Rêves : dans un coin perdu de Russie, une quinzaine de personnes attendaient la production de leurs pizzas au brochet en dansant la stepak, il était question de négocier un “deal” qui ne marchait pas et ils recommençaient la même chose le lendemain, sauf que le “deal” n’était plus valable; puis, je devais nourrir le chat, emmener la fille à préparer le petit dej et le repas principal de sa mère, mais il fallait d’abord la trouver, longues déambulations anxieuses à travers les corridors des couvents de ma jeunesse, au final, le chat venait de lui-même et la nourriture de la mère s’était préparée d’elle-même, comme dans un conte de fée; puis je sciais de petits morceaux de bois pour révéler le dessin délicat que formait la moëlle, comme un paysage chinois dans la brume.

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Pour tout dire, l’idée d’une pizza au brochet ne me dit rien qui vaille. Outre, les “deals” pourris exigeant la reddition de l’Ukraine (pour mieux t’avaler tout rond, mon enfant), de façon plus personnel un arnaqueur a tenté de me faire croire par sms hier que vite, vite, je devais cliquer pour éviter qu’un arnaqueur dérobe 700€ dans mon compte bancaire ! Ça m’a bien fait rire, je ne saurais dire combien il y a de temps depuis que mon compte bancaire aurait pu contenir pareille somme ! Limite ton appétit, arnaqueur, vise plus bas par les temps qui courent !

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Petit à petit à petit, pour la fourmi, le sens de la distance n’est pas le même que pour le guépard ou le loup. Réunion ce soir chez Rustine avec, notamment, Renaud et Charlotte de la librairie-café L’Autrucherie. Avec le vent RN qui nous souffle de plus en plus fort ici à l’approche des élections municipales et les perspectives à peu près nulles de candidats valables pour y faire front, la résistance doit se jouer au ras des pâquerettes, sans la moindre mission/mandat/programme de parti, quel qu’il soit. J’ai signé la demande de subvention du cirque l’autre jour. “C’est un programme sur trois ans, pourquoi ne faites-vous votre demande que pour une année, cette fois?” a demandé la fonctionnaire. “Nous vous reviendrons pour les deux autres années, si le RN n’est pas élu,” lui a répondu l’administratrice. “Je vois ce que vous voulez dire, sage décision,” fut la réponse. Pas question de leur donner la satisfaction de nous refuser la subvention, c’est certain.

Petit à petit, je ré-organise mes bibliothèques aussi. Les leçons de Victor Klemperer tirées de son expérience du Troisième Reich, par exemple, se posent côte à côte avec les titres de l’historien Timothy Snyder sur la place centrale que joue l’Ukraine dans les guerres les plus dévastatrices sur ce continent. Nous sommes bien au-delà des jours pour l’indignation, “à mon humble avis”.

Hier, la gamine dans L’Horloger des Brumes est sortie de son mutisme, le temps d’une réflexion ou deux. C’était la première fois que j’avais vraiment une idée de comment elle percevait les choses.

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Dreams : in some lost corner of Russia, some fifteen or so people were waiting for the production of their pike pizza while dancing the stepak, there was talk of negotiating a deal that didn’t work and they tried the same thing the next day, except the deal was no longer applicable; then, I had to feed the cat, and bring the daughter to prepare her mother’s breakfast and main meal, but I had to find her first, long anxious rambles through the hallways of the convents of my youth, in the end, the cat showed up on its own and the mother’s food prepared itself, like in a fairy tale; then I was sawing small pieces of wood in order to reveal the delicate tracing of the marrow, like a Chinese landscape in a fog.

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All said, the thought of pike pizza does not inspire. Beside the bum “deals” demanding Ukraine’s reddition (the better to swallow you whole, my child), on a more personal level a scammer attempted to have me believe in a text message yesterday that quick, quick, I had to click to avoid a scammer grabbing 700€ out of my bank account! I had to laugh, I couldn’t say how long it has been since my bank account could have held such an amount ! Curb your appetite, scammer, lower your aims by these hard times!

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Little by little by little, distance doesn’t have the same meaning for an ant as for a leopard or a wolf. Meeting this evening at Rustine’s with, notably, Renaud and Charlotte from the bookstore-café L’Autrucherie. With the fascist RN wind blowing harder and harder as municipal elections approach and worthwhile candidates to oppose it being null and void, resistance must play at ground level, without the least mission/mandate/party program whatsoever. I signed off the subsidy request for the circus the other day. “It’s a three-year program, why are you only requesting for this year ?” the civil servant asked. “We’ll get back to you for the two other years, if the RN isn’t elected,” the administrator said. “I see what you mean, wise decision”, was the answer. No point in giving them the pleasure of refusing the subsidy, that’s for sure.

Little by little I’m also reorganising my bookshelves. Victor Klemperer’s lessons from his experiences of the Third Reich, for instance, now sit cheek to jowl with historian Timothy Snyder’s books on how Ukraine has been at the heart of the most devastating wars on this continent. We’re way past the days for indignation,” in my humble opinion”.

Yesterday, the girl in L’Horloger des Brumes came out of her muteness for a reflection or two. It was the first time I got some sense of how she sees things.