Rapport sur la menace nucléaire / Report on the nuclear threat

Une fois n’est pas coutume, et j’ai beau savoir que ‘mes’ lecteurs sont très peu nombreux, le rapport publié sous le nom de Hanah Gauer sur facebook me paraît à ce point crucial que je le republie ici in extenso, avec traduction personnelle en anglais. Quelqu’un l’autre jour, décrivant les efforts conjugués de la propagande et de la presse mainstream a utilisé l’expression d’anesthésie des consciences. C’est bien de cela qu’il s’agit. Le clairon du réveil tarde à sonner.

(Aux avertissements d’Hanah Gauer, j’ajouterais qu’au cours des années, la Russie a connu de multiples accidents nucléaires. Vu les étendues immenses du pays, les zones irradiées sont devenues interdites d’accès, tout simplement. Advenant une dérive de vents chargés de radioactivité vers l’est, il serait illusoire de s’imaginer que Poutine et sa clique en seront le moindrement émus ou affectés. Le tout sera la faute de l’Occident…)

Once does not a custom make, and even if “my” readership is small, the report published under the name of Hanah Gauer on facebook strikes me as so crucial that I’m republishing it here in full, with my personal translation in English. The other day, someone, in describing the combined efforts of propaganda and of mainstream media, used the expression of “anesthesizing consciences”. That is truly what it amounts to. The wake-up call is far overdue.

(To Hanah Gauer’s warnings, I would add that, over the years, Russia has experienced multiple nuclear accidents. Given the immensity of the country’s territory, the irradiated zones were declared off-limits, simply. Should radioactive winds drift toward the East, it would be illusory to imagine that Putin and his gang would be moved or affected in any way. It will all be the Western powers’ fault…)

(The English follows the French)

Texte de Hanah Gauer, facebook le 12 septembre 2022

L’arme terroriste, l’arme d’un pays pauvre et des paumés. Et l’arme de Poutine. 

Les Russes ont bombardé des infrastructures ukrainiennes massivement en visant des centrales électriques.

135 municipalités sont totalement privées d’électricité.

Les infrastructures stratégiques ont également été touchées à Kharkiv, où il y a des problèmes non seulement d’électricité, mais aussi d’approvisionnement en eau. De nombreux trains ne circulent pas non plus.

On peut dire que la riposte de ce type n’est pas une surprise. 

“Les Russes ont frappé l’infrastructure énergétique. Ils ne peuvent pas accepter la défaite sur le champ de bataille ».

Mais l’arme la plus dangereuse reste la Centrale de Zaporozhye.

Je vais enfin faire cette synthèse promise un peu particulière à partir de 8 témoignages détaillés des employés interrogés sous couvert d’anonymat par Denik N le 5 septembre, juste après la visite des contrôleurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). J’ai été assez secouée par leurs récits. 

Les personnes exercent différents métiers comme agent de sécurité, responsable de la production, ingénieur ou encore responsable des prélèvements d’échantillons. Je ne connais pas ces métiers, mais il a donc huit métiers différents dans l’interview et huit expériences personnelles.

Ce qui est certain que cela donne une vision d’intérieur que nous ne trouvons pas dans la presse ailleurs, qui reproduit des messages officiels, les plus rassurants possibles.

La vision des personnes travaillant dans la centrale n’est pas la garantie de l’objectivité, mais nombreuses données se recoupent.

1. Commençons par leur quotidien.

– La vie dans la ville Energodar sous l’occupation est décrite comme un retour en 1980. Les Russes permettent aux habitants de trouver de la farine, du lait, du pain, du sarrazin dans quelques endroits seulement à des prix sept fois supérieurs que d’habitude, souvent avec des dates périmées.

-La situation s’est aggravée depuis juin, jusqu’à devenir invivable, souvent il n’y a pas d’eau ou de l’électricité. De plus la ville est bombardée de la centrale régulièrement.

– Les portables sont interdits, tout appareil faisant des images dans la centrale. Le réseau Internet en ville est russe donc verrouillé et souvent il ne marche pas.

