
Dernier jour de juin, déjà, et dernière journée d’atelier d’écriture pour la saison.
Mercredi après-midi: panne de réseau de plusieurs heures. Elles sont fréquentes, je ne sais jamais si elles sont limitées à la zone où j’habite, ou plus étendues. Chaque fois, je tente de jouer à “faisons comme s’il s’agissait d’un exercice pour se pratiquer à retrouver un monde sans internet.” En tout cas, toujours l’occasion de vérifier la vitesse à laquelle une dépendance s’installe dans nos vies.
J’ai repris contact avec l’univers des réseaux sociaux, sous un pseudo pour éviter les attaques subies auparavant, si déstabilisantes, (les gens qui me connaissent et en qui j’ai confiance n’ont pas de peine à m’y retrouver). Mais c’est un exercice que je trouve difficile, encore et toujours. D’une part, parce que je ne contrôle pas bien le flux des informations (et des pubs) qui s’y bouscule et d’autre part, en raison de la facilité avec laquelle on peut se laisser entraîner dans les polémiques, sans véritable rime ni raison, à cause d’une phrase mal tournée (d’un parfait inconnu, en plus) ou par une illusion de convivialité ou que sais-je encore. Je rajoute des contacts (ce que facebook appelle des amis) de façon ultra-sélective et uniquement parmi des gens que je connais “en vrai”.
Mais le contact a du bon, à condition de ne pas se laisser capter par la machine (si je peux apprendre à contrôler les pubs envahissantes, ça sera toujours ça de pris.)
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Quant à l’art que j’ai mis en titre, tout ce que je peux en dire, c’est que l’équilibre en est difficile, entre perdre, accepter de perdre et trouver les “trucs” qui aident à tenir, par exemple, pour échapper au cas classique quand l’admiration du travail des autres se transforment en dénigrement du sien propre, ou sous la pression de faire plus, et mieux. Allons-y pour la métaphore: mercredi matin, à la dernière séance de la saison au cirque, nous avons travaillé un exercice tout simple: celui de marcher sur la poutre en faisant autre chose (dans ce cas précis, il s’agissait de faire tournoyer un bolas-chaussette (rotation du poignet, tout simplement). Ce simple déplacement de l’attention avait pour effet de rendre la marche -droit devant, tourner, reculer – toute simple, les pieds faisaient leur travail, aucun besoin de les tenir à l’oeil. Je ne sais pas pourquoi mais ça me semble un conseil judicieux à m’adresser, lorsque ma tête commence à analyser, décortiquer et dévaloriser ce que j’écris. Laisser le travail se faire, je suis qui je suis, j’écris comme j’écris, et voilà. Cette nuit, les rêves en ont dit autant, où celle-du-rêve recueillait ses propres mots éparpillés, et les reconnaissaient comme lui appartenant.
Quant à tout le reste – les amours ou les amitiés qui ont pris d’autres tangentes que la mienne – ceux et celles à qui je ne peux que souhaiter bonne route; le climat social et politique (et climatique tout court) qui craque de toutes parts, le peu que j’y peux, je le fais. La différence essentielle entre la militante que j’étais à 23 ans et la personne que je suis aujourd’hui: je croyais alors que ma génération changerait le monde à condition d’y mettre du sien (ce qui est sans doute un moteur d’action assez courant lorsqu’on est jeune et plein d’énergie). Aujourd’hui, je sais pertinemment qu’il n’en est rien. Reste à sauver ce qui peut l’être, dans la mesure des capacités de chacun. Sauver ce qui peut être sauvé. voilà.C’est toujours le même vieux refus de céder à la bêtise, mais adapté à un corps (beaucoup) plus vieux et qui doit choisir ses priorités.(Pour l’heure, la tête tient toujours.)
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Last day of June, already, and final day of writing workshops for this season.
On Wednesday afternoon, we suffered a loss of internet connection again, for several hours. It’s a frequent occurrence, I never know if the loss is limited to the zone where I live, or wider-ranging. Every time it happens, I try to pretend it’s an exercise in living in an internet-free world again. At any rate, it’s always an opportunity to realize how quickly dependency can take hold of our lives.
I’ve reconnected with the universe of social networks, under a pseudonym to avoid the onslaught of oh-so destabilizing misery that occurred under my real name (people who know me and whom I trust have no trouble finding me.) But it’s an exercise I find difficult still. For one, because I do not control very well the influx of information (and ads) that stream through and for another, because of the ease with which one can be dragged into polemics, with no true rhyme nor reason, because of a perfect stranger’s way of expressing something, or because of an illusion of conviviality, or any number of other reasons. I’m being ultra-selective in adding new contacts (those facebook calls friends) and solely among people I know “for real”.
But the contact is good anyway, as long as I don’t let myself be grabbed by the machine (if I can learn to control the ads, that will already be something.)
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As for the art I used as a title, all I can say about it is that the balance is difficult, between losing, accepting to lose and finding “stuff” that helps in carrying on, for instance when that classical case of admiration of other people’s work turns into self-denigrating of one’s own, or when the pressure is on to do more, and better. So let’s try a metaphore: on Wednesday morning at the last circus session of the season, we worked on an utterly simple exercise: that of walking on the beam while doing something else (in this specific instance, it involved twirling a sock-bolas (a simple wrist movement). By this simple displacement of attention, walking – forward, turning, backward) was left to the feet to handle, with no need to put too much attention on it. I don’t know why but this strikes me as judicious self-advice for those times when the brain starts analyzing, pulling apart and devalueing what I write. Just letting the work happen, I am who I am, I write what I write and that’s all there is to it. The dreams said as much last night, with the dreamer collecting her scattered words, and claiming ownership on them.
As for all the rest – the loves or the friendships that have taken another road than mine, those to whom I can only wish happy trails; concerning the social and political climate (and the climate itself), that which I can do, I do. The essential difference between the militant I was at age 23 and who I am now: back then, I believed my generation would change the world if only it put its collective mind to it (which is no doubt a common enough motor when one is young and full of energy). Now, I know full well this is not the case. There’s need to save what can be saved, within every person’s ability to do so. Saving what can be saved. voilà. It’s always the same old refusal to give in to idiocy, but adapted to a (very much) older body having to choose its priorities. (The head still works for the time being.)
Oui,l’art et c’est un art qui demande des annees de pratique, de choisir ses priorités et d’y trouver ses moments de beauté et de joie!
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oui, et la vieillesse, c’est l’âge du ‘Master Class’ en la matière 🙂
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