Rêves : Les voix se taisaient, à mesure que la pluie se mettait à tomber dans l’ascenseur ; puis, “Reddition, disait-il, de plus en plus de redditions, sont-elles sincères, ces redditions ? Certaines le sont, peut-être, pas toutes, je sais. Ça va, je les accepte quand même certains font semblant de se rendre, on le saura assez vite s’ils ont vraiment changé d’avis, c’est important, mais pas si important que ça, de devoir tomber leurs airs supérieurs, c’est déjà quelque chose. Se rendre, ça me plaît, reddition, j’aime ce mot…” et il continue, encore et encore, ce gros croisement dégoûtant entre un chat et un crapaud buffle, le vieux Raminagrobis de Rabelais (le tout, visuellement, dans un montage/collage de scènes impossibles à déchiffrer, dans des tons d’ocre et de terre de sienne brûlée.)

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Des sous. Il me faut en trouver, le compte en banque frôle les abimes. Hier, à travers la fenêtre ouverte, mon voisin, instructeur au cirque qui est probablement encore plus pauvre que moi, m’a tendu un morceau de brioche et un petit bol de fraises du jardin. Juste avant ça, j’avais croisé la mère d’un garçon que j’ai accompagné il y a dix ans de cela, il a maintenant 19 ans et, me dit-elle, il est …en faculté de droit ! Il s’agit de quelque chose s’approchant du miracle. Il y a dix ans de cela, c’était une gamin attachant, de niveau sous- médiocre à l’école et qui se débattait avec une situation familiale dans laquelle son père ne sortait de prison que le temps d’engrosser la mère, de commettre des délits, de se faire arrêter et de retourner en prison. Un jour, dans un cri du coeur à l’orthographe approximatif, il avait écrit qu’il aimerait avoir une magie pour que même s’il n’était pas “inteligen”, sa magie l’installerait dans les nuages qu’il changerait en pierre où il habiterait sans jamais remettre les pieds sur terre (voir illustration).

En faculté de droit. Que les dieux l’accompagnent.

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Je poursuis la lecture d’un livre auquel on m’a donné accès en ligne – Empire of AI de la journaliste Karen Hao, le récit de l’ascension de Sam Altman et des architectures de puces électroniques dites “intelligence artificielle”, de la monstrueuse croissance des sommes qui leur sont consacrées dans la course effrénée pour être le seul, l’unique, dominant – “empereur mondial”, tout simplement. La modestie ne caractérise pas les milliardaires de la technologie, raclant jusqu’aux bas-fonds des matériaux disponibles en ligne pour nourrir leurs créations, laissant à des travailleurs sous-payés au Kenya ou à des réfugiés syriens la tâche abrutissante d’en retirer autant de la merde que possible. Ce qui n’est pas évident, ni moralement soutenable pour nombre d’entre eux, déjà traumatisés et devant faire le tri dans le dépotoir des aberrations humaines. Pour la plus grande gloire de Sam Altman, Elon Musk, Peter Thiel et autres joyeux drilles de même acabit. Le capitalisme de surveillance, s’activant au moment même où j’ajoute des lignes de code dans le grand fourre-tout d’un “cloud” qui ne ressemble en rien à celui dont rêvait Joury, à l’âge de neuf ans.

Après-midi à l’atelier d’écriture, aujourd’hui, avec mes cahiers sur L’Horloger des Brumes. Et l’urgence financière, à régler, d’une manière ou d’une autre.

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Dreams: The voices fell silent as the rain started falling inside the elevator; then, “Reddition,” he said, more and more of tehm, are they sincere redditions? Some of them, maybe, not all of them, I know, that’s all right, I know most of them are just pretending to give in, we’ll know soon enough how honest they’re being about their change of heart, it matters, but it doesnt matter that much, getting off their phoney high horses that’s something anyway, surrendering, I like that, reddition, nice word, I like that word….” and on and on he goes, a fat disgusting cross between a cat and a bullfrog, Raminagrobis the old cat in Rabelais (all of this, visually, on a collage of scenes impossible to make out, in tones of ocre and burnt umber.

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Money. Must find some, the bank account is brushing against the abyss. My neighbour, the circus instructor who is probably even poorer than I am, through the open window yesterday handed me a piece of brioche and a small bowl of garden-picked strawberries. Just before that, I had run into the mother of a boy I schooled over ten years ago. She was delighted to see me, and to tell me how, now 19, her son is…in law school ! Something of a miracle. Ten years ago, he was a less-than-average student, struggling with a family situation in which the father only came out of jail long enough to impregnate his wife, commit some other illegal stuff, get arrested and thrown back in jail. In a poorly spelled cry from the heart, one day, he had written that he wished for some magic, although he wasn’t smart, so he could land up in the clouds, turn them to stone and live there without ever setting foot on the ground again.

In law school. May the gods be with him.

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I’m carrying on with the reading of a book to which someone gave me access online – Empire of AI by journalist Karen Hao, the tale of Sam Altman’s rise and of the architecture of electronic chips known as “artificial intelligence”, of the monstrous increase in the amounts invested in the frantic race to become the one, the only dominating figure – the “world emperor”, simply put. Modesty is not a characteristic of the technology billionaires, scraping down to the very depths of the materials available on line inorder to feed their creations, leaving underpaid Kenyans or Syrian refugees the stultifying and underpaid job of removing as much of the dreck from it as possible. Which is not an obvious thing, nor morally sustainable for a number of them, already traumatized, and having to pick through the dumping ground of human aberrations. All for the greater glory of Sam Altman, Elon Musk, Peter Thiel and other jolly fellows of the same ilk. Surveillance capitalism, busily at work as I add these further lines of code to the great dumping ground of a “cloud” that has no resemblance to the one Joury dreamed of when he was nine years old.

Afternoon at the writing workshop today, with my notebooks dealing with L’Horloger des Brumes. And the financial emergency to resolve, one way or another.