13 octobre 2025

Jujubes cueillies dans le parc devant chez-moi

Hier, il y avait, nous dit-on, soulèvement à Madagascar. Aussitôt, toutes les attentions de se porter sur ce bruit nouveau nous distrayant des plus anciens, ennuyeux à force de répétitions — otages israéliens, libérés, oui, non, combien d’eux encore en vie ? Missile russes créant combien de nouveaux morts en Ukraine ?

Ça n’est pas que ma sympathie ne me porte pas vers les exaspérés se soulevant, c’est plutôt que d’exaspérations en exaspérations, émergent constamment les mêmes ambitieux qui y voient se lever leur bonne étoile. Et de cela, ces jours-ci, j’éprouve une fatigue extrême.

Ce matin, ce sera à nouveau le laboratoire des analyses, puis, cet après-midi, visite médicale à Albi. Entre les deux, j’espère en venir à l’écriture de la scène où la gamine découvre le marque-page dans l‘Herbier de prison de Rosa Luxemburg, livre possession précieuse de l’Ogresse. Le marque-page — que la gamine tient à l’envers sans le savoir — se trouve à une page où Rosa Luxemburg, le 6 juillet 1917 de la prison de Wronke, écrit une lettre dans laquelle elle dit : “Ces jours-ci, j’étais méchante, et donc malheureuse, et donc malade. Ou bien l’ordre était-il inversé : j’étais malade donc malheueuse, donc méchante — je ne sais plus.” Toujours est-il que c’est le chant du pouillot des jardins qui la tire hors d’elle-même, chant auquel, écrit-elle, les gens ne prêtent guère attention car ils ” passent généralement à côté des choses les plus agréables de la vie.” Elle compare le petit pouillot à un “orateur populaire né.” “Il soulève les questions les plus incroyables, s’empresse d’y apporter des réponses absurdes, fait les affirmations les plus osées, réfute avec véhémence des opinions que personne n’a jamais entendues enfonce des portes ouvertes, puis triomphe soudain : “Ne l’ai-je pas dit ? Ne l’ai-je pas dit ?” *

Chère Rosa, de sa prison, avec, toujours, l’oeil et l’oreille à l’affut du vivant.

*Rosa Luxemburg, Herbier de prison, (1915-1918), textes traduits par Claudie Weill, Gilbert Badia, Irène Petit et Muriel Pic, éditions Héros-Limite 2023

Le 2e mouvement de la sonate pour piano #8 de Beethoven joue dans ma tête depuis deux jours déjà.

*

Yesterday, we are told, there was an uprising in Madagascar. No sooner said that all attention was on this new sound distracting us from the older ones, that have become boring through repetition – Israeli hostages, liberated, yes, no, how many still alive? Russian missiles creating how many newly dead in Ukraine?

It’s not that my sympathies don’t tend toward the ones rising up, it’s rather that from one exasperation to another, there constantly emerges the ambitious ones who see in them the rising of their very own lucky star. And of that, these days, I experience extreme fatigue.

This morning : lab tests again, followed by a doctor’s visit in Albi this afternoon. Between the two, I hope to finally write down the scene where the girl discovers the bookmarker in the Ogress’ precious copy of Rosa Luxemburg’s Herbarium. The book marker — the kid unknowingly holds it upside down – is at the page where Rosa Luxemburg, on July 6th 1917 from the prison in Wronke, writes a letter in which she says : “These days, I was mean and thus miserable and thus sick. Or was the order reversed: I was sick thus miserable, thus mean — I don’t know anymore.” Whichever may be the case, the song of the garden warbler lifts her out of herself, a song to which, she writes, people don’t pay much attention because “generally, they pass by the pleasant things in life.” She campares le little warbler to a “born popular orator“. “He raises the most incredible questions, rushes to give them absurd answers, makes the most audicaious affirmations, vehemently refuses opinions no one has ever heard before, crashes through open doors, and suddently triumphant, claims: “Didn’t I say so? Didn’t I say so ?

Dearest Rosa, from her prison, with, always, an eye and an ear on the lookout for the living.

The second movement of Beethoven’s piano sonata #8 has been playing in my head for two full days now.

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