20 août 2025

Rêve : Il faut déménager ma fille dans l’urgence absolue d’une fermeture imminente des frontières, rassembler l’essentiel, la course ensuite pour sortir de l’immeuble et rejoindre l’aéroport au plus vite vite encore plus vite.

Le rêve ne précisait pas si nous arrivions à temps pour le dernier vol.

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Pour l’essentiel hier, j’ai pris congé de facebook après lecture de la traduction de l’un des monologues de Hamlet, publié par André Markowicz, la perspective de toutes les variations sur les thèmes de l’indignation et du dégoût que provoque le locataire actuel de la Maison Blanche…un autre jour, il y en a toujours plus que trop et pour pas grand chose. Non, j’avais envie de relire ce même passage dans ma copie de la pièce qui se trouve entre les pages 1 924 et 2 003 de la compilation réalisée par Jonathan Bate et Eric Rasmussen pour le compte de la Royal Shakespeare Company (RSC) des oeuvres complètes, à partir du 1er folio de 1623, mais incluant les rajouts ou modifications des éditions subséquentes, avec une présentation de chaque oeuvre. Un livre qui se consulte à plat sur la table. Il pèse 2kg500, cadeau précieux offert par ma fille, il y a bien au moins 15 ans de cela, durant l’une des périodes d’accalmie des grands dérangement qui se saisissent d’elle à intervalles imprévisibles, comme des événements météorologiques déréglant même l’échelle de Beaufort.

Du coup, j’ai passé la matinée à relire Hamlet. Le défi que représenterait pareille traduction me dépasse complètement, par manque de don, certainement, mais aussi parce que les mots tels qu’ils sont font entièrement corps avec le sens, pour moi – les bonheurs et les justesses d’expression, les alliterations, le rythme, le balancement parfois presque imperceptible d’une phrase à l’autre, l’économie de mots que permet souvent l’anglais, par exemple, le commentaire de Hamlet lorsque son oncle se reconnaît dans la pièce qu’interprète les comédiens

why let the stricken deer go weep

the hart ungallèd play.

For some must watch, while some must sleep:

So runs the world away.

Dans mon cerveau à moi, c’est aussi impossible à traduire que le full fathom five thy father lies dans The Tempest.

La traduction fait découvrir autre chose – qu’on n’avait pas nécessairement saisi comme tel dans l’original ou qu’on réalise autrement, du simple fait que cette langue-ci ne découpe pas le sens d’un mot dans le même tissu que celui dont il est tiré dans l’autre. De ce fait, ce qu’il évoquera sera différent aussi.

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La perspective de reprendre contact avec ce qu’on nous raconte m’est aussi désagréable aujourd’hui qu’elle l’était hier. Omissions et mensonges, aussi étouffants que la fumée s’élevant des incendies un peu partout, pendant que procèdent les charcutages et les mutilations.

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Et après un bref regard sur les infos :
Je me sens aussi incapable aujourd’hui qu’hier de reprendre le papotage sur Facebook. Je sais que ce mot de papotage est très injuste envers les personnes qui y mettent des heures et des heures pour tenir les autres informés des horreurs diverses et variées que nous traversons,mais il y a des moments où tout ce bruit me semble empêcher d’entendre l’essentiel, ou d’agir sur l’essentiel, je ne sais pas trop comment l’exprimer …quand je ne saurais même pas dire ce que serait l’essentiel, en ce moment.

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Dream: My daughter must be moved with all urgency before the imminent closing of the borders, gathering the essentials, then the race to leave the building and get to the airport as fast as possible, quick, quick, faster.

The dream did not specify if we made it on time for the last flight.

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Yesterday, for the most part, I took leave of facebook after reading André Markowicz’ French translation of one of the monologues in Hamlet, the thought of all the variations on themes of indignation and disgust caused by the current tenant in the White House was too much…it could wait for another day, there is always too much of it already, basically to no avail. No, I felt like re-reading the same in the play, my copy of which runs from page 1 924 to 2003 in the compilation done by Jonathan Bate and Eric Rasmussen for The Royal Shakespeare Company (RSC) of the complete works based on the 1st folio from 1623, but including the additions and modifications in the subsequent editions, with a presentation of each work. A book to be consulted laid flat on the table. It weighs 2 kg 500, a precious gift offered by my daughter, it must be at least 15 years ago now, during one of the periods when the great disturbances abate that take hold of her at unpredictable intervals, like climatic events throwing the Beaufort scale to the winds.

So that I spent the morning re-reading Hamlet. The challenge that would represent such a translation is completely beyond me, certainly through lack of gift for same, but also because the words as they stand are so thoroughly wedded to the meaning for me – their appropriateness, the delightful finds, the alliterations, the rhythm, the almost imperceptible swaying from one sentence to the other, the economy of words English often allows, for instance, Hamlet’s comment when his uncle recognizes himself in the play interpreted by the actors

why let the stricken deer go weep

the hart ungallèd play.

For some must watch, while some must sleep:

So runs the world away.

In my own brain, this is just as impossible to translate than the full fathom five thy father lies in The Tempest.

The translation makes you discover something else – that one hadn’t necessarily understood quite that way in the original or that one understands differently due to the simple fact that this language does not carve out the meaning of the word from the same cloth it was made out of in the other. Thus, what it will evoke will be different also.

The thought of re-establishing contact with what we’re being told is just as unpleasant to me today as it was yesterday. Omissions and lies, as stifling as the smoke rising for the fires a bit everywhere while the maimings and manglings proceed.

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And after a brief look at the news :

I feel just as unable as as did yesterday to deal with all the yammering on Facebook. I know that this word of yammering is very unfair to the people who mut in hours and hours in keeping others informed of the many and diverse horrors going down , but there are times when all this noise gives me the impression of keeping us from hearing what’s essential, or of acting on what’s essential, I don’t really know how to say it…when I can’t even say what the essential would be, at the moment.
Je me sens aussi incapable aujourd’hui qu’hier de reprendre le papotage sur Facebook. Je sais que ce mot de papotage est très injuste envers les personnes qui y mettent des heures et des heures pour tenir les autres informés des horreurs diverses et variées que nous traversons,mais il y a des moments où tout ce bruit me semble empêcher d’entendre l’essentiel, ou d’agir sur l’essentiel, je ne sais pas trop comment l’exprimer …quand je ne sais même pas ce que serait l’essentiel, en ce moment.

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