Quelques verbatims :

« Au début de l’été, les soldats ont commencé à braquer les ouvriers, à saccager leurs appartements, à les torturer et à faire avec eux des vidéos provocantes à la manière de “nous aimons la Russie”.

 Ils ont commencé à emprisonner des gens et à les emmener dans des endroits inconnus, à les battre et même à leur tirer dessus. Nous avons commencé à avoir peur.

Vous pouvez facilement aller en prison, si vous parlez ukrainien dans la rue. »

« Chaque jour, les médias russes tournent de nouvelles vidéos de propagande pour leurs télévisions. Ils disent avoir trouvé une bombe dans la salle des machines de la centrale nucléaire et une réserve d’armes dans l’appartement d’un ouvrier de la centrale. »

« L’armée russe répète souvent – “nous allons tous vous faire exploser, nous avons tout miné ici”. Je ne sais pas s’ils nous intimident vraiment ou s’ils ont miné les blocs. »

2. L’angoisse au travail :

-Dans la centrale, il suffit de ne pas regarder les agents russes (FSB ou militaires) en face, ne pas répondre comme il se doit pour être envoyé au sous-sol pour une séance de rééducation.

« J’ai vu à plusieurs reprises comment nos employés ne voulaient pas regarder les occupants dans les yeux lors de la vérification des documents et étaient immédiatement emmenés dans les caves “pour la rééducation”.

Certains sont revenus avec des marques de brûlures et des coups sur le corps. Certains ne sont pas encore revenus. Et je ne sais pas s’ils sont vivants. »

« Environ 20 pièces d’équipement militaire sont situées sur le site de l’usine. Depuis le périmètre, qui est plus proche de l’eau, l’armée russe bombarde notre ville et les environs. »

« La dernière tranche nucléaire a été arrêtée pendant mon quart de travail. Pour la deuxième fois en une semaine. Pendant quarante ans, il a fonctionné sans à-coups et sans interruption. Jusqu’à l’arrivée de l’armée russe. Maintenant, il y a que des cataclysmes et des événements imprévus. »

« Ces soldats ne comprennent pas du tout les spécificités de notre travail. C’est de plus en plus effrayant chaque jour. J’aimerais démissionner, mais je ne peux pas quitter mon emploi.  Qui travaillera et prélèvera des échantillons à mon départ, je suis restée seule dans mon service. »

« L’énergie nucléaire n’est pas une bouilloire que vous pouvez débrancher, puis verrouiller la porte et partir. Même lorsqu’il n’est pas en fonctionnement, le réacteur émet des fumées actives dont le niveau doit être contrôlé régulièrement. »

« Les représentants de la société Rosatom nous ont eux-mêmes admis qu’ils ne connaissaient pas un tel type d’appareil nucléaire. Il est plus technologique, nouveau, amélioré, européen et américain.

Par conséquent, ils n’ont pas beaucoup interféré avec notre travail. Ils ne font que nous surveiller. »

« Les militaires capturent des gens partout, les emmènent dans des endroits inconnus. Certains sont retrouvés par des proches et libérés contre d’énormes rançons. Certains ont disparu.

Les plus stressants sont les mensonges absolus, la pression psychologique. Humiliation de la dignité humaine nationale et globale. « 

3. Accident.

Le 25 août, un événement sans précédent dans l’histoire du monde a eu lieu. L’ensemble de l’énorme installation nucléaire a perdu de l’électricité.

La façon dont l’événement est décrit dans la presse française :

« Au cours de la journée du jeudi 25 août, la centrale contrôlée par les forces russes, à être “totalement déconnecté” du réseau national ukrainien. Une première depuis la mise en service du complexe industriel, il y a près de quarante ans, qui a fait craindre un accident dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe.

 L’installation a finalement été raccordée ce vendredi, après des vérifications pour s’assurer que les systèmes de sécurité du site fonctionnaient normalement. « 

Ce que racontent des personnes est un peu plus effrayant :

« L’arrêt des blocages ne pouvait durer plus de trois heures. Sinon, nous ne serions pas en mesure de gérer.

