10 mai 2025

Rêves : un discours de Trump, en train d’être dénoncé pour toutes ses tentatives d’échapper à un mandat d’arrêt , puis, il y avait une énorme poussée de vie, de toutes les formes imaginables, tout ce qui pouvait se reproduire – animal, végétal, minéral – le faisait en utilisant toutes les méthodes possibles.

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J’ouvre La conférence inachevée * au hasard, et je tombe sur Le glas de la Quasimodo à la page 111 qui débute ainsi : “Il y avait à Saint-Yvon, dans la paroisse de Cloridorme, au plus haut de la Gaspésie, sur sa voussure du nord, un garçon qui ne promettait pas et surprit tout le monde : il lui arriva même, un jour, de décrocher le bon Dieu du ciel. On l’appelait Gaudias. Il était le fils de Marjorie Côté, le peti-fils d’un premier Gaudias, originaire de Cap Saint-Ignace, qui, jeune encore, se noya au service du seigneur de Grand-Etang et dont on ne retrouva jamais le corps, emporté par la maraîche. Son nom ne le réjouissait pas et s’il ne promettait pas, c’est qu’il n’y avait pas de promesse à la maison, qu’une croix noire sur le mur de la cuisine, à côté de la porte.

*Jacques Ferron, La conférence inachevée, Le pas de Gamelin et autres récits, vlb éditeur 1987

Et hop, une fausse manip, et tout ce que j’avais écrit ici a disparu. Sic transit gloria mundi, en effet. Tout comme le Montréal dont je parlais et qui n’existe plus que dans mes souvenirs. Si ma copie de La conférence inachevée comporte une pastille bleue, c’est que le livre faisait partie de ceux que j’avais mis de côté pour apporter ici en France, en 2004, dans la valise que j’appelais la bibliothèque nationale ambulante, qui contenait aussi l’Anthologie de la poésie russe et quelques autres titres parmi les milliers de livres de ma bibliothèque d’alors, acquis par un bouquiniste de la rue Saint-Denis. Sic transit.

Jacques Ferron. Médecin et écrivain, fondateur du Parti Rhinocéros (inspiré, je crois, par le Parti d’en rire de Pierre Dac et Francis Blanche). Parmi ses promesses électorales, le Parti s’engageait à réduire la vitesse de la lumière et – ah, tiens ! j’avais oublié : annexer les Etats-Unis “afin d’élever la température canadienne d’un degré celsius.” (Parce que, dans les années soixante, les promesses électorales ridicules étaient une façon de se moquer du système, et NON PAS le système lui-même.)

Jacques Ferron. Dans la salle Sainte-Rosalie de l’hôpital psychiatrique Sainte-Jean-de-Dieu, tenu à l’époque par les Soeurs Grises, certaines des malades étaient attachées à leur banc de travail par la cheville. “Elles n’étaient ni vieilles ni jeunes, sans la pétulance de la jeunesse, sans l’étonnement amusé de la vieillesse, au mitan de l’âge, aussi loin d’un bord que de l’autre, à la dérive des jours dans le temps mort d’un asile.” Du côté des hommes, un Jacques Ferron encore collégien avait vu LE poète québécois Emile Nelligan, très confus après tant d’année d’enfermement; Nelligan lui avait griffonné quatre vers de Verlaine qu’il avait signé de son nom.

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Dreams: a Trump speech was being denounced for all its attempts at avoiding arrest; then, there occurred a huge surge of life of every form imaginable, everything that was capable of reproduction – animal, vegetal, mineral – did so, using every method possible.

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I open La conférence inachevée (The Unfinished Conference) at random, and fall on Quasimodo’s tolling on page 111 which begins as follows : “In Saint-Yvon, in the parish of Cloridorme, at the top of Gaspé, in the northern arch, a boy of liittle promise who surprised everyone: one day, he even managed to pull God down from the sky. His name was Gaudias. He was the son of Marjorie Côté, the grandson of a first Gaudias from Cap Saint-Ignace, who while still young, drowned at the service of the lord of the Great Pond and whose body was never found, carried away by a porbeagle shark. His name did not please him and if he was not promising, it was because there were no promises at home, nothing but a black crucifix on the wall in the kitchen, next to the door.”

And boom – a false move and everything I had written here has been wiped out. Sic transit gloria mundi indeed. As is the case for the Montréal I was talking about and that no longer exists except in my memories. If the copie of La conférence inachevée has a blue sticker on it, it’s because the book was one among those I had set aside to bring to France with me in 2004, in the suitcase I called the travelling National Library, which also contained l’Anthologie de la poésie russe and a few other titles among the thousands of books of my personal library at the time, acquired by a second hand book dealer on rue Saint-Denis. Sic transit.

Jacques Ferron. Medical doctor and writer, founder of the Rhinoceros Party, (inspired, I think by the Parti d’en rire of Pierre Dac and Francis Blanche). Among its electoral promises, the Party promised to reduce the speed of light and – ah, I’d forgotten about this one : to proceed to the annexation of the united Staates “in order to raise the Canadian temperature by one degree celsius.” (Because, in the nineteen sixties, ludicrous electoral promises were just a way of making fun of the system, and NOT the system itself.)

Jacques Ferron. In the Sainte-Rosalie ward of the Sainte-Jean-de-Dieu psychiatric hospital, managed at the time by the Grey Nuns, some of the patients were chained to their work bench by the ankle. “They were neither old nor young, without the petuleance of youth, without the maused astonishment of old age, at the halfway mark of age, as far from one shore than from the other, in the drifting days of the dead time of an asylum.”On the men’s side, a Jacque Ferron, still a college student at the time, had seen THE Québécois poet, Emile Nelligan, very confused after so many years of incarceration; Nelligan had scribbled four verses by Verlaine on a scrap of paper for him, and signed them with his own name.

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