25 août 2025

Une voix “you call this doing your best for humanity?” (vous appelez ça faire de votre mieux pour l’humanité ?”; puis des Russes, hommes et femmes, recrutés pour une action quelconque dans une école, l’une des femmes a la chevelure magnifique de Solveig Dommartin dans Les Ailes du Désir et avec quelqu’un d’autre, je tentais de déterminer à quoi nous faisait penser une odeur dans l’école; puis photos d’un couple, lui noir, elle blanche, heureux, ça se voyait, ils n’avaient pas besoin de “prendre la pose”.

Traces du film de Wim Wenders, revu hier soir sur Arte. Le vieillard avec l’un des anges dans un champ de ruines, à la recherche de sa Potsdammer Platz, son invocation à la muse à savoir comment “lui, l’ange du récit, est devenu le joueur d’orgue de barbarie ignoré et raillé en dehors sur le seuil du no man’s land”.

Précédé, sur Arte toujours d’un docu d’une trentaine de minutes, où j’en apprends enfin un peu plus long sur le “mouvement étudiant” en Serbie – mouvement bel et bien lancé et soutenu par les étudiants, mais qui atteint dorénavant toutes les couches de la société dans sa dénonciation de la corruption endémique rongeant le pays. Le 1er novembre 2024, l’auvent de la gare rénovée à grand frais, s’effondre, tuant 15 personnes (une 16e mourant plus tard). L’ingénieur dénonce le non-respect du cahier des charges, les étudiants occupent l’université, et le mouvement prend de l’ampleur depuis sans que le gouvernement ne parvienne vraiment à le juguler, car il trouve des appuis jusque dans les forces armées du pays. Le vrai mystère étant le silence quasi total des “grandes salles de presse” ici, à ce sujet.

Précédé de la lecture d’un article de Médiapart sur “le crépuscule des dieux ” — celui des grandes banques. Celles-là même qui, au moment de l’effondrement de 2008, se sont vues renflouées par, littéralement, des dizaines de milliers de milliards de dollars. Résultat : au nom de la “stabilité financière”, explosion du nombre de milliardaires, et diminution constante des services. Alors, pourquoi parler de “crépuscule” ? Ah, mais, c’est qu’il y a maintenant concurrence directe aux monnaies passant par les grandes institutions par les monnaies non-réglementées, ces dernières bénéficiant même, sous le régime mafieux aux Etats-Unis, d’une légitimité mettant en cause …les équilibres financiers mondiaux fondés sur le dollar américain. Moins d’argent dans les circuits officiels, plus de fric dans les réseaux non réglementés. Au-delà de la volonté de Trump ” d’exercer un présidentialisme sans limite, ses objectifs sont clairs : loin de vouloir mettre la monnaie au service de l’intérêt de tous, il s’agit, pour les plus fortunés qui sont désormais installés au cœur de la machine gouvernementale, de mettre la main sur le dernier bastion qui leur résiste : la banque centrale.”

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Hier matin, le marché était celui de la pré-rentrée où, d’un coup, on ne faisait plus un pas sans croiser celle revenue de Paris, toujours amoureuse du Musée d’Orsay, l’autre jurant ne jamais remettre les pieds sur une plage au mois d’août, une troisième vantant l’effet remontant de l’air des Pyrénées. Toutes me trouvaient bonne allure et l’air “en forme”. Mais oui, puisqu’on le dit, je le confirme. De retour chez-moi, je note la scène loufoque qui me tourne dans la tête, digne d’un film des Marx Brothers, lors du repas où le fiancé de ma deuxième soeur avait fait son apparition avec l’un de ses frères après la messe du dimanche, le plus benêt des deux n’étant pas nécessairement celui qui s’appelait Martin et qui s’était renversé du jaune d’oeuf sur la cravate, lors de son concours avec le fiancé, à savoir lequel des deux pouvait avaler son oeuf sur le plat tout rond. Incident survenant tout de suite après que le fiancé, vendeur d’assurance de son état, ait expliqué devant la famille réunie, qu’il avait d’abord été attiré par la beauté de l’aînée avant de se dire qu’avec son diplôme de l’école de secrétariat, la seconde, “moins jolie” (sic) lui serait beaucoup plus utile. Il faut avoir une furieuse envie de quitter le nid pour épouser un imbécile pareil qui se révéla à la pleine hauteur de sa bassesse, si j’ose m’exprimer ainsi. Quant à ce qu’a pu éprouver l’aînée…du soulagement, j’espère, plus qu’autre chose. Ah, les beaux jours des “Veillées des Chaumières”, revue catho pour jeunes filles de bonne famille. Et Christiane, alors, le “magazine de la jeune fille moderne”… Et Berthe Bernage. Et…Bref.

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Les notes s’empilent, sans ordre particulier, à mesure que les souvenirs envahissent le territoire mental. Je ne sais pas ce que j’en ferai. Comme toujours, j’attends que l’une d’elle impose un mot, une phrase que je dois noter. J’arrête lorsque les mots s’arrêtent, même si le souvenir se poursuit.

