L’entrée des Restos du Cœur se trouve sur un petit parking qui dessert aussi la seule école privée de la ville, située, elle, derrière un portail. Les gens commencent à se regrouper pour la distribution de nourriture à l’heure où les mères raccompagnent leurs enfants en voiture vers l’école. Le précieux fruit de leurs entrailles – âgé de 8 ou 9 ans – est assis sur la banquette arrière comme un membre de la royauté ou un bibelot sans prix; parfois déjà masqué, parfois pas. La plupart regarde droit devant; quelques-uns risquent un œil par la fenêtre et leur regard est si froid et dédaigneux que l’on sait que les parents ont déjà fait leur travail pour les instruire sur le fait qu’ils voient là des gens trop paresseux pour travailler et qui profitent de la bonté et du travail des autres. Je peux aisément imaginer les parents s’indignant du fait que le précieux fruit de leurs entrailles soit soumis à ce spectacle, semaine après semaine: sûrement, la mairie pourrait trouver un autre emplacement pour accueillir la distribution de nourriture sans que les gens “bien” et leurs enfants soient obligés d’en être témoins ?
Le regard que j’ai reçu de l’un de ces enfants hier fut l’expérience la plus triste de la journée.
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De toute évidence, rien à voir avec le regard du chat à ma porte qui, lui, correspond tout à fait au titre de cet article. (Apparemment, le système ne souhaite pas télécharger cette photo.)
Un peu de klezmer ? Pourquoi pas.
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The entrance to the food distribution at Restos du Coeur is in a small parking lot, next to the gated entrance to the town’s only private school. People start congregating for the distribution at the time when mothers drive their children back to school. The precious fruit of their loins – all of 8 or 9 years old – sits in the back seat like royalty or a priceless knick-knack, sometimes already wearing a face mask, sometimes not. Most of them sit with eyes forward; a few glance out the window and their look is so cold and disdainful that you know the parents have already done the job of instructing them what to think about people too lazy to work and who take advantage of other people’s kindess and labors. I can well imagine the parents voicing their indignation at the precious fruit of their loins being subjected to this sight, week after week; surely, City Hall coul find some other place where the food distribution could be located without “decent” people and their children having to witness the scene?
The look I received from one such child yesterday was the saddest experience of the day.
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Clearly this has nothing to do with the look of the cat at my door, which matches up with the title of this post. (Apparently, the system does not wish to load this photo.)
A bit of klezmer ? Why not.