“Army of One”

Nous (?) formions un groupe d’intervention pour l’aide au devoir en ligne qui se présentait comme un jeu sans quoi nous aurions été radicalement ignorés, le groupe connaissait un certain succès et nous discutions de méthodes pour augmenter notre efficacité; le morceau de musique n’était pas encore écrit, en fait, il n’existait pas du tout encore, qu’arriverait-il le lendemain au concert lorsque je m’installerais devant le piano, “tout ira bien” me disait-on et je faisais de mon mieux pour m’en convaincre; “la musique passera outre ta conscience and coulera directement de tes doigts quand tu les appliqueras sur le clavier. Ex-nihilo, voilà, “insistaient-ils, “c’est ce que ex-nihilo veut dire.”

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Je pique au hasard dans la collection de cahiers tenus au fil des ans. Celui-ci, entre septembre et décembre 2022. Le 9 décembre, une personne à qui j’avais confié la lecture de “Une poule avertie en vaut deux”, me le rend avec ces mots : ” J’ai abandonné à la page 70. C’est trop, je ne peux pas.” Bon. Trop. D’accord. Le commentaire me fait penser à ma voisine, une jeune femme fort sympathique, chanteuse de son état et mère de deux petites filles. Comme bien d’autres membres très sympas de la communauté artistique locale, elle professe une vision de l’existence axée sur la gentillesse et la bienveillance – valeurs précieuses, il va sans dire, mais dans une interprétation qui semble exiger de la part de ces jeunes femmes de ne jamais faire référence aux horreurs et aux laideurs. Sur sa page facebook, jamais au grand jamais, est-il fait mention de la guerre en Ukraine, par exemple. Au point de ne jamais au grand jamais commenter quoi que ce soit sur ma page qui est presque entièrement – mais pas exclusivement – consacrée à ce sujet. Elle n’est pas la seule, comme si le sujet était tabou. Comme si, en refusant de le voir ou d’y réfléchir, le monde de la bienveillance et de la gentillesse pourrait survivre intact. Comme si elles avaient mission de “réparer le monde” en ne se concentrant que sur la gentillesse et parviendraient ainsi à l’imposer au monde. Des sortes de carmélites laïques avec le déni en principe directeur.”

Le 20 septembre 2022, jour de mon 76e anniversaire : “Voix: je suis très sensible à leur timbre, leur tonalité, leur débit, au point d’être incapable de supporter le contenu de leur communication, que ce contenu m’agrée ou non, si la voix elle-même m’insupporte.”

Il en est peut-être ainsi pour tout le monde, qu’on en soit conscient ou pas ?

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17 octobre 2022 : “Dieu est partout,” me dit-elle. J’essaie d’imaginer un être qui n’a pas de côtés… pas de devant/derrière, de tête, pied gauche, pied droit…Un être…déjà, si je dis un, c’est qu’il est distinct et comment peut-il être distinct s’il n’a pas de forme ? “La difficulté est dans tes mots,” dit-elle.

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We (?) were part of an online group doing homework assistance and presenting itself as a game, or we would have been radically ignored, the group had a certain success and we were discussing methods by which to increase our efficiency; the piece of music had not been written, in fact, it didn’t exist at all yet, what would happen during the concert the next day when I would take place before the piano, “all will go well,” they kept on repeating and I did my best to convince myself of it; “the music will by-pass your awareness and flow directly out of your fingers when they strike the keyboard. Ex-nihilo, voilà,” they insisted “that’s what ex-nihilo means.”

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I pluck at random in the collection of notebooks covered over the years. This one, between September and December 2022. On December 9th, the person to whom I had given “Une poule avertie en vaut deux“, to read, hands it back to me saying: “I gave up on page 70. It’s all too much, I just can’t.” Oh. Too much. OK. The comment reminds me of my neighbor, a most pleasant young woman, a singer by profession and mother of two little girls. Like many other most pleasant members of the local artistic community, she holds to a vision of existence centered on kindness and benevolence – precious values, it goes without saying, but in an interpretation that seems to require from these young women never to refer to horrors or ugliness. On her facebook page, never ever is there any mention of the war in Ukraine, for instance. To the extent of never ever commenting on anything on my own page which is almpst entireley – but not exclusively – devoted to this topic. She’s not the only one, as if the topic were tabu. As if, by refusing to see it or think about it, the world of benevolence and kindness would survive untouched. As if they were on a mission to “repair the world” by concentrating solely on kindness to impose it upon the world. Sort of lay cloistered nuns with denial as their guiding principle.”

On September 20 2022, the day of my 76e birthday : “Voice: I’m very sensitive to their tone, their pitch, their flow, to the point of being unable to stand the content of their communication, whether I like the content or not, if I find the voice itself unbearable.”

This is maybe the case for everyone, whether consciously or not?

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October 17 2022 : “God is everywhere,” she says. I try to imagine a being that has no sides…no front/back, no head, no left and right feet…how is this possible? A being…already, in saying one being, this means it is separate from other beings, how can it be separate if it has no shape ? “The difficulty is in your words”, she tells me.