4 septembre 2025

Ça brûle, ça cuit, ça se déchire, ça cuit à nouveau, je ne saurais dire comment ni pourquoi, un jour, nous y sommes, c’est comme ça, c’est tout, d’abord les levures, puis nous; la famille me dépose en voiture dans une autre ville où je vais assister à un spectacle, juste avant que mon père ne redémarre, je me rends compte que je n’ai que 2€ en poche – le prix d’entrée pour le spectacle – je lui demande une avance pour pouvoir prendre le bus au retour, la discussion s’engage dans la famille – 5€ ? en monnaie ou en billet ? Oui mais, 5€, c’est un peu juste, si elle oui mais non, en plus, la connaissant, elle risque de tout dépenser oui mais…Much Ado About Nothing

Au réveil : la chanson Anathea – ancienne ou calquée sur l’ancien – dans laquelle le frère d’Anathea est emprisonné pour le vol d’un étalon du roi, malgré les avertissements, elle se rend chez le juge lui offrir or, argent, six beaux chevaux pour la vie de son frère, mais le juge exige plutôt sa virginité et ce sera du lit doré du juge qu’elle entendra le gémissement du gibet sous le poids du corps de son frère. Le Much Ado About Nothing du rêve étant bien le fond de la discussion ridicule dans le rêve si on note que dans le langage de l’époque Shakespearienne, le nothing était aussi une référence à ce qui forme la trame de cette comédie – le vagin, considéré comme un nothing – un rien – en comparaison avec l’appareil génital masculin et la virginité, le bien le plus précieux à offrir à son époux. Quant au premier rêve – les levures, ensuite, nous – même en le rêvant, j’ai su qu’il s’agissait de propos tenus par un “cucube” dans son explication de ses origines dans L’Horloger des Brumes, un “nous” sautant allègrement par-dessus la présence des humains, entre les levures et lui-même, humains dont il n’avait jamais eu connaissance.

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Clair Soleil des Esprits, reçu hier* – à la réception en février des livres commandés aux Editions Mesures, il avait été perdu en transit dans un colis abimé. Le livre ne pourrait pas mieux tomber, Françoise Morvan faisant, comme toujours, un travail de présentation des thèmes caractéristiques de la poésie de cette époque : l’inconstance, le doute porté sur les apparences, la fragilité d’un théâtre du monde appelant à rechercher la solitude, le sentiment d’une instabilité universelle, sur fond noir, sur champ de sable…” (le champ de sable désignant le fond noir comme la zibeline (sable en anglais) sur lequel se déploient les figures d’un blason, terme qu’elle utilise comme titre d’un ensemble évoquant la maison de l’enfance, à travers les saisons conduisant à sa perte.)

Comme à peu près tout le monde, sans doute, le seul nom que je connaissais de l’âge du baroque était celui d’Agrippa d’Aubigné à cause de sa défense forcené des Protestants – nous sommes à l’époque du Massacre de la Saint-Barthélémy, et d’un âge où un poète pouvait subir le supplice de la roue et voir ses oeuvres brûlées avec lui, pour s’être moqué du roi dans un libelle anonyme…”ça brûle, ça cuit, ça se déchire, ça cuit à nouveau…”

Pour moi, se rajoute alors au “discours” de cucube, sa notion de ce qu’il en est des époques dans l’histoire de la planète (eh oui, si “l’homme est un roseau pensant”, pourquoi un cube de silice serait-il incapable de réflexion ?); la planète, et l’ensemble auquel elle appartient, voyage à des vitesses stupéfiantes à travers un “vide” dont on ignore tout, y compris les courants qui le traverse comme des nuages et dont certains induisent des angoisses irrésistibles, déclenchant des périodes d’horreurs diverses auxquelles on ne comprend rien. Puis les accalmies reviennent, les cucubes prennent leur envol, survient un âge de grâce et de lumière…

*Françoise Morvan, Clair Soleil des Esprits, Amour et mort à l’âge baroque, Éditions Mesure, 2025

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It burns, it bakes, it splits, it bakes again, I don’t know why , that’s just how it is, then at first, there’s yeasts, then us; the family drops me off in another town where I’m going to see a show, just before my father drives away I realize I only have 2€ in my pocket – which is the price of the ticket for the concert – and won’t have anything for the bus home, a discussion starts up in the family – 5€ ? in coins or as a bill ? yes but 5€ is a bit tight, what if she yes but no, plus knowing her she’ll probably spend the whole thing yes but.. .Much Ado About Nothing

Upon waking: Anathea – an old song or one scripted as if it was old – in which Anathea’s brother is imprisoned for stealing one of the king’s stalions, despite warnings of caution, she goes to the judge offering gold, silver and six fine horses to buy her brother’s freedom, but the judge demands her virginity instead and from the judge’s golden bed, she hears the gallows groaning under the weight of her brother’s body. The Much Ado About Nothing in the dream truly being what the ridiculous discussion is about – in Shakkespearian days, nothing was also a reference to what the whole comedy is about – the vagina, considered as a nothing compared to the male genitals and virginity the most preciouus posession she could offer to her spouse. As for the first dream – yeasts, then us – even while dreaming it I knew these were words pronounced by a “cubie” in his explanation of his origins in L’Horloger des Brumes, his “us” blithely skipping over the presence of humans, between yeasts and himself, humans of which he’s never even had an inkling.

Clair Soleil des Esprits, received yesterday – it was missing when the shipment arrived in February of the books I had ordered from Editions Mesures, that had been damaged in transit. The book couldn’t arrive at a better moment, as always, Françoise Morvan gives a solid introduction to the characteristic themes of that period : inconstancy, doubt pertaining to appearances, the fragility of the world theater giving rise to a yearning for solitude, the feeling of a universal instability, on a black background, a field of sable (designating the black on which the heraldic figures are displayed, a term she used as the title for a series evoking the childhood home through the seasons leading to its loss.)

As most people no doubt, the only name I knew from the baroque period was that of Agrippa d’Aubigné because of his fierce defence of the Protestants in France – this is the age of the Saint-Bartholomew Massacre and a time when a poet could be subjected to the rack and see his works burned with him for having mocked the king in an anonymous pamphlet…” it burns, it bakes, it splits, it bakes again…”

Thus, for me, adding to cubie’s “discourse” his notion of what these historical periods are about as far as the planet is concerned (well yeah, if “man is a thinking reed”, why should a cube of silicium be incapable of musings?); the planet, and the body to which it belongs travels at stupefying speeds through an “emptiness” we know nothing about, including the currents that run through it like clouds, some of them inducing irresistible anxieties that trigger various horrors to which we understand nothing. Then lulls occur, the cubies take flight, an age of sweetness and light prevails…

*Françoise Morvan, Clair Soleil des Esprits, Amour et mort à l’âge baroque, Éditions Mesure, 2025

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