
Dans le bus pour Albi, hier, le chauffeur écoute la radio. Une émission dans laquelle une bande d’énervés se coupent la parole à une vitesse folle; je mets un moment à comprendre. La meneuse à la voix la plus criarde de toutes prend des appels. La question du jour : tout le monde devrait-il payer l’impôt sur le revenu, même si leur revenu n’est que d’un euro ? Un auditeur affirme que la citoyenneté passe par l’impôt, donc on n’est pas un citoyen si on ne le paie pas. Une femme renchérit : il faut tous les virer (les politiciens), pour les remplacer par Marine. La meneuse à la voix criarde parle tellement vite qu’à un certain moment elle dit “attendez que je réfléchisse si je sais ce que je dis…oui, c’est ça, les frais de mise en place d’un système pour percevoir un niveau trop faible de revenu sont plus élevés que les montants perçus alors bla et bla et blabla”. À la fin, on déclare que le “sondage” des appels (retenus) est à 70% en faveur de l’impôt pour tout le monde, et la bande d’énervés part reprendre son souffle, ou sniffer une autre ligne de cocaïne, comment savoir.
Au service de cardiologie, après examen, le médecin déclare le problème “sérieux, mais opérable”. D’autres examens à suivre jusqu’à la fin novembre avant de passer sous le bistouri. Je me dis que si c’est “sérieux” mais que ça peut attendre encore un mois, je vais gaspiller le moins de temps possible à y penser (autre que de m’informer aussi complètement que possible sur la procédure).
En fait, ce à quoi je veux réfléchir ce matin (autre qu’à la visite au labo qui aura lieu parce que la personne qui devait m’y conduire hier avait oublié), c’est la section intitulée Pourquoi l’Etat n’as pas d’Origine dans Au commencement était…une nouvelle histoire de l’humanité dans laquelle les auteurs suggèrent que la base du pouvoir social repose sur trois principes – le contrôle de la violence, le contrôle de l’information et le charisme individuel. Ce qui semble une évidence, mais peut s’exprimer de multiples façons, dont toutes ne requièrent pas le Règne d’Imbéciles Lourdement Armés.
Avec la fatigue physique comme compagne; je m’habitue à l’idée qu’il ne s’agit pas de paresse de ma part. Le soulagement (c’est fou, mais c’est comme ça) quand on sait qu’on n’est pas à “faire l’intéressante”, ce qui était la principale remarque désobligeante dans mon enfance, époque où les enfants “devaient être vus, mais pas entendus”.
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In the bus for Albi, yesterday, the driver is listening to the radio. A program in which a bunch of feather-brained idiots interrupt one another while talking at record speed; it takes a while to understand what it’s about. The leader, a woman whose voice is more piercing than that of the others is taking calls from listeners. Today’s question: should everyone have to pay income tax, even if only on one euro of revenue ? A listener declares that citizenship rests on income tax, therefore, you are not a citizen if you don’t pay it. A women abounds: they should all be fired (the politicians) and replaced by Marine (the leader of the far-right RN). The woman with the power drill voice talks so fast that at one point she says “wait, I’ve got to think if I know what I’m saying…yes, that’s right, the costs to set up a system to collect at the lower levels of revenue are higher than the amounts collected so yada yada-yada ya”. In the end, the ‘survey’ of calls (retained) is 70% in favor of income tax for everybody, and the bunch of scatter brains leaves to catch its collective breath, or sniff another line of coke, who knows.
At the cardiology clinic, after examination, the doctor declares the problem “serious but operable”. More exams to follow until the end of November before passing under the knife. I figure that if it’s “serious” but can wait another month, I’ll waste as little time as possible thinking about it (except for collecting as much information about the procedure as possible.)
In fact, what I do want to think about this morning (other than a visit to the lab that didn’t happen yesterday morning because the person forgot to drive me there) is the section titled Why the State Has no Origin in The Dawn of Everything. Where the authors suggest that the basis of social power rests on three principles — control of violence, control of information and individual charisma. Which seems pretty obvious, but can play out in myriad ways, not all of them requiring the Rule of Heavily Armed Fools.
With physical fatigue as a companion; I’m accustoming myself to the notion that it is not laziness. With the relief (crazy, but that’s how it goes) once you know you’re not just “trying to be interesting” which was the main put-down back in my childhood, when “children were to be seen but not heard”.)