Pendant plus d’une heure, la frustration des deux jeunes tourne en boucle. Evidemment que je partage leur inquiétude. Les jours passent, les délais s’amenuisent, la machine à délivrer “les papiers” hoquète, soupire, renâcle. Les administrations rajoutent des marches à l’escalier – carte consulaire, puis carte NINA (carte d’électeur du Mali), puis passeport, puis… on a l’impression de faire l’ascension d’un escalier roulant orienté vers le bas. Tout ça, pour le droit de travailler en France plutôt que l’obligation de dépendre des autres. Et on dit que les immigrants coûtent cher? Ils ne demandent qu’à bosser et à payer leurs impôts, eux! C’est à s’arracher les cheveux (mais j’en ai peu, et je ne me sens pas de jouer le reste de ma partition en cantatrice chauve.)
Il y a les grandes campagnes et les grands sentiments – aidez-les, ils sont nos frères, et cetera. Mais à force de ronronner, les machines à paroles tournent autant à vide que les machines à délivrer des papiers. La solidarité n’a pas besoin de majuscules ou de minois touchants. Elle a besoin de gestes, simples. Adaptés aux réalités, multiples. De politiques d’embauche au lieu de souricières. De gens qui collent le discours à la vie et qui n’exigent pas de l’héroïsme où le simple bon sens serait plus que suffisant.
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Vacances scolaires. Petite ville. Mes deux restos préférés font relâche. Occasion d’en découvrir un troisième à l’accueil chaleureux et à la cuisine réunionnaise qui l’est tout autant. Découverte d’un poulet à la vanille, délicieux.
Pendant ce temps, un couple du cru – de qui personne n’exige même un gramme d’héroïsme et qui ne s’en porte pas plus mal – devise. Madame commente (longuement) la douleur insoutenable que lui a causé l’autre jour de l’ail frais sur une coupure; puis un accès d’éternuements qui a perduré de Graulhet à Briatexte (12km – un record Guiness?). Il est question d’un aspirateur aussi, mais j’ai un moment d’inattention à cause du poulet à la vanille (vraiment délicieux). Je ne peux donc pas vous en dire plus long à ce sujet.
Au dessert, monsieur commande l’ananas flambé. Le plat arrive. “Oh, c’est chaud,” dit-il. Qui saurait en douter?
J’adore…
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j’ai pensé à toi en parlant des gestes simples 🙂
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