23 juin 2025

Un membre âgé de l’équipe gouvernementale se distinguait en prenant la défense de quelqu’un, contre l’avis de ses collègues, il avait retiré sa veste officielle et faisait un pas de danse enjoué; je finissais de transcrire les notes sur l’université et toutes les blagues qui s’y étaient dites, puis je détachais du mur la carte géographique des universités qui y était fixée avec des punaises, c’était définitivement la fin d’une époque historique.

Noté hier dans dans Empire of AI de Karen Hao le titre d’une chronique de l’économiste Milton Friedman publiée dans The New York Times en 1976 : “The Social Responsibility of Business is to Increase Benefits” (L’Accroissement des Profits Constitue la Responsabilité Sociale des Entreprises”). Nous vivons ce qui est peut-être les phases ultimes d’un monde fondé sur cette croyance imbécile qui nous promet l’arrivée de brosses à dents nous faisant rapport sur l’état de notre émail dentaire, au prix de tout ce qui pouvait constituer la solidarité humaine. Autant que tous les autres qui ont pu dénoncer la destruction des rapports humaines au coeur du capitalisme, d’une façon ou d’une autre, je n’ai pas vraiment perçu la profondeur de la pourriture et surtout, pas su trouver les germes de ce qui aurait pu remplacer ce système, alors que les “crypto bros” et milliardaires de l’IA font le siège à l’intelligence humaine avec des machines dévorant toujours plus de ressources, y compris en eau potable (la seule qui ne risque pas de corrompre les précieuses connexions de leurs monstres métalliques +++).

Hier après-midi dans la chaleur étouffante qu’on nous promet plus forte pour les jours à venir, j’ai regardé un documentaire sur Médiapart, intitulé Paradis, la bataille contre le “dragon du feu” chez les Yakoutes habitant un village en Sibérie où le gouvernement n’intervient pas si les frais d’une intervention sont plus élevés que le “coût” de laisser tout brûler. Images d’apocalypse, un village voisin brûle complètement, celui-ci résiste pour une année encore, une gamine récite des extraits du conte yakoute “et le vent souffla sur la montagne“. La morale du conte : le vent se retire une fois que sa violence a obligé les hommes à s’unir contre lui.

Je n’ai pas encore regardé les messages ou les informations du jour.

Aucuns règlements de compte dans le parc cette nuit. Dormi une nuit complète. Dernier atelier d’écriture de la saison, cet après-midi, et possiblement le dernier de tous, les fonds n’étant plus disponibles pour assurer la survie de la petite structure locale qui les offrait. De toutes façons, mis à part les exigences monétaires inévitables, nous vivons tous plus ou moins du troc, ces jours-ci. (Nous ne nous en portons pas plus mal d’ailleurs, mais je doute que les plus argentés parmi nous acceptent gracieusement d’en faire autant. Je veux dire : comment peuvent-ils se sentir “supérieurs” si le reste de l’humanité n’a pas à en souffrir ? )

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An elderly member of the governmental team distinguished himself by defending someone against the opinion of his colleagues, he had removed his official vest and did a few lively dance steps; I was finished the transcription of notes on the university with all the jokes that were spoken there, then, pulling out the thumbtacks holding up on the wall the map of universities, it was the end of a historical era.

Noted yesterday in Karen Hao’s Empire of AI, the title of an opinion by economist Milton Friedman published in 1976 in The New York Times: “The Social Responsibility of Business is to Increase Profits”. We are living through what may prove to be the final phases of a world based on that idiotic premise promising us the arrival of toothbrushes that will report on the status of our dental enamel at the cost of everything that favored human solidarity. Like all the others who may have denounced the destruction of human relationships at the core of capitalism, one way or another, I did not perceive the depth of the rot nor the seeds of what could replace this system, as the crypto bros and AI billionaires lay siege to human intelligence, devouring resources (including in potable water, the only one that presents no risk of corruption for their precious +++metal monsters).

Yesterday afternoon in the stifling heat we are promised will be stronger in the next few days, I watched a documentary on Médiapart titled Paradise, the battle against the “dragon of fire” of Yakuts living in a Siberian village. They live in a Russian zone where the government doesn’t intervene, if the financial cost of doing so is higher than the “cost” of letting the area burn down. Apocalyptic images, a neighboring village burns down completely, this one holds on for yet another year, a young child recites excerpts of a Yakut tale “and the wind blew on the mountain”. The moral of the tale: the wind abates after its violence has forced men to unite against it.

I haven’t yet taken a look at messages or today’s news.

No settling of scores in the park last night. Slept a full night. Final writing workshop of the season this afternoon. Possibly the final one altogether, funds no longer available for the small local structure providing them. In any event, apart for those things where a monetary exchange is inevitable, we’re living off the barter system around here. (None the worst for it, I should add, but I doubt the more moneyed ones among us will graciously agree to do the same. I mean, how can they possibly feel “superior” if the rest of humanity isn’t made to suffer ?)

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