“Dire aujourd’hui que les djhihadistes sont une menace contre le pays est une vérité mais il faut aussi admettre qu’à long terme on fabrique des islamistes quand on refuse la liberté aux siens, le savoir, les écoles modernes, l’entreprise, la créativité et la création et lorsqu’on encourage la prière au lieu du travail et le conservatisme au lieu de la citoyenneté ou la fatwa au lieu de la loi. Lorsqu’on prive un peuple de sa liberté, il s’habitue aussi à ne pas en avoir, au nom de Dieu, à la place du “au nom du dictateur”.*
C’est à son propre pays, l’Algérie, que Kamel Daoud fait référence dans cette chronique de 2013. Mais le propos est valable quel que soit le dieu, le rituel ou le lieu où l’on s’en remet à sa version locale de l’Être Suprême.
Et puis, le formatage de l’ignorance peut même se faire sans l’aide d’une quelconque théologie. La crétinisation par la télé, c’est pas mal non plus. (Comme je n’ai pas de télé chez moi, j’ai rarement le “bénéfice” des piailleries en boucle et des larmes de cocodriles comme disent les Cajuns. Larmes vite versées, pour mieux resservir sur un autre drame, vite escamoté par le suivant au prochain bulletin d’information. Mais je garde la maison et le chien d’une copine en ce moment. Entre jeux télévisés pour lobotomisés, “journalistes” dociles et commentateurs produisant une lave de suffisance auto-satisfaite, j’ouvre yeux et oreilles effarés, avant de couper tout et de retourner à mes bouquins.)
Quand même. Philippe Poutou m’a bien fait rigoler. C’est toujours ça de pris.
Illustration: “La mondialisation dans le monde Noël acquiert 51% du capital de Pâques: le groupe Noâques est né, sa date est fixée au 21 juillet”. Carte postale de Plonk et Replonk.
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Format
“Saying today that jihadists are a threat against the country is true but we must also admit that, in the long run, you manufacture islamists when you deny freedom to your own people, learning, modern schools, businesses, creativity and creation, and when you encourage prayer instead of work, conservatism instead of citizenship or fatwa instead of law. When you deprive a people of liberty, it becomes accustomed to living without it in the name of God, instead of “in the name of the dictator”.
In this column he wrote in 2013, Kamel Daoud is referring to his own country, Algeria. But the words apply no matter which god, ritual or place puts its trust in the local version of the Supreme Being.
Plus, formating ignorance can be done without the aid of any theology whatsoever. Induced cretinism through television is pretty efficient too. (As I don’t own one, I rarely get the “benefits” of the loops of squawking and of cocodrile tears as the Cajuns call them. Tears quickly shed, the better to get served up on another rapidly dismissed tragedy, the better to report on another at the next news bulletin. But I’m house and dog-keeping for a buddy. Between televised games for the lobotomized, docile “journalists” and commentators producing a lava of self-satisfied smugness, I open wide my stunned eyes and ears before shutting everything off and returning to my books.)
Still. Philippe Poutou made me laugh.** Better than nothing.
Illustration: “Global trading across the world: Christmas acquires 51% of Easter’s capital: the Chreaster Group is born, the holiday is set on July 21st”. A postcard by Plonk et Replonk.
* Kamel Daoud Mes indépendances Chroniques 2010-2016, Actes Sud 2017
**Philippe Poutou is a factory worker and trade unionist. He repairs mechanical equipment for a living, and is running as the far left’s candidate in the French presidential election. Needless to say, he stands zilch-minus-ten-thousand chances of winning. If I had the right to vote, I’d vote for him anyway, so he could achieve the 5% minimum for reimbursement of his campaign expenses – and keep on making me laugh with his nailed-down basic truths about politicians.