Tous les professionnels, spécialistes et ouvriers restés dans la ville ont été appelés en urgence en dehors des heures de travail pour sauver la centrale. La Garde nationale russe, cependant, ne leur a pas permis d’entrer dans la centrale. 

Elle a crié qu’elle allait tirer. Et puis un homme a crié : « Je m’en fous, tu peux tirer, je dois sauver des gens. » Et il a marché droit vers la mitrailleuse. Les occupants n’ont pas osé tirer devant une foule de témoins. Et puis nous l’avons tous suivi.

Peu de gens comprennent ce que les scientifiques nucléaires ont accompli ce jour-là. »

4. La Centrale est devenue une base militaire russe :

Trois jours avant l’arrivée de la mission, la ville d’Energhodar a été soumise à un bombardement massif par l’armée de la Fédération de Russie, mais l’alerte aérienne a été désactivée dans la ville.

« Les Russes tirent de la Centrale sur les zones résidentielles, maisons, voitures, mairie, jardins d’enfants, écoles, centre culturel, école de musique, hôpital, commerces. Tous ces bâtiments sont endommagés. Il y a eu des blessés et des blessés… »

5. La mission de l’AIEA a été accompagnée de la Garde russe, et de Rosatom se présentant en tant que spécialiste.

«  De notre équipement ! Je ne comprends pas comment cela a pu arriver. Pourquoi Rafael Grossi (chef de l’AIEA) n’a-t-il pas exigé de vrais experts nucléaires ? Aucun des vrais employés de la centrale électrique n’a été autorisé à rejoindre la mission. Pas un seul! « 

6. Ce que j’en retiens :

·  La centrale électrique est occupée par la Russie qui ne dispose pas d’experts capables de faire fonctionner des équipements plus avancés que les leurs.

·  Les employés parlent de l’ignorance russe de la réglementation, de la prise de risque dans la centrale nucléaire et des menaces pour la sécurité européenne.

·  Les conditions d’une erreur humaine sont réunies et on utilise parfois les moyens de fonctionnement de dernier secours.

·  L’exploitation est officiellement et juridiquement ukrainienne, les employés sont toujours sous contrat ukrainien et payés en monnaie ukrainienne. Il est facile de créer un accident et de le mettre sur le dos de l’Ukraine.

7. La suite des événements :

–   Le 7 septembre, l’AIEA a mis en ligne son premier rapport de mission à la centrale nucléaire rappelant que les 7 piliers de la sureté ont été violés, le rapport mentionne des dommages liés aux bombardements, mais il ne se passe rien d’extraordinaire.

–    Le 9 septembre 2022, le DG de l’AIEA alerte que la ville d’Enerhodar, où loge le personnel de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, n’a plus de courant et que la situation y est devenue intenable. La fatigue du personnel rend la situation très dangereuse. 

OK…ce n’est pas nouveau. Et donc ?

8. Ce qu’il faut redire :

– Quand le réacteur est arrêté et l’électricité coupée, la centrale n’est plus refroidie qu’avec les diesels de secours. S’ils manquent de carburant (les stocks étaient initialement prévu pour 7 jours) ou s’ils tombent tous en panne, il n’y a plus de solution d’ultime secours. La situation de la centrale nucléaire est donc de plus en plus précaire.

– Le 11 septembre 2022 à 3h41, le dernier réacteur n°6 a été mis à l’arrêt, (voir aussi le communiqué de l’Autorité de régulation). Cela faisait trois jours qu’il était en situation dite « d’îlotage” avec une puissance réduite (114 à 140 MW) pour alimenter les seuls besoins de la centrale. Donc le refroidissement. 

 -Lorsqu’une ligne électrique a pu être rétablie, afin d’assurer les besoins électriques, il n’était plus nécessaire de maintenir le réacteur n°6 dans cet état. L’électricité et l’eau courantes ont été rétablies à Enerhodar.

La situation reste précaire et en cas de nouvelle coupure de la ligne, il faudra activer les générateurs diesels de secours. L’exploitant dit faire son possible pour accroître ses réserves de carburant.

