
Je soussignée…
Le rapport entre l’illustration et la pandémie passe par le confinement obligatoire. En effet, le voltigeur ci-haut, sa voltigeuse de compagne et leurs deux acrobates de fils habitent au-dela du kilomètre autorisé pour les “déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle,” je ne les reverrai donc pas avant un bon moment, ainsi que tant d’autres gens que j’aime bien.
Je me suis prévalue ce matin du “déplacement bref, à proximité du…et cetera, pour effectuer le virement bancaire de mon loyer (tant que le système bancaire tiendra le coup pour les ‘petites gens’, je pourrai m’acquitter de mon loyer et manger aussi. Bref, on mesure sa chance à l’aune de la misère des milliards acculés au désespoir, et de l’arrogance de la petite minorité qui se pavane, convaincue de son pouvoir à manipuler les dieux du ruissellement bancaire. Vu de dos, le paon n’est vraiment pas un volatile gracieux.)
L’un des quatre (4) gendarmes à la porte de l’établissement en question examina attentivement mon attestation manuscrite et signée, en date d’aujourd’hui. “Vous n’avez pas indiqué l’heure”, m’a-t-il dit. “C’est obligatoire maintenant.”
Vu de cette perspective sur l’avalanche qui approche, l’absurdité règne. Et, je suis au regret de le dire, l’absurdité semble se situer près de la pointe extrême des objectifs atteignables. Pendant que le système grince et se déforme sous le poids de ses propres échecs, et qu’il verra bientôt la prolifération…des attestations dérogatoires et obligatoires de façon permanente? Avec l’exigence de se procurer les téléphones derniers cris que tellement d’entre nous ne peuvent pas se permettre (ou ne veulent pas). Pendant que ces “autres pays” se débrouillent avec leurs mourants et leurs morts (quelqu’un a-t-il entendu parler d’Haïti dernièrement? du Libéria? Du Yemen? Du Kurdistan? Du Bengladesh, mis au chômage technique sans salaire par les grandes marques qui refusent de payer les vêtements dont elles ne veulent plus…
Bref: n’oubliez pas d’indiquer l’heure sur votre billet de sortie. C’est très, très important pour arrêter la pandémie…(Les temps sont tellement absurdes que j’en suis maintenant à m’inquiéter qu’il y ait quelqu’un pour prendre ces derniers mots au sérieux.)
“I the undersigned…”
The link between the illustration and the pandemic runs through the mandatory confinement. Because the high-flyer above, his high-flying companion and their two acrobatic sons live more than a kilometer away from the zone authorized for “brief outings, near the home, for individual physical activity”. This means I won’t be seeing any of them for awhile, along with so many other people I truly like.
This morning, I took advantage of the “brief outing, near the home…etc,” to transfer the payment of my rent through the bank (as long as the banking system will hold up for the “little folks”, I’ll be able to pay my rent, and eat too. In short, one measures one’s luck based on the misery of the billions backed up against despair, and the arrogance of the few who strut around convinced trickle-down banking is theirs to manipulate. Seen from the backside, a peacock is really not a gracious-looking fowl.)
When I reached the bank, one of the four (4) gendarmes closely guarding entry into the establishment examined my hand-written attestation, dated and signed this morning. “You didn’t indicate the hour,” he told me. “That’s mandatory now.”
Seen from this current perspective in the advancing avalanche, absurdity rules. And, I regret to say, absurdity seems to be close to the highest tip of the scale of achievable ends, while the system creaks and folds under the weight of its own failings, soon to require… by mandatory derogatory attestations on a permanent basis? Requiring the latest-generation phones so many of us cannot afford (or do not want). While those “other countries” deal with the dead and the dying (has anyone heard from Haiti, lately? Liberia? Yemen? Kurdistan? Bengladesh, thrown into unemployment without pay by the big labels refusing to pay for clothes they no longer want…)
In short: don’t forget to write in the hour on your hallway pass. This is very, very important in order to stop the pandemic… (The times we’re living are so absurd, now I worry someone might take these last words seriously.)