
(calendrier de personnalités anarchistes par le graveur Thomas Hallon Hallbert de Castres)
Dernière chose lue hier soir : poème de Kari Unksova*
La vérité n’a pas besoin de la lumière
Elle vit des larmes simples
De la sympathie commune
La souplesse du vrai rire
La rigueur d’un ciel de lune
Les ennemis !
S”écartent branches sur les lèvres
La peur disperse les chevaux qui boivent
Nous fûmes Trois et Deux ne s’aperçoivent
Que pour le manque du Troisième en nous.
Les mots régnants sont achevés, arides
Entre la langue et eux – un bouclier
“Et quoi après ?” dit mon oreille vide
L’écho du coeur vient la multiplier.
Après ? C’est le déluge. Il broie les pierres
Creusant la vague ses haillons confus
Et nul ne voit jaillir dans la lumière
Vidée les signes. Le déluge fut.
Et les montagnes meurent. Les montagnes
Ressortent la contrée entière gît
Et plus d’après sur plus d’après me gagne
Et le déluge sans reflux rugit.
*Kari Unksova, La Russie L’Été, Préface et traduction d’André Markowicz, Editions Mesures, 2021
*
Il est 5h. Debout depuis 3h30, après un rêve sur des mensonges que débitait une femme sur la supériorité de la “race” blanche éructées dans un restaurant gigantesque consacré aux hamburgers. Vraiment immense, comme une salle de congrès. Des mensonges, des mensonges partout comme des cheeseburgers à trois étages.
Silence radio de Jean-Marc Adolphe. En conséquence, j’écris des articles pour rien puisqu’il a demandé qu’on en réserve l’exclusivité aux humanités. Il a ses problèmes – de santé, de financement. Je ne peux l’aider d’aucune façon.
Un regard sur les mails. Message succinct m’apprenant qu’à Montréal, ma fille serait à nouveau hospitalisée en psychiatrie. Qui s’occupe de son chien ? Qui peut m’en dire davantage ? Six heures de décalage horaire, on se couche pour la nuit là-bas, je n’en saurai pas plus pour un bon moment.
Je ne sais pas pourquoi tout doit être si difficile, tout le temps. Pourquoi nous laissons constamment les plus mauvais parmi nous libres de tout saccager, tout brûler.
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Les merles viennent de se réveiller. (Vole, merle, vole vers la lumière dans la nuit noire)
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The last thing I read last night was Kari Unksova’s poem that begins with the words
Truth has no need of light
It lives on simple tears
On common sympathy
On the suppleness of true laughter
On the strictness of a moonlit night
It is 5 AM. Up since 3:30 after a dream about lies a woman was blathering about the superiority of the white “race”, inside a gigantic restaurant dedicated to hamburgers. Truly huge, like a convention hall. Lies, lies, all over the place, like triple-decker cheeseburgers.
Radio silence from Jean-Marc Adolphe. As a consequence, I write articles for nothing, since he’s asked that they be reserved exclusively for humanités. He has his problems – health-wise, financing-wise. I can’t help him in any way.
A look at e:mails. A brief message informs me that, in Montreal, my daughter is hospitalized in psychiatry again. Who is taking care of her dog? Who can give me more information? There’s a six-hour time lag, people are going to bed now over there, I won’t have more information for a good while.
I don’t know why everything has to be so difficult all the time. Why we keep letting the nastiest among us smash and burn everything all the time.
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The blackbirds just woke up. (Blackbird fly, into the light of the dark black night.)