Rêve-énigme : à l’orée d’une vaste forêt tranquille, une propriété avec un grand parc dans lequel se trouve un banc sur lequel des groupes de personnes viennent s’asseoir pour causer, le banc se trouve devant un panneau de bois sur lequel sont suspendues neuf têtes d’ours, gueules ouvertes aux dents étincelantes auxquelles les gens ne prêtent aucune attention, une femme approche avec un énorme taureau blanc qui la suit comme un chien docile, les gens regardent tandis qu’elle couvre les cornes et les yeux de l’animal avec un voile bleu, lui introduit une seringue entre les deux yeux, en tire trois grandes fioles de sang et repart, toujours suivie du taureau docile.

Taureau blanc…c’est bien sous cette forme que Jupiter avait séduit et enlevé la jeune Europe. Devenu animal de compagnie docile, Jupiter ?

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13 novembre. Ici, les journaux seront remplis d’hommages/témoignages/souvenirs des attentats de 2015 à Paris. Attentats auxquels les survivants portent les traces dans leur chair. On ne peut qu’espérer que tout le raffut tienne compte d’eux.

Pendant qu’aux Etats-Unis, les journaux et les réseaux sociaux n’en auront sans doute que pour la flopée de documents dans le scandale du pédophile Epstein, que Republican et Democrat utiliseront pour tenter de noyer le poisson : oui, Trump savait pertinemment que son bon copain exploitait des gamines pour mieux exercer son chantage sur les riches et puissants. Trump aurait même passer des heures chez Epstein avec l’une d’entre elle. Mais des démocrates aussi ! Et youp-là pour un assaut de saloperies à qui salira l’autre le plus.

Ainsi, nous traçons à nouveau nos sentiers à travers une autre époque de la folie humaine. Certains des sentiers mèneront peut-être hors de l’avenir verrouillé que les riches et puissants tentent d’imposer au monde, dévorant tout ce qu’ils trouvent, comme des enfants gâtés à la fête anniversaire extravagante d’un gamin de 4 ans.

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“Les morts font des rêves ? avais-tu demandée, étonné. Mère t’avait regardée d’un air interloqué. Elle semblait dire : “vraiment, n’a-t-on rien appris à cette enfant ?”

— Nous sommes les rêves des morts. Nous, les plantes, les animaux, tout, avait-elle dit. Et elle avait repris sa cueillette. Et sa conversation avec les champignons.”

(Contes d’exil)

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En après-midi : Il est rare que je revienne sur ce que je note au réveil, mais là, je sens le besoin de déclarer forfait dans la grande discussion à savoir si le gouvernement israélien est coupable de génocide ou de crime contre l’humanité. À mon avis, il est coupable des deux, mais si je déclare forfait, c’est que je n’arrive pas à comprendre en quoi ce débat, hors champ juridique, améliorera en termes concrets le sort des survivants. Il faut croire qu’en cela, je suis terriblement « nord-américaine » ou, pour reprendre une expression du terroir québécois : « Qu’est-ce que ça mange, en hiver, tout ça ? » 

Et dans ce cas-ci : qu’est-ce qu’ils et elles mangent, en vrai ? Où dorment-ils et elles? Quels sont les sanitaires à leur disposition ? Qui se charge d’assurer leur sécurité (ou pas ?) Que les agresseurs doivent payer pour leurs crimes ne fait pas le moindre doute. Qu’ils seront légions à s’en tirer, ni vu ni connu, je n’en doute pas non plus. Mais en rien cela m’aide-t-il à comprendre en quoi l’amour immodéré des Français pour les débats améliorera d’un iota le sort des humains pris dans la nasse des intérêts financiers qui grenouillent autour d’eux.

Voilà. Comme je n’ai rien d’intelligent à ajouter à la discussion, je m’en retire tout simplement.

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Dream-enigma: at the edge of a large quiet forest, a property in a large park where there is a bench on which groups of people come to sit and chat, the bench is in front of a wooden panel on which are suspended nine bear heads with open jaws and glistening teeth to which the people pay no attention, a woman approaches with a huge white bull following her like an obedient dog, the people watch as she covers its horns and eyes with a blue veil, sticks a syringe between its eyes and draws three large vials of blood and leaves, still followed by the obedient bull.

White bull…that’s the shape Jupiter took in order to seduce and kidnap the young Europa. Jupiter, turned into an obedient pet ?

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November 13. Over here, the papers will be full of tributes/testimonials/recollections of the 2015 terrorist attacks in Paris. Attacks of which the survivors bear the traces in their body every single day. One can only hope the hullabaloo will be considerate of them.

While in the United States, newspapers and social networks will be all out for the slew of documents in the scandal over the Epstein, the deceased pedophile, documents the Republicans and Democrats will use to try to drown the fish, as we say in French: yes, Trump knew full well that his good buddy exploited young girls, the better to blackmail the rich and famous. In one of the emails, Trump is said to have spent hours at Epstein’s with one of the young girls. But Democrats also! And off we go to the races in assaults of trash as to who will sully the other most.

And so, once again, we wind our ways through another period of mankind’s madness. Some of the tracks may lead to places outside the future under lock and key the rich and powerful are trying to impose on the world, devouring everything in sight like spoiled brats at a 4 year-old’s extravagant birthday party.

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“The dead have dreams? you had asked, surprised. Mother had given you a look of dismay. She seemed to be saying: “have they not taught this child a single thing?”

— We are the dreams of the dead. Us, plants, animals, everything, she had said. And resumed her foraging. And her conversation with the mushrooms.

(Contes d’exil)Tales of Exile

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In the afternoon : I rarely return to the notes I jot down when I wake up, but this time, I feel the need to withdraw for the big discussion supposed to determine is the Israeli government was guilty of genocide or of a crime against humanity. In my opinion, the government is guilty of both, but if I am withdrawing from further discussions on the topic, it is because I don’t understand how this debate, outside legal expertise, will improve the fate of the survivors in concrete terms. It would seem that, in this regard, I’m terribly “North American” or, to use a Québécois expression when issues become muddled being recourse : “What does all that eat in wintertime?”

And in this case: what do they eat for real? Where do they sleep? What sanitary installations are at their disposal? Who is ensuring their safety (or not)? There can be no doubt that the aggressors must pay for their crimes. That many of them will get away on the sly, I don’t doubt either. But in no way does that make me understand in what French people’s immoderate love of debates will improve by one iota the fate of those humans caught in the net of the financial interests scheming around them.

Voilà. Since I have nothing intelligent to bring to the debate, I’m simply withdrawing from it.