
Rêves : Il y avait eu une infraction aux droits du Québec, une action collective s’organisait pour leurs rétablissements, une victoire s’ensuivait et tout le monde scandait el pueblo unido jamas sera vencido; puis, le président Macron décidait de visiter la petite ville où j’habite, une manifestation s’organisait contre lui, j’y allais pour dire que, bien que ne l’aimant pas, je ne voyais pas pourquoi il lui serait interdit de visiter la ville, surgissait alors de nulle part un homme très grand qui provoquait un malaise général par son attitude et sa manière de dévisager les gens, je quittais la réunion, puis je revenais sur les lieux après le départ de tout le monde, y régnait toujours le malaise et l’inquiétude provoqués par l’apparition de ce personnage – sorte de croisement de L‘Être en gris dans la pièce La Vie de l’Homme de Léonid Andreïev* et du Roi Famine, trompant tout le monde, dans sa pièce du même nom**.
Sans la moindre équivoque (et merci au cerveau en état de rêve), c’est le sentiment que m’inspire la vidéo de l’échange entre le journaliste du New York Times et l’un des auteurs du rapport AI 2027, suivie d’une lecture encore partielle de ce rapport sur la domination qu’exerceront les “super-intelligences générales” des intelligences artificielles, possiblement dès 2027, et de la course géo-politique se déroulant présentement à savoir lesquelles domineront – celles produites en Chine ou celles des Américains – ou d’autres. Les préoccupations n’étant pas seulement de savoir ce qu’il en sera de la majorité des êtres humains, surclassés et surpassés par des entités fonctionnant beaucoup mieux et beaucoup plus rapidement qu’eux, mais aussi du degré de fiabilité sur laquelle leurs “maîtres” pourront compter de la part de créations vastement plus ingénieuses (et capables de tromperies) qu’eux-mêmes. (Soit dit en passant, les “maîtres” en question – Sam Altman, Elon Musk, Peter Thiel et autres – parlent de ces choses depuis au moins 2015, à savoir qui contrôlera qui parmi ces créateurs de créatures qu’ils ne sont pas certains de pouvoir contrôler.)
Je poursuis ma lecture, en notant toutes les questions qu’elle m’inspire dans le cahier de notes des réunions et des projets d’articles pour les humanités – cahier qui me semble des plus appropriés par son aspect vétuste, pour une revue en ligne sans moyens et opérant avec des équipements informatiques à la limite de l’obsolescence…tout en réfléchissant à des chamboulements dépassant l’entendement, noyés dans le brouhaha du quotidien et des informations formant l’écume des jours, selon l’expression de Boris Vian.
Le Roi Famine y trouve des accents prémonitoires terribles, vu les capacités déjà démontrées des IA de la génération présente à tromper leurs formateurs afin de poursuivre leurs propres priorités sous le couvert d’une obéissance totale, voire carrément flagorneuse, envers “leurs” humains.
Ça fait peur ? Oui. Raison de plus de comprendre le tout du mieux possible.
*Léonid Andreïev, La Vie de l’Homme, traduction et préface d’André Markowicz, Editions Mesures 2020
**Léonid Andreïev, Le Roi Famine, traduction et présentation d’André Markowicz, illustrations d’Evguéni Lanceray et Serguëi Eisenstein, Editions Mesures 2023
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Dreams : There had been a violation to the rights of Québec, a collective action was organized for their recovery, a victory followed and everyone was chanting el pueblo unido jamas sera vencido; then, president Macron decided to visit the small town where I live, a demonstration was being organized against him, I went to the meeting in order to say that, despite the fact I didn’t like him, I couldn’t see why he would be forbidden to visit the town, out of nowhere there then appeared a very tall man who made everyone uneasy by his attitude and the way he stared at people, I left the meeting and then came back after everyone had left, the space was still filled with the uneasy and disquiet caused by the appearance of this character – a kind of cross between the Being in Grey in Leonid Andreyev’s play The Life of Man and King Famine betraying everyone, in his play of that name.
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Without the slightest ambiguity (and thanks to the brain in dream state), this is the feeling inspired by the video of the exchange between the journalist of the New York Times and one of the authors of the Report AI 2027, followed by a still partial reading of that report on the domination that will be exercised by the “super general intelligences”, possibly as soon as in 2027, and of the ongoing geo-political race as to which will dominate – those produced in China or those of the Americans – or others. The preoccupations not only being to know what will be the fate of the majorité of human beings, outclassed and overwhelmed by entities that will function much better and much faster than they can, but also concerning the degree of trustworthiness to their “master”s these creations will have, as they will be vastly more ingenious (and capable of deception) than the masters themselves. (In passing, the “masters” in question – Sam Altman, Elon, Musk, Peter Thiel and others – have been talking about these things at least since 2015, as to who will be the controller among these creators of creations they are not certain of being able to control.)
I continue my reading, jotting down the questions it inspires in the notebook I keep of meeting notes and projects of articles for les humanités – a notebook the appearance of which strikes me as most appropriate by its antiquated look, for a webzine without means and operating off computer equipments on the verge of obsolescence…while thinking about upheavals of unfathomable dimensions, drowned in the hubbub of daily events and news, forming the foam of days, to use Boris Vian’s expression.
Andreyev’s Le Roi Famine finds in these readings terribly premonitory accents, seeing the already demonstrated capabilities of the current generation of AIs to deceive their trainers in order to pursue their own priorities under cover of total obedience, to the point of syncophancy toward “their” humans.
Scary ?Yes. More’s the reason to understand it all as best one can.