Rêves : Article d’un journaliste vantant la qualité de la comptabilité, de la tenue des livres d’un club de baseball (?), avec mentions élogieuses des uns et des autres ; puis, une école de village où j’étais instit’, une des élèves y imitait mes moindres faits et gestes dans un climat indéfinissable, quelque chose clochait sans qu’on puisse en saisir la teneur.

Le “club de baseball” me fait penser à ces réunions à la Maison Blanche où tous se vautrent dans les éloges extravagants de Trump qui lape le tout comme du petit lait; quant au climat dans le deuxième rêve, c’est la “vibration” que donne mon univers en ce moment.

J’ai hésité hier soir, à savoir si j’allais relire la pièce d’Evguéni Schwartz, L’Ombre, ou rouvrir La conférence inachevée de Jacques Ferron. J’ai opté pour L’Ombre* qui, de ses trois pièces publiées chez Les Solitaires Intempestifs, est celle qui rend le mieux ce monde de fausseté et de trahison dans lequel tous devaient évoluer (et doivent encore évoluer) en Russie. La conférence inachevée** est sur ma table de travail depuis des jours. Replonger dedans, c’est faire un retour au pays d’alors, chose qui me demande toujours une certaine détermination. Dans la préface, Pierre Vadeboncoeur rappelle que “Ferron, auprès de ses modestes personnages, est du côté de leur dignité.” Dans L’Ombre, le savant qui n’a pas encore compris la trahison de son ombre, dit : “Dans toute personne humaine, il y a quelque chose de vivant, c’est là qu’il faut toucher et là, ça va.” (Mais je ne suis pas du tout certaine que chez certains, ce qu’il reste de vivant soit toujours humain.)

Le 9 mai. L’horrible mise en scène de la “Victoire” de l’URSS en 1945, sur fond de massacres en continu en Ukraine.

Plus près d’ici, les humanités se languissent puisque leur éditeur se languit dans un immense coup de pompe à couper les jarrets et la volonté de continuer. Plus près encore, l’un se débat avec l’hospitalisation de sa vieille mère qui s’est fracturée le bassin, l’autre se débat avec un fils qui, dans sa démence, veut la tuer, mais à part ça, la roue des fortunes tourne et Elon Musk s’inquiète de tout retard à sa migration sur Mars, pourquoi ? Parce que, pensez-donc, dans 5 milliards d’années, le soleil va gonfler au point d’engloutir la terre et nous serons tous frits, alors il n’y a pas une seconde à perdre, c’est Mars d’ici 2029 ou…ou 2032, peut-être, enfin, le plus vite possible pour lui et ses 14 ou 20 ou 30 enfants. “On ne se soigne jamais assez,” comme chantait Guy Béart, à l’époque.

*Evguéni Schwartz, L’Ombre, conte en trois actes, traduction André Markowicz, Les Solitaires Intempestifs, 2011

**Jacques Ferron, La conférence inachevée, Le Pas de Gamelin et autres récits, préface de Pierre Vadeboncoeur, vlb éditeur, 1987

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Dreams: an article by a journalist praising the quality of the accounting, of the book keeping in a baseball club (?), with fulsome praise of the all and sundry; then a village school where I was a teacher, one of the school children imitated my slightest move in an indefinable atmosphere, something was wrong you couldn’t put your finger on it.

The “baseball club” reminds me of those meetings in the White House where they all wallow in the most extravagant praise of Trump who drinks it all in as if lapping up a bowl of cream; as for the atmosphere in the second dream, it is something of the “vibe” in my world at the moment.

I hesitated last night, as to whether I would re-read Evgueny Schwartz’s The Shadow or re-open Jacques Ferron’s Unfinished Conference. I opted for The Shadow, of the three of his plays published by Les Solitaires Intempestifs it is the one that best renders the world of falsehood and betrayal in which everything must have moved (and still does) in Russia. The Unfinished Conference had been on my table for days. To plunge into it again, amounts to returning to the homeland of yore, which is something that always requires a certain amount of determination. In the preface, Pierre Vadeboncoeur reminds the reader that ” Ferron sides with the dignity of his humble characters”. In The Shadow, the historian who hasn’t yet realized his shadow’s betrayal says; “In every human being, there is something alive, that is what you must touch, and then, everything’s OK.” (But I’m not at all certain that with some, what remains alive is always human) .

May 9th. The horrible staging of the USSR’s “Victory” in 1945, to the background of ongoing massacres in Ukraine.

Closer to home, les humanités languish because their editor is languishing under a depression so huge as to cut his hamstrings and his will to go on. Closer still, this one is struggling with the hospitalization of his aged mother who fell and fractured her pelvis, while this other avoids a demented son who wants to kill her, but apart from that, the wheel of fortunes keeps on turning and Elon Musk worries over any further delays to the migration to Mars, for the why? For the because, just think of it, in 5 billion years, the sun will spread to the point of engulfing the earth and we will all be fried, so there’s really not a second to lose, it’s Mars before 2029 or…or 2032, maybe, anyway the sooner the better for him and his 14 or 20 or 30 children. “One can never take enough care of one’s self”, as Guy Béart used to sing, way back when.