Samedi, au matin de mon 79e anniversaire de naissance, je n’étais pas encore au courant de la nouvelle qui m’est parvenue hier : ma fille serait à nouveau internée de force en psychiatrie pour un séjour imposé d’un mois, pendant que mon ex (qu’elle considère maintenant comme son beau-père) s’efforcerait de la faire relâcher. Je ne vois pas en quoi il aurait autorité pour intervenir, j’espère que cette dernière information n’est pas tout à fait juste. De toute évidence, elle a désespérément besoin d’aide dans son délire psychotique et si l’hospitalisation a été imposée, ça n’est certainement pas pour des motifs frivoles. À 6 000 kilomètres de distance et sans un sou, il n’y a strictement rien que je puisse faire pour elle, d’autant plus que j’ai statut d’être démoniaque dans le monde halluciné qu’elle habite.

Ça me fait l’effet d’un échantillon des dommages causés par les grandes hallucinations qui se répandent en ce moment auxquelles les personnes à l’équilibre mental fragile sont les premières à succomber – comme les canaris dans les mines à charbon dont la mort servait d’avertissement de l’arrivée d’un coup de grisou. Si j’étais une adepte des tirages du Yi King, à la question de savoir sur quelle force intérieure compter par les temps qui courent, j’obtiendrais certainement en réponse l’hexagramme 29 – L’entraînement au passage du ravin qui exige de vaincre le vertige et de dépasser la peur. Le vertige du faux proclamé vérité, de la haine se qualifiant de compassion, d’antifascisme faisant figure de terrorisme, tout comme l’écologie d’ailleurs. Rester sain d’esprit alors que la folie appelle de tous côtés.

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Emmanuel Carrère. Kolkhoze. Cadeau d’anniversaire que m’a offert une amie. Je n’avais jamais lu quelque chose par Carrère. Pas plus que je ne le savais fils d’Hélène Carrère d’Encausse sur qui porte ce livre, rédigé après la mort de celle qui fut secrétaire perpétuelle de l’Académie française,et autorité suprême dirigeant les vues de ceux et celles prétendant qu’il ne fallait pas “humilier” Vladimir Poutine. Il est clair que je n’aurais pas dépenser un sou pour acquérir ce livre, dont la lecture me laisse triste au contact, ne serait-ce que littéraire, avec ce petit gotha de celles et ceux pour qui la “reconnaissance de la nation” – c’est-à-dire de celles et ceux que l’ambition motive par-dessus tout – l’emporte sur toute autre considération. La petite Zourabichvilli apatride, devenue française sous le nom faussement aristocratique (le d’Encausse disant simplement que ce Carrère venait d’une commune ainsi nommée dans les Pyrénées), fille d’un homme liquidé au sortir de la 2e guerre mondiale pour sa collaboration avec l’occupant allemand en France. Le plus désolant ? Je ne sais pas, mais la façon dont elle a transformé son mari en petite chose reléguée au fond des appartements de fonction n’a rien pour la rehausser aux yeux de qui que ce soit.

Les drapeaux claquent, le président s’avance pour le discours de circonstance après sa mort. Le premier chapitre s’intitule : L’Hommage de la Nation. Le livre se termine sur le père de l’auteur recherchant et trouvant dans les Pyrénées la pierre milliaire qui indiquerait que Pompée avait bel et bien traversé la région avec ses troupes à Encausse. À chacun ses fiertés, je suppose.

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Last Saturday, on the morning of my 79th birthday, I wasn’t yet aware of the fact that my daughter had been forcibly hospitalized in psychiatry again, this time for a mandatory stay of one month, while my ex (who she considers as her father-in-law) was said to be attempting to get her released. I can’t see what would give him the authority to do so, I hope this last bit of information isn’t exactly right. She obviously is in desperate need of help in her psychotic relirium and if the hospitalization was imposed, it’s certainly not for frivolous reasons. Being 6 000 kilometers away and without a penny to my name, there is strictly nothing I can do for her, especially since she has settled me into a demonic status in the hallucinatory world she inhabits.

It strikes me as a sample of the damages caused by the great hallucinations currently spreading, in which persons with a fragile mental balance are the first to go under – like the canaries in the coal mines whose death served as warning of an oncoming blast of methane. If I were customary of I Ching readings, to the question of knowing which inner strength I should rely on in the oncoming times, I would certainly receive as an answer hexagram 29 Training for the crossing of the ravine, requiring vanquishing vertigo and overcoming fear. The vertigo caused by the false proclaiming itself as truth, hatred re-qualified as compassion, antifascism taking on the figure of terrorism, as is the case for ecology, as a matter of fact. Staying sane when madness beckons from all directions.

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Emmanuel Carrère. Kolkhoze. A birthday gift offered by a friend. I had never read anything by Carrère. No more than I knew that he was the son of Hélène Carrère d’Encausse who is the subject of this book, written after the death of the one who was the Perpetual Secretary of the French Academy, and a supreme authority guiding the views of those who claimed one must not “humiliate” Vladimir Putin. Clearly, I would never have spent a penny on acquiring this book, the reading of which left me feeling sad at a contact – be it only a literary one – with the tight little gathering of those for whom the “gratitude of the nation” – which is to say of those whose ambition serves as an overriding motivator – takes precedence on everything else. The young stateless Zourabichvilli, who became a French citizen under the falsely aristocratic name (the d’Encausse merely indicating that this Carrère came from a townlet of that name in the Pyrenees), daughter of a man liquidated after the 2nd World War for his collaboration with the German occupier in France. The saddest of all? I don’t know, but the way in which she transformed her husband into a little thing relegated to the back of the official residences does nothing to elevate her in the eyes of anyone.

The flags snap in the wind. The President moves forward to pronounce the official speech following her death. The first chapter is titled: The Nation’s Homage. The book ends on the author’s father searching for, and finding, the milestone indicating that Pompey had truly crossed the region with his troops at Encausse. To each his motives of pride, I suppose.