9. Vous avez sans doute compris comme moi grâce à ce communiqué laconique que le refroidissement des réacteurs doit continuer étant alimenté avec l’électricité qui est produite ailleurs. Le dernier filet de sécurité sont des générateurs de secours à fioul.

Alors en visant aujourd’hui massivement des installations électriques en Ukraine, si la centrale perd encore l’électricité qu’elle ne produit plus…c’est une situation gravissime.

C’est la vraie bombe de Poutine. Il n’a plus besoin de viser la centrale. Il suffit de faire le nécessaire pour bloquer l’approvisionnement énergétique de refroidissement.

La Russie est un état terroriste et je n’ai plus aucun doute sur la question.

Si la population russe exprime aujourd’hui sur les réseaux sociaux un grand désarroi face à l’offensive ukrainienne, ce n’est pas qu’elle regrette le génocide et la destruction économique de l’Ukraine. C’est qu’elle se sent humiliée.

Elle ne réclame pas moins de guerre, mais plus de guerre.

Je ne veux pas gâcher la joie de ceux qui savourent la victoire dans la région de Kherson et la retraite russe, mais il faut être conscient que tant que la centrale est sous contrôle russe et la Russie balance des missiles de longue portée impunément partout, rien n’est terminé.

 Le départ même de Poutine ne changerait pas la situation, car ceux qui crient le plus et peuvent prendre le pouvoir par la force sont capables d’un geste de folie tout aussi idiot.

Les missiles de longue portée comme bien plus de protection anti-missiles n’est pas une lubie ukrainienne, mais sans doute le seul moyen de gérer cette bande d’impérialistes paranoïaques et frustrés à Moscou.

Ceux qui crient forts sont les premiers à reculer, s’ils se prennent un coup dans le nez.

Il ne faut pas confondre la frustration et les postures d’intention avec le courage.

Sortir les Russes de cette centrale et assurer l’arrivée de l’électricité devrait être la priorité de tous les gouvernements en ce moment. 

J’ai du mal à comprendre cette approche technocratique du plus grand risque nucléaire en Europe depuis Tchernobyl.

Les vents porteurs vont souvent vers l’est, mais pas systématiquement non plus.

Ce sujet devrait faire la une de tous les média et de tous les pays (désolée pour la Reine d’Angleterre).

*

English translation of Hanah Gauer’s text of September 12 2022 on facebook:

The terrorist weapon, the weapon of poor countries and of misfits. And Putin’s weapon.   

The Russian have massively bombed Ukrainian infrastructures targeting electrical power plants.  

135 townships are totally without electricity.  

Strategic infrastructures have also been hit in Kharkiv,where there are problems, not only with electricity, but with water supplies. Also, sevral trains can no longer circulate.   

One can say that this type of response is no surprise.   

« The Russians have hit the energy infrastructure. They cannot accept defeat on the battlefield. »   

But the most dangerous weapon remains the Zaporizhzhia nuclear power plant.  

I will finally provide the promised synthesis in a slightly peculiar way, using the 8 detailed testimonials provided by staff questioned anonymously by Denik N on September 5, immediately following the visit of controllers from the International Nuclear Energency Agency (INEA). I was rather upset by their narratives.  

The individuals exercise various professions as security guards, production personnel, engineers or as persons responsible for collecting samples. I do not know these professions but there are 8 different professions represented in this interview and 8 different personal experiences.  

What is certain is that it provided a view on the interior that we do not find elsewhere in the media that only reproduce official messages, as reassuring as possible.  

The vision of persons working in the plant is not guaranteed to be objective, but several elements overlap.

1. Let’s begin with their daily routine

– Life in the town of Energodar under occupation is described as being a move back to the 1980s. The Russians allow the residents access to flour, milk, bread, buckwheat in a few stops only , at seven times the usual cost and often past their pre-emption dates.  

-The situation has become aggravated since June, to the point of becoming unlivable, often with no water or electricity. Moreover, the town is regularly bombarded from the plant.  

– Personal phones are forbidden as well as any equipment providing images of the plant. The internet network in the town is the Russian one, often shut down and often defective.  

