Une poussière, plus une autre, plus…

“Bien qu’il ne fut jamais reconnu comme tel, Hobbes fut le véritable philosophe de la bourgeoisie parce qu’il comprit que l’acquisition des richesses conçue en tant que processus sans fin ne peut être assurée que par le fait de s’emparer du pouvoir politique, car, tôt ou tard,  le processus  d’accumulation forcera l’ouverture de toutes les limites territoriales. Il entrevit qu’une société qui s’engageait sur la voie de l’acquisition sans limites se devait de se munir d’une organisation politique dynamique capable de générer du pouvoir dans un processus interminable correspondant.  Et même, par la seule puissance de son imagination, il réussit à dresser les grandes lignes des traits psychologiques du nouveau type d’humain qui pourrait s’adapter à une telle société et à son corps politique tyrannique.  Il prévit la nécessaire idolatrie du pouvoir par ce nouveau type humain, et qu’il serait flatté qu’on le décrive comme une animal assoiffé de pouvoir, malgré le fait que la société le forcerait à abandonner toutes ses forces naturelles, ses vertus et ses vices, et en ferait un pauvre type soumis sans même le droit de se soulever contre la tyrannie et qui, bien loin d’aspirer au pouvoir, se soumettrait à tout gouvernment existant et ne bougerait même pas lorsque  son meilleur ami tomberait, victime innocente d’une raison d’état incompréhensible.”    HannahArendt, dans la section intitulée L’émancipation politique de la bourgeoisie, dans Imperialisme, Les origines du totalitarisme. 

“Ce que nous appelons le progrès, c’est le vent…qui pousse irrésistiblement l’ange de l’Histoire dans l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le tas de décombres devant lui s’élève jusqu’au ciel.” (Arendt citant Walter Benjamin).

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Tout cela est vrai et nous en constatons l’évidence tous les jours. Et…je ne suis qu’une poussière parmi des milliards d’autres, n’est-ce pas? Mais, combien de centaines de milliers de “poussières” n’adhèrent pas à ce modèle?  Des millions d’autres adhèrent au règne de la meute, c’est vrai, qui n’est qu’un des instruments utilisés par ceux pour qui le pouvoir est la seule chose qui compte dans la vie.  Mais certains échappent aussi au règne de la meute. Et peut-être, tout comme rien de ce qui s’est produit dans la passé n’était ordonné d’avance, l’avenir demeure un champ ouvert. On ne saurait échapper aux conséquences lourdes des destructions humaines et matérielles déjà commises. Mais il n’existe pas une seule loi, qu’elle soit issue de l’Histoire ou de toute autre forme de théologie, qui exige  que nous consentions aveuglément à notre – comment l’appeler? – échec? Destruction? Chute depuis la falaise, les yeux collés sur la plus récente “application”?

Vous vous souvenez de ces gens qui avaient bu le “Kool-Aid” empoisonné, il y a de cela quelques années? Nous ne sommes pas obligés d’y voir une répétition générale de l’anéantissement.

Alors, je m’en tiens à mes moyens limités et je refuse de croire à toute autre inévitabilité que celle de 1. La mort de causes naturelles et 2. Les conséquences causées par la passivité.

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Tiens. Le municipalisme libertaire de Murray Bookchin s’invite dans ma commune? Je ne suis guère de nature “adhérente” à quoi que ce soit, mais allons voir quand même.

One speck, plus another, plus… 

“Hobbes was the true, though never fully recognized, philosopher of the bourgeoisie because he realized that acquisition of wealth conceived as a never-ending process can be guaranteed only by the seizure of political power, for the accumulating process must sooner or later force open all existing territorial limits. He foresaw that a society which had entered the path of never-ending acquisition had to engineer a dynamic political organization capable of a corresponding never-ending process of power generation. He even , through sheer force of imagination, was able to outline the main psychological traits of the new type of man who would fit into such a society and its tyrannical body politic. He foresaw the necessary  idolatry of power itself by this new human type, that he would be flattered at being called a power-thirsty animal, although actually society woul force him to surrender all his natural forces, his virtues and his vices, and would make him the poor meek little fellow who  has not even the right to rise against tyranny, and who, far from striving for power, submits to any existing government and does not stir even when his best friend falls an innocent victim to an incomprehensible raison d’état.”  HannahArendt, in the section titled The political emancipation of the bourgeoisie, in Imperialism, Origins of Totalitarianism.

“What we call progress is the wind…(that)drives the angel of history irresistibly into the future to which he turns his back while the pile of ruins before him towers to the skies.” (Walter Benjamin, quoted by Arendt).

All true. And we see the evidence of this every day.  And I am but one speck in billions of specks. But…How many hundreds of thousands of those “specks” do not conform to this model? Millions adhere to mob rule, this is also true, and mob rule is but one of the instruments used by those for whom power is the be-all of existence. But some escape mob rule also. And perhaps, just maybe, just as nothing of what happened in the past was foreordained, the future is still an open field. The heavy-duty consequences of human and material depredation are inescapable. But no law, of history or of any other theology, demands that we adhere blindly to our own  – what shall I call it? – defeat? Destruction? Stepping off the cliff, eyes glued to the very latest ap?

Remember those poisoned Kool-Aid drinkers, years ago? We don’t have to see them as a practice run for oblivion.

 

So I stick to my limited ways and refuse to believe in any other inevitability than 1. Natural death and 2. Consequences born of passivity.

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What’s this? Murray Bookchin’s “libertarian municipalism” is dropping into my town tonight? I’m not much of a membership type person, but  I’ll drop by for a look anyway.