22 mai 2025

Ouf. Rêves : tout d’abord, au sujet des rapports en-ligne au sujet d’animaux (artificiels ?) se comportant de façon bizarre, une femme dit “à quoi pouviez-vous vous attender ?”; puis, je me retrouvais face à face avec ma fille qui se moquait de moi en m’encourageant à continuer de publier mes inepties qu’elle partageait avec les sénateurs, ça les faisait bien rire, je prenais ses propos très mal, ce qui “prouvait” toutes ses allégations faisant de moi une mauvaise mère (le tout se déroulait près des agrès d’un terrain de jeu de mon enfance, à côté de l’espèce d’échelle horizontale qu’il fallait traverser, suspendue par les mains, les rapports disaient qu’ils étaient des dizaines de milliers comme elle à accorder leur confiance et leur amitié à des IA, plutôt qu’à d’autres humains); puis, je ne trouvais plus ni mes vêtements, ni mes chaussures, ni mon porte-monnaie, je me débattais pour trouver toutes ces choses dans un fouillis indescriptible, l’heure tournait, j’allais rater l’examen, quelqu’un retrouvait mon porte-monnaie qui ne contenait plus que des pièces, pas assez même pour prendre le bus, mais je le prenais quand même, vêtue d’une robe qui me serrait de partout, d’une pantalon mal assorti et d’escarpins beiges ridicules, après une engueulade avec tout le monde et la certitude que je ne parviendrais jamais à terminer mon roman, vu que la réalité changeait tout le temps.

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Ouf. Un peu de respiration lente, un peu de thé…

Donc. Dans toute la frénésie croissante (et qui ne pourra que s’accélérer) autour des performances des IA, j’en reviens toujours à la question que posent tous les enfants : Pourquoi ?

Je m’explique : les chercheurs auraient établi que le cerveau humain est capable de “traiter” une dizaine de mots par seconde (en moyenne, je suppose, quel que soit le “traitement” dont il est question ?). Dans la décennie devant nous, par vagues successives, les générations d’IA pourraient traiter d’abord des centaines de mots à la seconde – ce qu’elles font déjà – jusqu’à atteindre des batteries de moteurs s’échangeant des centaines de milliards de données par seconde. OK. Pour quoi faire ? données générées à partir de données artificielles, elles aussi, puisque toute la production humaine disponible n’arrivera plus à fournir suffisamment de matériel de base pour alimenter leur rythme démentiel. Pendant que les humains, eux, s’occuperont à quoi ?

Ces perspectives hallucinantes alimentent déjà les publicités des promoteurs, à destination de boîte employant des ingénieurs informatiques dont les services ne seront plus requis, lorsque les IA se chargeront d’encoder leur propres “équipes” d’IA. L’une de ces pubs, dans la langue hyper-sympa qu’ils adoptent tous parle de “libérer vos employés humains pour qu’ils se consacrent à des tâches plus attirantes, des activités stratégiques pour la croissance de votre entreprise.” Ce qui est une fumisterie, puisque les perspectives sont que les IA en question pourraient analyser des projections humaines en quelques secondes, en déceler les failles et les rejeter d’emblée.

Tout ça, avant même d’aborder la question de ce qu’il adviendra de tous ces chauffeurs de taxi mis à pied par des véhicules à conduite autonome, les boulangers, les plombiers, les électriciens, les avocats, les médecins, les chirurgiens, les musiciens, les écrivains, les humoristes (ah lala) voués à l’obsolescence par des perroquets artificiels jacassant entre eux de manière déchaînée. Sans parler de leur inventivité en matière d’armes, ni de l’épuisement des matières premières nécessaires à leur fabrication (vite des expéditions minières vers la lune et d’autres planètes !) , ni aux températures extrêmes entrainées par leurs systèmes de climatisation, ni de l’eau, ni de l’électricité, ni de…bref, c’est E.T.A Hoffmann qui se serait régalé si, en 1817, il avait eu accès à ce genre de matériel pour nourrir ses contes fantastiques de poupées artificielles.

Quant à moi, pendant que les chercheurs réfléchissent à comment contrôler des créations capables de penser cent cinquante milliards de fois plus vite que leurs créateurs, petite anecdote locale tirée de la vie comme elle se déroule en ce moment, au jour le jour :

Conversation téléphonique avec Nathalie, l’Ivoirienne qui se bat encore et toujours pour obtenir une protection ici en France pour sa fillette qu’un retour en Côte d’Ivoire exposerait au risque avérée d’excision par des membres de sa famille immédiate pratiquant encore et toujours cette mutilation génitale. Elle était à Toulouse après deux refus de lui accorder cette protection, pour réclamer la possibilité de tenter une troisième demande. “Mais, Madame, on vous a déjà refusée deux fois !” lui dit-on. Réponse de Nathalie : “C’est pourquoi je reviens vous solliciter une troisième fois.” Ceci, après que la société qui l’employait sans la déclarer ait fait faillite et ne lui ait réglé que 500 € des 1 300 qui lui était dû. Pourquoi ? Et bien, parce que cet argent était déposé au compte du fils de la propriétaire. Fils qui se “sucrait” régulièrement sur les sommes dues à Nathalie. Cette fois, gros pépin : le fils s’est retrouvé en prison suite à des violences conjugales (elles ont dû être sérieuses pour lui “mériter” un emprisonnement) et la maman s’est “sucrée” à son tour à hauteur de 800 € dans le compte de fi-fils, supposément pour payer les avocats. Et voilà. Pendant ce temps, les fonds à l’association de soutien sont en baisse, notre contribution se limite à 212€ pour son loyer qui en coûte 400; il va falloir organiser une levée de fonds – sans grand espoir d’en lever beaucoup, c’est la galère généralisée, de un, et la désaffection encore plus généralisée dans l’ensemble de la communauté.

