
Et pourtant…-
L’expression usuelle de nos jours: résilié. Résilié voulant dire qu’on peut effacer votre existence réelle de la même façon qu’on résilie son abonnement à une publication en ligne.
Comparé à la profondeur de la partie solide de la terre, le sol arable ne représente rien de plus qu’une griffure à la surface. Apparemment, les aspects plus nobles de notre nature sont à peu près aussi superficiels.
Dans ce cas-ci, “superficiel” étant le contraire de “futile.” Le ‘superficiel” étant là où la vie peut exister et s’épanouir.
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Dans sa préface à Contre tout espoir de Nadejda Mandelstam, Joseph Brodsky écrit : “S’il existe un substitut à l’amour, c’est la mémoire. Graver dans sa mémoire revient donc à rétablir une intimité.”*
La mémoire. Qui retisse vaillamment les pans de la murale dévorés par les mites. Et refuse de considérer les absences et les trous comme “la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité”.
*Joseph Brodsky (traduit de l’anglais par Laurence Dyèvre) dans la préface à Contre tout espoir de Nadejda Mandelstam, Gallimard 2012
And yet… –
The usual expression these days is: “cancelled”. As in: erasing someone’s real existence the same way you cancel a subscription to an online publication.
Compared to the depth of earth’s solid part , arable soil is like a scratch on the surface. Apparently, the finer parts of our nature are about as superficial.
“Superficial”, in this case, being the opposite of “trivial”. “Superficial” being where life can exist and thrive.
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Joseph Brodsky writes in the French preface to Nadejzda Mandelstam’s memoirs : “If there exists a substitute for love, memory is it. Engraving in one’s memory thus becomes a means of re-establishing intimacy.” *
Memory. Valiantly re-weaving the slabs of the mural devoured by moths. And refusing to consider the absences and the holes as “the truth, the whole truth and nothing but the truth”.
*Brodsky’s words were originally published in English. I do not have the copy of the original which is why I’m providing this rough translation.