(Avant hier, je n’avais jamais remarqué le tigre sur le sac que j’utilise pour transporter mon porte-monnaie, mouchoir, cahier, style bille.)

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A voice “you call this doing your best for humanity?”; then, some Russians, men and women, recruited for some action or other in a school, one of the women has the magnificent head of hair of the actress Solveig Dommartin in Wim Wenders’ The Wings of Desire, while with someone else, I attempt to determine of what the smell in the school reminds of: then photos of a couple, he is black, she is white, happy, you can see it they have no need to “take a pose”.

Traces of the Wim Wenders film I watched on Arte last night. The old man with one of the angels in a field of ruins, searching for his Potsdammer Platz, his invocation to the muse to tell him how, “he, the angel of storytelling, has become the organ grinder ignored and laughed at outside, on the edge of no man’s land.”

Prior to that, still on Arte, a short documentary of some thirty minutes in which I finally learn more about the “student movement” in Serbia – a movement truly launched and supported by the students, but that now reaches every levels of society in its denunciation of the endemic corruption destroying the country. On November 1st 2024, the awning on the train station recently renovated at great cost collapsed, killing 15 people (a 16th died later). The engineer denounced the lack of respect for the specifications document, the students occupy the university and the movement has been growing since without the government truly managing to stop it, since even members of the country’s armed forces support it. The true mystery being the almost total silence from the important “editing desks” over here, on this topic.

And prior to that, the reading of an article on Médiapart about “the twilight of the gods” — that of the large banks. The very same ones that, during the crash of 2008 were rescued with, literally, then of thousands of billions of dollars. As a result: in the name of “financial stability”, an explosion in the number of billionaires, and constant lowering in services. So, why talk of “twilight”? Ah, but they now face direct competition from non-regulated currencies, these now even benefitting, under the mafioso regime in the United States, of a legitimacy threatening… the world-wide financial balances based on the American dollar. Over and above Trump’s will “to exercise an unlimited presidentialism, its goals are clear: far from wishing to place money at the service of everyone’s interests, for the wealthiest who are now installed at the core of the governmental machinery, the intent is to take hold of the final bastion still resisting them; the central bank.

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Yesterday morning, the market was that of the pre-start of the fall season where, all of a sudden, you couldn’t take a step without running into the one just back from Paris, still enamoured with the Musée d’Orsay, the other swearing she would never again set foot on a beach in August, a third praising the invigorating air of the Pyrénées. They all found me looking good, and in the best of shapes. So, yes, if they say so, I confirm. Back home, I jot down the wacky scene playing in my head, worthy of a Marx Brothers’s movie, the one of the meal where number two sister’s fiancé came for brunch after mass with one of his brothers, the dumbest of the two not necessarily being the one whose name was Martin and who spilled egg yolk on his tie during a contest with the fiancé, as to which of the two could gobble down his fried egg without breaking the yolk. This incident occurring after the fiancé, an insurance salesman by trade, had explained to the gathered family that he had first been attracted by the eldest daughter’s beauty before telling himself that, with her secretarial school diploma, the second sister “not as pretty” would better serve his interests. You have to be possessed of a fierce desire to leave the nest in order to marry such an idiot, who revealed himself at the full height of his vileness, if I may put it this way. As to what my eldest sister experiences…relief, I hope, more than anything else. Ah, the fine days of the “Veillées des Chaumières” (Evenings in the Cottages) a catholic magazine for young ladies of good repute. And what about Christiane, the “magazine for the modern young lady”. And…And so on.

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The notes stack up, in no particular order, as the memories take over the mental territory. I don’t know what I’ll do with them. As always, I wait for one to impose a word, a sentence I must jot down. I stop when the words do, even if the memory keeps on running.

(Prior to yesterday, I hadn’t notice the tiger on the bag I use to carry round my wallet, handkerchief, notebook, ballpoint.)

6 comments

    • “Amba, méfiez-vous, capitaine,” disait Dersou. Le tigre, qu’il appelait aussi “l’homme”. “Pas de hâte ! C’est Amba. Comprends-tu ? Amba!’ (je crois que je vais relire Dersou Ouzala) 🙂

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      • Cette nuit, j’ai rêvé d’un conte où un tigre s’invitait dans un village, en disant : “j’étais tranquille dans la forêt, mais à force d’avoir peur de moi vous m’avez fait venir ; et tant que vous aurez peur de moi je resterai dans votre village”.
        ça n’était pas un tigre particulièrement méchant, retors ou cruel, plutôt un tigre débonnaire. Mais un tigre quand même, avec les conséquences qu’un régime carnassier peut entrainer pour ses hôtes…
        Qu’advient-il du village, des villageois et du titre ? Dans mon rêve, il manque la fin (heureuse ?) du conte.
        Bien malin qui en tirerait des conclusions géostratégiques ou diplomatiques contemporaines 🙂

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