“Ils seront 700,” nous annonce le Nouvel Obs (pardon, dorénavant, on dit L’Obs). Sept cents journalistes dépêchés sur les lieux pour le grand spectacle mis en scène à Calais et intitulé: “Le démantèlement de la jungle”. Sept cents à guetter le dérapage, à traquer l’émotion, à se bousculer pour “la” place à “l’endroit où ça se passe”.

Du nombre, peut-être que le deux centième ou la cent-quarante et unième auront quelque chose d’intelligent à dire au sujet de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants transformés en figurants d’une des pages de l’histoire de leur vie. Si c’est le cas, je lirai les mots de cet homme ou de cette femmes plus tard.

Les mouvements de foule sont rarement propices à autre chose que des débordements divers, agrémentés à la sauce piquante ou douce, selon le discours politique du jour.

Espérons que dans les sept cents journalistes – ou les milliers d’autres sur le territoire – il s’en trouvera quelques-uns pour poser le regard dans quelques mois là où hommes, femmes et enfants auront quitté les cars. Où ils se seront posés pour un temps, à la recherche de bribes de vie à recomposer, encore une fois. De fils à renouer, pour que leur vie ressemble enfin à un récit – tragique ou loufoque, qu’importe. Un récit qui sera le leur, et non celui imposé par la ligne éditoriale de quelque journal que ce soit.

Il faut un peu de silence pour ça. De tranquillité aussi.