
Rêves : Un jeune garçon faisait une chute mortelle alors qu’il préparait une recette d’oeufs glacés (?) qu’il voulait montrer à son père, chef cuisinier; encouragée par la malveillance de Trump et sous le thème “libre d’être moi-même”, une femme semait la pagaille sur le site web d’une autre femme, laissant fièrement des “signatures” de ses méfaits; puis, la désorganisation totale, rien d’assuré sauf les méchancetés gratuites et l’incertitude, les disparitions, une sorte de loterie de la malchance.
Hier, le hasard a voulu qu’au moment où Trump signait son décret privant la radio publique américaine NPR de financement, je sois à regarder une vidéo de cette même radio de l’un de ses journalistes interviewant Steve Bannon qui prédisait une crise constitutionnelle aux Etats-Unis d’ici l’été. Pendant que les deux hommes échangeaient à fleurets mouchetés, je regardais le décor derrière Bannon : rangées sur rangées d’icônes et d’images religieuses et des affiches. L’une disait God will not be mocked (Dieu ne sera pas ridiculisé), une autre We Have not Yet Begun the Fight (Nous n’avons pas encore engagé le combat) et There are no conspiracies but there are no coincidences (Il n’y a pas de complots, mais il n’y a pas de coïncidences). Quant aux opinions de Bannon, mise à part sa détestation des milliardaires de la Silicon Valley (mais pas des autres), il donne son accord plein et entier à la suprématie présidentielle sur la loi, avec des arguments que je qualifierais de vicieux.
Tous, lui comme les autres, à dénoncer le système sur lequel ils se sont enrichis, comme des gamins gavés qui n’ont que des injures à la bouche et qui se targuent de représenter les intérêts du “peuple” qui aurait besoin d’un chef, d’un vrai, quitte à y perdre ses droits. En fait, il suffit d’éveiller et de titiller les rancunes, rancoeurs et ressentiments des uns comme des autres, d’y rajouter une bonne dose de crainte et de sacro-sainte incertitude, une bonne lampée de bienveillance divine sur l’Elu et les sorties de route se multipliant, le système se déglingue, les vérités de la veille sont dénoncées et nous voilà repartis en ligne droite vers une nouveau désastre. Hier, sur facebook, le candidat local du RN posait, tout sourire à côté de Jordan Bardella, annonçant “Patience ! On arrive !” et comme les “socialistes” au pouvoir dans cette petite commune accumulent les conneries et ne supportent pas la critique, ce “on arrive !”, sans être garanti, est plus que probable.
Avant cette vidéo, j’avais regardé le témoignage d’un Ukrainien, Oleksii Anulia, sur ses neuf mois dans un centre de torture russe. Le niveau de dépravation atteint dans la souffrance physique, émotionnelle et morale imposée aux prisonniers dépasse l’entendement. Comme si, chez ces gardiens, la conscience s’était complètement éteinte était remplacée par … comment dire ? une rage de détruire ce qu’il y a d’humain chez l’être qui se trouve devant eux, qui les offense puisqu’ils sont incapables d’y accéder à nouveau. Poussée à l’extrême, c’est la tentative du violeur pour transférer son mal sur la personne qu’il viole. Ce qui ne fait qu’exacerber chez le violeur sa haine de lui-même, avec en prime, l’obligation faite à sa victime d’assumer les dégâts causés à sa propre personne.
La déclivité incalculable entre la surface des choses et cet abysse insondable. La vie “de tous les jours” se déroulant à la surface pour la plupart d’entre nous, que tout ça dégoûte et fait peur, je ne sais pas comment on peut en venir à conquérir ce qu’Evguéni Schwartz décrivait comme la part du dragon en nous. Je ne sais pas. Si la beauté suffisait comme remède, ça se saurait su, depuis le temps.
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Dreams: a young boy had a fatal fall while preparing a recipe for glazed eggs (?) to show his chef of a father; encouraged by Trump’s nastiness and under the theme of “Free to be me”, a woman wreaked havoc on the website of another woman, proudly leaving “signatures” of her misdeed; then, total disorganisation, nothing was certain except for gratuitous nastiness and uncertainty, disappearances, a kind of lottery of misfortune.
Ysterday, it so happened that as Trump was signing an executive order stripping the United States national public radio (NPR) of funding, I was watching a video produced by this same radio of one of its journalists interviewing Steve Bannon predicting a constitutional crises in the United States by summer. While the two men exchanged careful barbs, I lookd at the view behind Bannon: row upon row of icons and religious images and posters. One read God will not be mocked, another We Have not Yet Begun the Fight and There are no conspiracies but there are no coincidences. As for Bannon’s opinion, except for his detestation of Silicon Valley billionaires (but not of the others), he gives his full support to the notion of presidential supremacy over the law, with arguments I would describe as vicious.
All of them,, Bannon like the others, busily denouncing the system that enriched them, like spoiled kids constantly badmouthing everyone and who claim to represent the interests of the “people” who would be in need of a leader, a real one, even if this means losing their rights. In fact, all it takes is awakening and titillating grudges, rancors and resentments of the one against the other, adding a good dose of fear and of blessed uncertainly, a good bit of divine benevolence over the Anointed One and the road accidents multiply, the system goes awry, yesterday’s truths are denounced and away we go again in a straight line toward a new disaster. Yesterday, on facebook, the local candidate of the RN was posing, all smailes with the party leader Jordan Bardella, announcing “Hold on ! We’re on a way !” and as the “socialists” in power in our small town keep piling on the stupdities and cannot stand criticism, this “we’re on our way!”, without being guaranteed, is more than likely.
Before this video, I had watched lthe testimony of a Ukrainian, Oleksii Anulia, on his nine months of incarceration in a Russian torture center (the video is in French with Ukrainian subtitles). The level of depraved behavior reached in the physical, emotional and moral suffering imposed on the prisoners is beyond understanding. As if, in these guards, conscience having been completely extinguishes, had been replaced by…how to describe it ? A destructive rage to destroy in the being in front of them everything that offends them since they cannot experience it anymore. Pushed to its extreme, it is the attempt by the rapist to transfer his pain on the person he is raping. Which only exacerbates the rapist’s self-loathing, with the added feature of forcing the victim to take on the damage caused to his or her own person.
The incalculable declivity between the surface of things and this unfathomable abyss. “Every day” life taking place on the surface for most of us, all this is disgusting and frightening, I don’t know how we can manage to conquer what Evgueny Schwartz described as the part of the dragon in us. I don’t know. If beauty was sufficient, it would have been discovered as the cure, a long time ago.