz’ column, a woman wrote as if, for her, the game was over and humanity had already been eliminated from the rest of the story. This is undoubtedly a more comfortable attitude than telling yourself there’s a harsh battle to fight so that it will not be so.

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Writing. A friend who is more persistent than I am (and twenty years younger, also) relates her latest troubles with a publisher …while insisting that I should send some of my writings here and there. I do not experience even a whiff of a desire to do so.

Clearly, the need to write and the wish to be read are two entirely separate things. Although slim, the chances I will write again are much greater than the chances of my sending off anything whatsoever to a publisher or an agent, and every time I see yet another on-line course offering to teach How to Write a Literary Novel (meaning with complex sentences), a Romance (They Met, They Fought, They Fell in Love Forever), a Who-done-it (Deaths many many, the bloodier the better with an essential final reversal), a Young Adult (Same with simpler sentences and younger protagonists), or any other ‘format’ or ‘genre’ whatsoever, I know none of that belongs to what writing has always meant to me…or to the authors I enjoy reading.

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Writing again? Perhaps? To say what? I don’t have the foggiest idea.