A few of the verbatims :

« In the early summer, the soldiers started holding the workers at gunpoint, ransacking their apartments, torturing them and filming provocative videaos with them in the « we love Russia » mode.  

They began imprisoning people and carrying them off to unknown places, beating them and even shooting at them. We started to be frightened.  

You can easily go to jail if you speak Ukrainian on the street. »  

« Every day, the Russian media runs new propaganda videos for their TV stations. They say they found a bomb in the machine room at the nuclear plant and a cache of weapons in the apartment of one of the workers at the plant. »  

« The Russian army often repeats – ’we will blow up all of you, we have placed landmines everywhere. » I don’t know if this is only intimidation or if they have really mined the buildings. »  

2. Anxiety at work:  

-In the plant, all it takes is avoiding to look squarely at the Russian agents (FSB or military), not answering as you should, to be sent to the basement for a re-education session.  

« On a number of occasion, I saw how our staff did not want to look the occupants in the eye during document checks and were immediately taken to the basement « for re-education ».  

Some of them came back with burn marks and traces of beatings on their body. Some haven’t come back yet. And I don’t know if they are still alive. »  

« Approximately 20 pieces of military equipment are located onsite at the plant. From the perimeter, closer to the river, the Russian army bombs our town and the surroundings. »   

« The final nuclear tranche was stopped during my work shift. For the second time in one week. For forty years, the plant has run without stoppages, without interruptions. Until the arrival of the Russian army. Now, there are nothing but cataclysms and unexpected events. »  

« These soldiers do not understand all the specificities of our work. It gets more frightening every day. I would like to quit but I can’t leave my job. Who will work and gather the samples after I leave, I’m the only one left in my unit. »  

« Nuclear energy is not a kettle you can switch off, then lock the door and leave. Even when it is not functioning, the reactor emits active fumes, the level of which must be controlled on a regular basis. »  

« The represenatatives from Rosatom themselves admitted to us they did not know this type of nuclear apparatus. It is more technologically advanced, more recent, improved, European and American. Consequently, they have not interfered much with our work. All they do is keep us under surveillance. » 

« The military captured people everywhere, they take them to unknown places. Some are found by their kin and liberated against huge ransoms. Some have disappeared. The most stressful are the absolute lies, the psychological pressure.    Humiliation of national and global human dignity.   

3. Accident.

On August 25th, an event unprecedented in world history occurred. The entiretey of the enormous nuclear installation lost electrical power.   

This is how the event was described in the French media:  

«On Thursday August 25th, the plant under the control of Russian roces was « totally disconnected » from the Ukrainian national grid. A first since the activation of the industrial complex, some forty years ago, which raised the fear of an accident in the biggest nuclear complex in Europe.   

 The installation was finally reconnected on this Friday, after verifications to insure that the security systems onsite were functioning normally. »   

What these people related is a bit more awful:  

« Stoppage of the blocking systems could not last for more than three hours. Otherwise, we would not have been able to manage the consequences.  

Every professional, specialist and worker in the town were called in as an emergency outside their work schedules in order to save the plant. However, the Russian National Guard did not authorize their entry on the premises.

They shouted that they would shoot. And then a man cried out: « I don’t care, you can shoot, I have to save people. » And he walked straight toward the machine gun. The occupants did not dare shoot in front of a crowd of witnesses. And then we all followed him. 

Few people understand what the nuclear scientists accomplished on that day. «  

4. The Nuclear Plant has become a Russian military base:  

Three days after the arrival of the mission, the town of Enerhodar was subjected to a massive bombardment by the army of the Federation of Russia, but the aerial alert had been de-activated in the town.   

« The Russians shot from the plant on the residential zones, houses, cars, kindergardens, schools, cultural centre, music school, hospital, shops. All of these buildings were damaged. There were wounded and more wounded… »   

5. The INEA mission was escorted onsite by the Russian Guard and the Rosatom representative claiming to be a specialist…   

«  …Of our equipment! I don’t undrstand how this could have happened. Why did  Rafael Grossi (leader of the INEA) not demand the presence of true nuclear experts? None of the real staff of the electrical station were authorized to contact the mission. Not a single one! »  

6. What I gather from all this:  

·  The electrical power station is occupied by Russia that does not have experts capable of keeping the equipment functioning, as it is more advanced than their own.   