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Au travers du reste, je réfléchis à comment les gens se débrouilleraient en l’an 2184, suite aux divers désastres ayant forgé leur paysage mental et physique. Et à ce qui leur reste des fabuleuses créations des humains qui les ont précédés.

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Phew. Dreams: First, to an online report concerning animals (artificial?) behaving in odd ways, a woman replied “what did you expect?”; then I found myself face to face with my daughter who was making fun of me, encouraging me to go on publishing my nonsense, she was sharing it with the senators, she said, and it made them laugh, I took her words really poorly, which “proved” all her allegations about my lousy mothering (all this was taking place near the gym sets for in a playground from my childhood, close to the horizontal bars you had to cross, suspended by your hands, reports were saying that there were tens of thousands like her giving their trust and friendship to AIs rather than to other humans); then, I couldn’t find my clothes anymore, nor my shoes, nor my wallet, I was struggling to locate all these things in an incredible mess, time was flying by, I was going to miss the exam, someone found my wallet which only contained a few coins, not even enough for a bus ride, but I took it anyway, wearing a dress that was tight all over, with a pair of ill-assorted trousers and ridiculous beige high heel shoes, after arguing with everybody and with the certainty that I would never finish my novel, given how reality was changing all the time.

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Phew. A bit of slow breathing, a bit of tea…

OK. So in all this growing frenzy over the performances of the AIs,(that can only accelerate further), I always return to the question children ask all the time: Why?

Let me explain : researchers would have established that the human brain is capable of “processing” some ten words per second (on average, I guess ? Whatever that “processing” means). In the decade in front of. us, by successive waves, generations of AIs could be processing some hundred words per second – what they do already – up to batteries of motors exchanging hundreds of billions of data bits per second. OK. What for ? With data generated artificially also since the entire available human production will never manage to provide sufficient amounts of basic material to feed such demented paces. While the humans will occupy themselves doing…what ?

These hallucinatory perspectives are already feeding the ads of service providers addressing corporations concerning their computer engineers whose services will no longer be required, when the AIs will handle their own encoding and direct their own “teams” of AIs. One of the ads, in the oh-so-cool language they have all adopted talks of “freeing human employees for more engaging, strategic activities that drive business growth.” Which is a farce since these outlooks already state that the AIs in question will be able to analyze human projections in a matter of second, finds the flaws in them and reject them out of…uh…hand, so to speak.

All this before even broaching the topic of what will become of all those taxi drivers “freed” of their work by self-driving vehicles, the bakers, the plumbers, the electricians, the lawyers, the doctors, the surgeons, the musicians, the writers, the humorists (oy oy oy) subjected to obsolescence by artificial parrots chattering to one another at a demented pace. Without mentioning their inventivity in matters of weapons, nor the exhaustion of the materials required for their production (quick ! mining expeditions to the moon and beyond ! ), nor the extreme heat produced by their air conditioning systems, nor the required water, electric power, the…in short, E.T.A Hoffmann would have had a field day back in 1817, with access to such material to feed his tales of fantasy and of artificial dolls.

As for me, while the researchers reflect on how to control creations capable of thinking one hundred and fifty billion times faster than them, a small local anecdote from life as as flows by on a daily basis:

Phone conversation with Nathalie, the woman from the Ivory Coast still struggling to obtain protection in France for her little girl whose return to the Ivory Coast would mean an averred risk of excision by immediate family members still practicing that form of genital mutilation. She was in Toulouse again following two refusals to award her that protection, in order to request the possibility of submitting a third request. “But, Madame, we’ve already turned you down twice !” she’s told. Nathalie’s answer : “This is why I’m back for a third attempt.” This, after the employer who was paying her off the books has declared bankruptcy and has only paid her 500 of the 1 300 € owed her. Why ? Well, because that money was deposited on the account of the owner’s son. Son who regularly “helped himself” to some of the money owed to Nathalie. This time, there’s a huge bug : the son is currently in jail for conjugal violence (which must have been pretty severe to “earn” him jail time) and his mommy is the one “helping herself) to the tune of 800 € in the account of her little boy, supposedly to pay the lawyers. Et voilà. Meanwhile, funds at the association are running low, our contribution is limited to 212€ toward her montly rental cost of 400; we have to organize a fund raiser – without any great hopes of important results, these are overall hard times for everybody and an ever rising levels of overall disinterest in the community.

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And I think about how folks are faring in 2184, following some of the various disasters that have shaped their mental and physical landscape. And of what is left for them of the fabulous creations by the humans that came before them.

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