28 mai 2025

Rêves : Ne m’en restent que trois images : ma fille faisant les quatre cent coups avec quelqu’un qu’elle déteste dans la “vraie vie”; moi et quelqu’un d’autre jouant de la musique au fond d’une salle, musique que personne n’entendait parce que les voix au devant de la salle parlaient trop fort; et une double clôture supposée former un enclos pour chevaux de course, comportant une rangée intérieure de piquets bleus non reliés entre eux et un grillage sur des lattes en bois peintes en blanc, le tout très bas, que les chevaux pouvaient franchir d’un bond, sans difficulté.

Image de l’horrible manifestation de jeunes israéliens fanatisés pour la Journée de Jérusalem du 26 où ils ont défilé, déferlé sur Jérusalem Est. À leurs cris habituels de “Mort aux Arabes”, les manifestants rajoutaient leur allégresse au sujet de la mort des enfants palestiniens tués à Gaza. Le tout en présence du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, poing levé et sourire aux lèvres, encourageant les appels des jeunes au génocide des Palestiniens. Drapeaux bleus et blancs d’Israël flottant au vent. Hatikva. L’espoir. Trahi comme tant d’autres avant lui, transformé en Golem destructeur. Emet (vérité) transformé en Met (mort). Une seule lettre montant la garde entre les deux.

Remplacé par l’horreur, normalisée. Elle court, se répand, de générations en générations, les humains semblent la considérer comme inévitable, des salopards érigés en exemples pour la jeunesse qui s’engouffre derrière eux, youpi ! permission de saccager, de détruire, d’être super-dégueulasses !

Tu vis assez longtemps, tu le vois se reproduire, encore et encore, les victimes d’hier devenir les oppresseurs d’aujourd’hui. Ravis de se comporter en cons grâce à l’irresponsabilité conférée par le groupe.

Hier soir, quelqu’un m’avait offert le billet pour la pièce de théâtre Femme non-rééducable sur la journaliste Anna Politkovskaïa. Ça n’est certainement pas la façon dont je l’aurais représentée, mais pour le public, dans l’ensemble, le jeu des acteurs a semblé introduire au moins une mesure de compréhension sur l’étouffement des voix ne faisant rien d’autre que de rapporter les faits. Les faits et rien d’autre.

L’assassinat des innocents. L’assassinat de ceux rapportant les faits. L’enseignement de la stupitidté, de la rapacité, des plaisirs sadiques de la destruction. Vivre le plus honnêtement possible, en connaissance de cause.

Non ré-éducable. Y a-t-il jamais eu un autre choix ?

*

Dreams : All that remains are three images my daughter wreaking havoc with someone she hates in “real life”; myself with someone playing some music in the back of a hall, music no one hears because the voices up front were talking too loudly; and a double fence supposed to form a paddock for race horses, made up of an interior row of blue stakes that weren’t connected to each other and an row of wire on wooden slats painted white, the whole thing very low that horses could jump over easily.

Image of the horrible demonstration by fanatic young Israelis for Jerusalem Day on the 2§th where they marched in a wave through East Jerusalem. To their usual cries of “Death to Arabs”, the demonstrators added their glee over the death of Palestinian children killed in Gaza. All this in the presence of the National Security minister, Itamar Ben-Gvir, smiling with his fist raised, cheering on the calls to Palestinian genocide by the young Israelis. Israel’s blue and white flag floating in the breeze. Hatikva. The Hope. Betrayed like so many others before it, transformed into a destructive Golem. Emet (truth) transformed into Met (death). A single letter standing guard between the two.

Replaced by horror, normalized. It runs, it spreads, from generations to generations, humans seem to consider it as inevitable, scoundrels raised up as examples for young people who rush in behind them, hurray ! authorization given to ransack, rampage, to be perfectly repulsive!

You live long enough and you see it happening, over and over again, yesterday’s victims, today’s oppressors. Delighted to behave like bloody fools with the blessing of group irresponsibility.

Last night, someone had offered me a ticket to the play Femme non-rééducable about journalist Anna Politkovskaïa. I certainly wouldn’t have represented her the way it was done, but for the public as a whole, the actors’ rendition seemed to introduce at least a measure of understanding on the stifling of those voices doing nothing other than reporting on the facts. The facts and nothing else.

Killing the innocent. Killing the fact-givers. Teaching stupidity, greed, the sadistic pleasures of destruction. Living as honestly as possible, in full knowledge of the facts.

Non re-educable. Was there ever another choice ?

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