24 mai 2025

Rêve : histoires d’enfants sans avenir en familles d’accueil, ici dans cette ville, et de deux personnes qui faisaient installer des bains tourbillons dernier cri dans leurs logements, dont l’un qui avait l’intention de récupérer l’équipement lors de son déménagement, raison pour laquelle son proprio ne contribuait pas aux frais d’installation.

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Hier, à 18heures, après une journée consacrée à l’IA, je suis allée à une rencontre que proposait la librairie-café L’Autrucherie. Une vingtaine de personnes se sont présentées pour entendre deux personnes parler de l’IA. En fait, ce jeune homme et cette jeune femme ont lancé leur propre entreprise qui se veut un “accompagnement” aux personnes souhaitant en faire autant et lancer leur propre “start-up”. Tout à leur ferveur de néophytes, ils parlaient des choses merveilleuses que permettaient ChatGPT – apparemment le seul outil d’IA qu’ils connaissaient. Quelques personnes leur répondaient dont l’une affirmant que plus on l’utilisait et plus le système apprenait et se corrigeait “automatiquement”. Je suis intervenue pour remettre les pendules à l’heure et mentionner limites et risques, notamment pour les personnes fragiles éprises de “leur” chatbox; le jeune homme animant la séance n’a guère apprécié mes propos, contrairement au jeune homme assis à côté de moi qui a mission au centre d’emploi local de “diriger vers l’emploi” des jeunes ‘disoccupati’ entre 18 et 25 ans, sans formation particulière et/ou déscolarisés très jeunes et qui passent des heures en compagnie de “leur” chatbox, qu’ils considèrent être leur meilleur ami , bien meilleur que les humains.

Juste avant, j’étais à écouter une vidéo d’une prof américaine, Ruha Benjamin, disant des choses très utiles sur un ton exalté qui l’était beaucoup moins, mais que j’aurais bien aimé entendre partagées de façon plus posée dont les notions suivantes :

“L’avenir imaginé par les évangélistes de l’IA n’est destiné qu’à une petite minorité. Le reste d’entre nous sera condamné à lutter pour survivre sur cette planète en ébullition. Nous pouvons également rejeter leurs visions eugéniques et écouter plutôt l’intelligence collective des personnes qui, avec courage et constance, dénoncent les visions archaïques de faux futuristes prétendant sauver l’humanité.

Derrière leur duplicité se cache un calcul familier : si les évangélistes de l’IA parviennent à nous convaincre que l’intelligence artificielle générale est possible, imminente et dangereuse, nous pourrions être amenés à leur confier notre destin. En d’autres termes, le battage médiatique et le catastrophisme sont les deux faces d’une même médaille.

« Nous avons le choix. Continuons-nous à vénérer l’intelligentsia artificielle, ces gardiens autoproclamés de notre avenir collectif, qui fabriquent des solutions technologiques à des problèmes qu’ils contribuent eux-mêmes à créer ? »

En conclusion à la “séance d’information” – malgré l’attitude peu amène du jeune animateur, j’ai réitéré l’intérêt que présentait l’IA, le besoin de comprendre, et les systèmes proposés, et leurs coûts pharaoniques, politiques, financiers et environnementaux, et les intérêts de leurs propriétaires. Au vu du “questionnaire de satisfaction” distribué en fin de séance de ce “café IA”, je doute que mes propos aient eu le moindre impact, sauf pour le jeune homme assis à mes côtés et qui désespère de la mission impossible qu’il tente de mettre en oeuvre au centre local pour l’emploi, dans une ville où les jeunes qu’ils rencontrent auront beau traverser la rue pour être embauchés, comme le conseillait le président de la France, ils ne trouveront que des agences pour embauches temporaires à des besognes sans intérêt…ou des “contrats” comme livreurs à domicile de substances illicites.

Il existe certainement des endroits où des jeunes brillants et motivés sont conscients du potentiel et des dangers sur la route devant nous, mais s’ils se trouvent ici, ou dans les autres villes minées par des politiques publiques désastreuses ayant cédé devant des intérêts financiers, leur avenir est tout, sauf radieux.

“Il y avait un mur. Il ne semblait pas important – même un enfant pouvait l’escalader. Mais l’idée était réelle. Comme tous les murs, il était ambigu, à double face. Ce qu’il y avait à l’intérieur, et ce qu’il y avait à l’extérieur dépendait du côté sur lequel vous vous trouviez.” Ursula Le Guin, Les Dépossédés.

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Dream : stories of futureless children in foster homes, here in this town, and of two persons who were having whirlpool baths installed in their apartments, on of which intended to recuperate the equipment when he moved out, reason for which his landlord was not contributing to installation costs.

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At 6 PM yesterday, after a day devoted to AI, I went to a meeting taking place at the local bookstore-café, L’Autrucherie. Some twenty people showed up to hear two people talking about AI. In fact, this young man and this young woman have launched their own business to assist people wanting to set up their own “start-up”. Filled with their newly acquired fervor, they talked of all the wonderful vistas ChatGPT opened up – apparently this was the only AI tool they were familiar with. A few of the people talked of their own chat experiences, one of whom claimed the system was self-correcting and constantly learning from her exchanges with it. I intervened in an attempt to set matters somewhat straight, mentioning the limitations and risks for fragile individuals in love with “their” chatbox; the young man leading the session did not much like my words, contrary to the young man sitting next to me who is tasked by the local employment office to “lead toward employment” youths between the ages of 18 and 25, disoccupati with no professional training and/or who dropped out of school very young, and who spend hours in the company of “their” chatbox they consider to be their best friend, much better than humans.

Just before this, I had been listening to a video by American professor Ruha Benjamin who was saying some very useful things in an exalted tone that was much less helpful, things I would have liked to see conveyed in a more balanced way, including the following notions:

“The future imagined by AI evangelists is meant only for a small sliver. The rest of us will be left clamoring to survive on this boiling planet. Alternatively, we can call bullshit on their eugenic futures and listen instead to the collective intelligence of the people…who have been the consistent and courageous voices calling out the archaic visions of faux futurists purporting to save humanity.”

“Behind their duplicity lies a familiar calculus: If AI evangelists can convince us that artificial general intelligence is possible, imminent, dangerous — we might be compelled to entrust our fate to them. Hype and doom, in other words, are two sides of the same Bitcoin.”

“We have a choice. Do we continue worshipping at the feet of the artificial intelligentsia, self-appointed stewards of our collective future, those manufacturing techno solutions for problems that they themselves help to create?”

In conclusion at the “information session” – despite the less than affable attitude of the young animator, I reiterated the interest of the systems being offered and the need to understand their pharaonic costs, political, financial and environmental, and the interests of their owners. Given the “satisfaction questionnaire” distributed at the end of the “AI café”, I doubt my words had the slightest. impact, except on the young man sitting next to me who despairs over the mission impossible he attempts to put in practice at the local employment center, in a town where the youths he meets, no matter how much they cross the street to get a job, as the French president suggested, they won’t find anything other than agencies for local hires into temporary drudge work…or “contracts” to carry out home delivery of illicit substances.

There are certainly places where bright and eager young minds see both the potentials and the dangers of the road ahead, but if they live here, or in any other of the towns wracked by disastrous political measures caving in to financial interests, their future is less than radiant.

“There was a wall. It did not look important – even a child could climb it. But the idea was real. Like all walls it was ambiguous, two-faced. What was inside it and what was outside it depended upon which side of it you were on.” Ursula Le Guin, The Dispossessed.

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