
Il s’agissait (et ça se passait dans le rêve même) de réaliser une traduction mot à mot d’un texte dans lequel il était question des retrouvailles en miroir de deux comédiens revenus de l’étranger et qui se saluaient, ivres-morts, perchés sur des statues équestres qui se faisaient face (un commentaire expliquait que cela avait trait au texte de Guy Debord sur la société du spectacle.)
Les codes – les décalages entre ceux qu’on possède et ceux qu’on ne possèdera jamais parce que là d’où l’on vient, ils étaient différents. Ce qu’on mangeait, buvait, comment on s’habillait, le temps qu’il faisait, les langues qu’on parlait, la musique qu’on écoutait, les modes éphémères typiques d’une génération, les expressions, les événements locaux marquants. Ce qui est à moi, ce qui est à toi, ce qui nous appartient en commun. Le partagé, le non-partagé. Les jeux, les blagues, les fausses évidences du style “tout le monde sait bien que…” alors que, justement, le “tout le monde” dépend de qui il est question.
Réflexions sur la propriété privée et le commun. Sur les repères symboliques, sur ce qui se révèle lorsqu’ils perdent leur pouvoir de cohésion sur le groupe. Où se trouvent les lignes de force.
Abstractions que tout ça ? Au contraire. Questions vitales.
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“L’Ombre — …L’affaire n° 8989 est close. On y a ajouté la volonté de la princesse et mon ordre n° 0001. Il est ordonné de m’appeler “Votre Excellence” tant que nous n’aurons pas un nouveau titre qui nous siée au mieux.” *
*Evguéni Schwartz, L’Ombre, Conte en trois actes, traduction André Markowicz, Les Solitaires Intempestif, 2011
It had to do with (and this was occurring in the dream itself) realizing a word for word translation of a text about the reunion between two actors who had both come back from abroad and who were meeting up again, dead drunk and up on equestrian statues facing one another (a commentary explained that this had something to do with Guy Debord’s text on the Spectacle Society).
The codes – the gaps between those we have and those we will never have because, where we came from, they were different. What was eaten, drunk, how one dressed, the temperature, the languages spoken, the music you listened to, the passing fads typical of a generation, expressions, significant local events. What is mine, what is. yours, what belongs to everyone. The shared, the not-shared. The games, the jokes, the falsely obvious in the mode of “everybody knows that…” where, the “everyone” depends precisely of who this is about.
Thoughts around private property and commonality. On symbolic landmarks, what is revealed when they lose their cohesive power on the group. Where the driving forces lie.
Abstractions, all of this ? On the contrary. Vital questions.
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“The Shadow — …Case n° 8989 is closed. We have added to it the princess’ wish and my order n° 0001. It is herby ordained that I be called “Your Excellency” until such time as we find a title that suits me better.” (Evgueny Schwartz, The Shadow, a play in three acts.)