·  The staff speak of the Russian’s ignorance of the rules, of the risks taken at the nuclear plant and of the threats for European security.  

·  Conditions for a human error are assembled and there is reliance on last measure functions on occasion.

·  Exploitation is officially and legally Ukrainian, the staff is still under Ukrainian contract and salaries are paid in Ukrainian money. It is easy to create an accident and to put the blame on Ukraine.  

7.The events that followed :

–   On September 7, the INEA published its first mission report on the nuclear power station, repeating that the 7 pillars of security had been violated, the report mentions damages linked to shelling but does not mention that anything extraordinary is going on.  

  •   On September 9  2022, the INEA’s General Director issued an alert concerning the fact the town of Enerdohar, where reside the staff of the Zaporizhzhia nuclear power plant was without electricity and that the situation had become untenable. Staff fatigue has rendered the situation very dangerous.
  • OK…that’s nothing new. So then?  

8. What must be repeated :

– When the reactor is stopped and electricity shut off, the plant is no longer cooled  by other than emergency diesel-fuelled generators. Should fuel run out (stocks were initially planned for 7 days) or if they should all fail, there would no longer exist a solution of ultimate recourse. The nuclear power plant’s situation is thus most precarious.  

– On September 11 2022 at 3h41, the last reactor n°6 was stopped (see also the communiqué from the regulatory Authority). It had been in a load-shedding condition known as « islanding » with reduced power (114 to 140 MW) in order to feed the needs of the station only. Meaning the cooling.  

 -When the power line could be reconnected, in order to insure the electrical needs, it was no longer necessary to maintain reactor n°6 in this state. Electricity and running water were re-established in Enerhodar.  

The situation remains precarious and should there be another disconnection of the power line, there will be need to activate the diesel powered generators. The exploiting authority says it is doing all it can to increases the reserves of fuel.   

9. You have undoubtedly understood as I do thanks to this laconic communique that the cooling of the reactors must be maintained through electricity produced elsewhere. The final safety net being the diesel-fuelled generators.  

So that with today’s fresh massive targeting  of electrical power stations in Ukraine, should the plant lose external electricity supplies it no longer produces…we are faced with an extremely serious situation.  

That is Putin’s true bomb. He no longer needs to target the plant. All he needs to do is block the energy supplies required for the cooling.  

Russia is a terrorist state, I no longer have the slightest doubt in the matter.   

If the Russian population is expressing today on social networks its great dismay at the Ukrainian offensive, it is not because it regrets the genocide and economic destruction of Ukraine. It is because it feels humiliated.  

It does not call for less war, but for more.  

I don’t want to rain on anyone’s parade over the joy of savoring the victory in the region of Kherson and the Russian retreat, but we must remain conscious of the fact that as long as the nuclear power plant is under Russian control and Russia strikes with impunity with long-range missiles everywhere, nothing is finished.   

 Even Putin’s departure would not change the situation, because the ones howling the loudest and the most can seize power by force and are capable of insane actions just as idiotic.  

Long range missiles as well as more anti-missile protection is not a Ukrainian whim, but probably the only way to manage this band of frustrated and paranoid imperialists in Moscow.  

Those who yell the loudest are the first to step back if they take a knock on the nose.

We must not confuse frustration and posturing with courage.  

Getting the Russians out of the power plant and insuring the arrival of electricity should be the priority of every government at the moment.   

I have trouble understanding this technocratic approach of the greatest nuclear risk in Europe since Tchernobyl.  

The main winds often head toward the East, but this is not systematic either.

This topic should be the headline in every media in every country. 

(Sorry for the Queen of England).  

 

2 comments

    • well, it can’t hurt, that’s for sure; spreading the info to counter the propaganda is not a bad idea either – a form of prayer, in a way 🙂
      cheers to you over there !

      Like

Leave a reply to chezrlb Cancel reply