
Rêve : je terminais la traduction française de l’hymne national américain — oh dites, voyez-vous dans la lumière de la prime aube ce que si fièrement nous avions dressé aux dernières lueurs du couchant... — que j’écrivais au tableau devant une classe, puis j’allais racheter des fournitures à un petit vieillard austère qui tenait une échoppe, je consultais la liste que je tenais dans l’un des deux carnets épaisses sur mon bureau : 6 stylos bille, 6 crayons à mine de plomb épaisse 4B ou 5 B pour les soulignés…
Mais en matière de traduction, c’est plutôt La Folie Tristan* que je relisais hier soir, en version bilingue, anglo-normande à gauche, française à droite (lecture à haute voix comme le recommandait gentiment la dédicace)*. Et peut-être est-ce parce que je venais de regarder une émission de la télé locale de Nouvelle-Orléans, retransmise sur internet, mais en lisant la version anglo-normande, il me semblait entendre les rythmes du parler cajun de la Louisiane – un français parlé sur les structures de phrases de l’anglais :
Pur cunseil dire e descuvrir
Solt maint mal suvent avenir
La gent en sunt mult desturbé
De so ke n’unt suvent pensé
(Découvrir trop tôt son projet
Expose souvent au regret
Les gens sont souvent bien punis
Faute d’avoir bien réfléchi.)
Et pourquoi la Louisiane ? Parce que c’est là où l’administration Trump vient d’effectuer un autre déploiement des forces contre les immigrés, irréguliers et autres, causant ici une toiture en réfection de rester mal couverte après l’arrestation des deux ouvriers y travaillant, et là, des enfants refusant d’aller à l’école de crainte de ne plus trouver leurs parents au retour à la maison.
Pour ce qui est de citoyens européens à qui viendraient l’idée loufoque d’une visite aux Etats-Unis d’Amérique, sachez que les gardes-frontières exigeront d’ouvrir téléphone et ordinateur portable pour y voir ce que vous auriez pu en conserver de vos photos et échanges sur les réseaux sociaux depuis 5 ans. Ces jours-ci, la “liberté d’expression” n’est valable que pour les opinions racistes soutenant les vues du président et de ses sbires. Et l’Europe elle-même doit être “sauver d’elle-même” afin de refléter les mêmes vues et agissements racistes que ceux de son ancien allié suivant dorénavant la ligne dictée par le Kremlin.
*La Folie Tristan suivi de Le Lai du Chèvrefeuille, texte établi, traduit et présenté par Françoise Morvan, Editions Mesures 2021
*
J’ouvre le carnet “sans ordre chronologique”. Le 8 décembre 2017, une partie de la ville de Los Angeles était en flammes. Mais ici, il n’y en avait que pour la mort de Johnny Halliday, depuis le président de la République jusqu’aux motards, ça poussait la gueulante de ses plus grands succès avec forces sanglots. J’habitais alors un logement très mal isolé, la voisine en faisait autant (elle gueulait faux, en plus ‘que je t’aimeuh, que je t’aimeuh que je t’aim’ alors je mettais la Callas à plein volume et je sortais me promener.) Dans un rêve je tentais de rejoindre quelqu’un sur un vieux téléphone à cadran. Je composais le 8 et le cadran se mettait à tourner, tourner, tourner, sans arrêt. (Evidemment, le 8, l’infini, ah oui, ah oui…)
(Mais en fait, au 11 décembre 2025, c’est mon “vieux” téléphone portable…qui ne fait plus téléphone. Sms, oui, téléphone, non. Je dois mettre à jour, à niveau et tout et tout. Même reconditionnés, les téléphones sont hors de prix. Dans l’immédiat, je me contenterai de sms.)
*
Dream : I was finishing the French translation of the American national anthem – oh say can you see by the dawn’s early light what so proudly we hailed in the twilight’s last gleaming…) — which I wrote on the board in front of a classroom, then I went to buy new supplies from an austere little old man who kept a small shop, I consulted the list I kept in one of the two thick notebooks on my desk: 6 ballpoint pens, 6 thick lead pencils 4B ou 5 B for underlinings…
But as far as translating goes, I was reading La Folie Tristan rather last night, in a bilingual version , anglo-norman on the left, french on the right (reading out loud as kindly suggested in the inscription). And perhaps it was because I had just watched a local tv program from New Orleans, retransmitted on internet, but as I read the anglo-norman version, I seemed to hear the rhythms of Louisiana cajun talk — a French spoken on sentences structured like English ones :
Pur cunseil dire edescuvrir
Solt maint mal suvent avenir
La gent en sunt mult desturbé
De so ke n’unt suvent pensé
(Revealing your plan too soon
Often exposes you to regret
People are often punished
For lack of sufficient forethought.)
And why Louisiana ? Because that is where the Trump administration has just launched a fresh deployment of its troops against immigrants, be they irregulars or not, causing a rooftop te remain half repaired after the arrest of two men working on it, and children refusing to go to school for fear of not finding their parents when they come home.
As for European citizens who might have the silly notion of visiting the United-States of America, know that the border guards will demand to open your phone and laptop to see what you might have kept in terms of photos and exchanges on social networks over the past five years. These days, “freedom of expression” is only valid for racist opinions supporting the views of the president and his minions. And Europe itself has to be “saved from itself” in order to reflect the same racist views and behaviors as the former ally, now toeing the Kremlin line.
*
I open the “In no chronological order” notebook. On December 8 2017 : Fire is engulfing parts of Los Angeles. But over here, all the talk is about the death of singer Johnny Halliday, from the president of the Republic down to the last biker, they are all bellowing his greatest hits and gushing tears. I lived in a very poorly sound-proofed apartment in which my neighbor did the same (she sang off key, to make things worse, ‘que je t’aimeuh que je t’aimeuh que je t’aim” so I’d put on some Maria Callas full volume and go out for a walk. In a dream, I want to call someone on an old-fashioned telephone. I dial 8 and the dial starts turning, turning, turning and doesn’t stop. (Of course, 8, infinity, of course of course.)
(But, in fact, on December 11 2015, it’s my “old” portable phone that…no longer works as a phone. Text messages, yes, telephone, no. Must upgrade, update and so on. Even reconditioned phones are out of bounds, I’ll settle for texting for the time being.)