Rêves : Quelqu’un regardait un article de deux pages dans la revue Fortune, où il était question de l’humour comme de la meilleure arme pour contrer le programme de Trump et cette personne voulait que je commence à appliquer cette technique immédiatement, je disais que je voulais d’abord lire l’article, non non, tout de suite “non ! je veux lire l’article d’abord !” disais-je fermement en partant vers un café, revue en poche, où une connaissance m’apercevait avec la revue “ah bon, tu lis Fortune, maintenant ?” j’expliquais au sujet de l’article, il partait me commander un café et je pouvais enfin m’empresser d’ouvrir la revue pour lire l’article; puis, j’étais à la fois la morte et la seule personne assistant à ses obsèques jusqu’à ce qu’arrive une amie d’enfance à qui je servais des prunes qu’elle dévorait avant de repartir pendant que je triais et rangeais des données dans des casiers.

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Que dire au sujet d’un maire dans le Massachussett à qui des agents de l’immigration enfilent les menottes et placent en garde à vue pendant deux heures pour le “crime” d’avoir visité un centre de détention s’ouvrant soudainement dans sa ville ? Au sujet de la foule des voisins tentant d’empêcher l’arrestation d’une jeune femme tenant son nouveau-né dans ses bras pendant que la foule crie “vous n’avez pas de mandat !” – et ainsi de suite. La foule crie, les policiers pullulent comme des mouches, finalement la mère confie son nourrisson à une amie, on arrête aussi sa fille de 16 ans et une élue municipale pour “réunion en assemblée non autorisée” et vogue la galère jour après jour. “Une honte !” commentent les uns, “vive nos braves policiers !” commentent les autres.

En relisant Le pas de Gamelin, je constate que j’avais oublié que Ferron était le médecin assigné à l’hôpital psychiatrique St-Jean-de-Dieu de Montréal au moment des “événements d’octobre” de 1970 et que la rumeur avait couru selon laquelle le diplomate britannique, James Cross, enlevé par le FLQ (Front de libération du Québec) y était enfermé. “…la rumeur en parvint jusqu’à ces Messieurs de l’Armée canadienne qui ne savaient vraiment pas comment occuper leurs soldats durant la fameuse Crise d’octobre, vu qu’ils n’étaient intervenus que dans le but d’impressionner les populations et qu’ils n’avaient strictement rien d’autre à faire; ils en accueillirent le bruit avec jubilation et détachèrent un de leurs bataillons contre Sain-Jean-de-Dieu, lequel se heurta au Surintendant médical et à Madame la Directrice générale. Une fouille dans l’asile y aurait suscité le plus grande agitation. On parlementa pendant plus d’une heure avant de convaincre les Forces canadiennes qu’elles avaient été mal informées et que Monsieur Cross ne pouvait se trouver dans un cabanon de Sainte-Rita, du côté des femmes. La peur du ridicule finit par l’emporter sur la valeur des armes.” *

Plus loin, il écrit : “Dieu existe pour qu’on n’ait pas de questions à se poser.” Et c’est précisément le sentiment que m’inspire les fanas supposément religieux de Trump – et de tous les autres, partout, qui se vautrent dans leurs certitudes-bidons, se prennent pour des Élus, et se réveillent à chouiner “si seulement j’avais su, si seulement on m’avait dit, si seulement je n’avais pas confondu mes rancunes pour des promesses de Revanche Éternelle contre mes ennemis.” Entretemps, le temps est bien long et douloureux, pour celles et ceux désignés à leur vindicte. Et on devient extrêmement lassé des jérémiades sans effet. En autant qu’ils le peuvent, animaux, végétaux et minéraux se tiennent à l’écart des plus récentes imbécilités d’Homo s’auto-définissant comme Sapiens.

Allez. Droit devant dans ce dimanche, 11 mai 2025.

*Jacques Ferron, La conférence inachevée, Le pas de Gamelin et autres récits, vlb éditeur 1987.

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Dreams: someone was looking at a two-page article in Fortune magazine, about humorous as the best weapon against Trump’s agenda and wanted me to begin using this technique immediately, I said “First, I wanted to read the article”, no no, right away “no! first I want to read the article” I said firmly, leaving with the magazine in my pocket and heading toward a café where an acquaintance saw me with the magazine “oh because you read Fortune magazine nowadays?” I explained about the article, he left to order me a coffee and I could finally open the magazine to read the article; then, I was both the dead person and the only one at her funeral until a childhood friend showed up to whom I served plums she devoured before leaving again while I sorted through data and set it into racks.

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What is there to say about a mayor in Massachussett who gets handcuffed and detained for two hours for the “crime” of having visited a detention center suddenly opened in his town? About a crowd of neighbors attempting to stop the arrest of a young woman holding her newborn while the crowd yells “You have no mandates!” – and so on. The croxd yells, the policemen proliferate like flies, in the end the mother hands her baby to a firend, her 16 year old daughter and an elected munisicpal official are also arrested for “unlawful assembly” and row row row your boat day after day. “A shame!” some comment, “hurray for our brave policemen!” comment the others.

As I re-read Le pas de Gamelin, I realized I had forgotten that Ferron was assigned to the staff at Montréal’s St-Jean-de-Dieu psychiatric hospital during the 1970 “October Events” and that the rumor had spread according to which the British diplomat, James Cross, kidnapped by the FLQ (Québec Liberation Front) was locked up there. “…the rumor reached the gentlemen of the Canadian Army who really didn’t know how to occupy their soldiers during the famous October Crisis, seeing as they had intervened solely in order to impress the populations and had strictly nothing else to do; they greeted the rumor with glee and sent a detachment of their battalions against Sain-Jean-de-Dieu, where it collided with the medical Superintendent and Madame the Directress General. A search in the asylum would have set off the greatest of turmoil. We parlayed for over an hour before manging to convince the Canadian Armed Forces that they had been ill informed and that Mister Cross could not be inside a hut inside the Saint-Rita ward, on the women’s side. The fer of ridicule won out on the valor of weapons.”

Further on he writes : “God exists so that we won’t have any questions to put to ourselves.” And that is precisely the feeling I get from Trump’s supposedly religious fanatics – and all the others, everywhere, who wallow in their phoney certainties, taking themselves for the Elected, and wake up kvetching “if only I had known, if only I’d been told, if only I had not taken my grudges for promises of Eternal Revenge against my ennemies…” In the meantime, time goes by slowly and painfully for those who are targeted for their vindictiveness. And one grows extremely tired of useless hand-wringing. As much as they possibly can, animals, vegetals and minerals stay as far removed as they can from the latest idiocies from Homo self-described as Sapiens.

And so onward into Sunday May 11th 2025.