
Rêve : Nous étions à l’étranger dans une zone comme une mer à marée basse, à un certain moment, Ilana décidait de marcher seule et nous avancions vers la terre ferme, j’y arrivais en premier et je l’attendais avec les autres, mais elle n’arrivait pas, je l’appelait, elle ne répondait pas, je courais le long de la berge pour tenter de l’apercevoir – rien, nous partions chacun de notre côté à sa recherche en criant son nom, sans résultat, je rejoignais les autres et je leur disais qu’à mon avis, elle avait été arrêtée à titre d’étrangère, qu’elle était en détention et qu’on lui interdisait tout contact avec l’extérieur, les autres se mettaient à pleurer à chaudes larmes, sauf pour une seule autre personne à part moi, un homme, nous nous regardions dans les yeux et je me suis réveillée, il était 3:07 et jouaient dans ma tête les paroles de El pueblo unido jamas sera vencido – a conquistar nuestra felicidad y-en-un clamor mil voces del combate se-al-zaran diran cancion de libertad con decision la patria vencera
S’ensuivent plus de deux heures de réminiscences, commençant par 1973. Les années Israël sont encore devant nous. 11 septembre ’73. Je vais sur mes 27 ans, elle en a 4, je milite au CAP (comité d’action politique) St-Jacques, et dans le mouvement des garderies populaires, elle passe ses journées à la garderie du Centre St-Louis, j’ai fait l’acquisition d’un vélo avec un siège pour enfant, quand je vais la chercher pour rentrer à la maison et qu’un gros camion nous double, elle me crie “dépasse-le maman ! dépasse-le !” parce qu’elle ne doute aucunement de mes capacités à dépasser sur deux roues un transporteur routier qui en a douze. 11 septembre. Le coup d’Etat de Pinochet appuyé par la CIA, à l’intérieur de La Moneda, Salvador Allende se suicide plutôt que de se rendre aux hommes de Pinochet, la répression déferle, les réfugiés arrivent à Montréal, el pueblo unido, el pueblo, el pueblo les humains voyagent à travers un champ de symboles, argent, pouvoir, travail, famille, patrie, révolution… L’injustice nous brûle la gorge, en permanence.
Avant, il y a eu Octobre ’70, les bombes, les enlèvements, le meurtre du ministre Pierre Laporte, l’arrivée des soldats canadiens, les arrestations, les interrogatoires, les détectives ventripotents omnipotents, obscènes et vulgaires, leurs yeux sales, leurs gros doigts “fais pas ta smatte, toé ! On t’a à l’oeil, tu veux ..” non, c’est bon, pas envie de revoir leurs sales gueules. Et ’68 en Tchecoslovaquie, et Hongrie en ’59 – l’image de ce gamin avec son fusil, se battant contre les chars russes et, pour moi du moins, le début, en ’53 avec la bonne soeur qui prétendait que chaque fois que nous bougions en classe, nous gamines de 6-7 ans, un “communisse” tuait un soldat américain en Corée.
Maladie mentale ou pas, ma fille et moi sommes terriblement dépareillées. 1974, en commune avec les étudiants iraniens, Darius prêchant la révolution à venir, Shahnaz préparant l’omelette aux aubergines., écoutant Maria Farantouri en boucle, chanter To yelasto pedi. Pendus, tous, dès leur retour là-bas. Et ma fille de 5 ans, délirant de fièvre à cause de la mononucléose (mais où avait-elle attrapé ça ?)
Et puis Israël, et puis et puis. el pueblo unido jamas jamas jamas. Hamas. El pueblo, c’est symbolique aussi, terriblement, horriblement symbolique
Mon ami Rustine est passé prendre le café hier. Nous avons beaucoup parlé, famille et politique; sa mère était venu le visiter, deux voies/voix distinctes, nous sommes tellement nombreux à traverser les sables de la marée basse, chacun sur notre sentier tendant vers la berge. Milliones ya imponen la verdad, certes. Mais, de toute évidence, là n’est pas la question. (Qu’en disent les champignons ?)
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Rien à voir ? Qui sait. Hier soir, je lisais au sujet des champignons (en pensant à mon ami, le Géant dans L’Horloger des Brumes.) Et, comme ça, il m’a paru évident que la conscience est une caractéristique de tout le vivant, que le conscient en soit “conscient” lui-même, ou non.y ahora el pueblo que se-alza en la lucha con voz de gigante gritando: Adelante ! El pueblo…et cetera.
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Dream : We were abroad in a zone like a sea at low tide, at one point, Ilana decided she wanted to walk alone, we were advancing toward the shore, I arrived first, and was waiting for her, but she didn’t show up, I called out, she didn’t answer, I ran along the shore trying to catch sight of her – nothing, all of us took off in different directions looking for her, calling out her name, to no avail, I joined up with the others and told them that, in my opinion, she had been arrested because she was a stranger, that she was in detention and was prohibited from contacting the outside world, the others all started weeping, except for me and another person, a man, we looked at each other in the eyes and I woke up, it was 3:07 AM and streaming in my head were the words of the song El pueblo unido jamas sera vencido – a conquistar nuestra felicidad y-en-un clamor mil voces del combate se-al-zaran diran cancion de libertad con decision la patria vencera
There then followed two hours of reminiscing beginning in 1973. September 11 ’73. I’m going on 27, she is 4, I’m an activist in the CAP (Political Action Committee) of the St-Jacques neighborhood in Montreal, she spends her days in the Centre St-Louis people’s day care center, I’ve acquired a bicycle with a child seat, when I pick her up to go home and a big truck barrels ahead of us, she yells “pass him, mummy! pass him!” because she does not have the slightest doubt that I am capable of passing a twelve-wheeler on my two. September 11. Pinochet’s coup d’Etat supported by the CIA, inside La Moneda, Salvador Allende kills himself so as not to fall into the hands of Pinochet’s men, repression surges, the refugees start arriving in Montreal, el pueblo unido, el pueblo, el pueblo humans travel through a field of symbols, money, power, work, family, country, revolution…Injustice burning in our throats, on a permanent basis.
Before that, there was October ’70, the bombs, the kidnappings, the murder of Minister Pierre Laporte, the arrival of the Canadian soldiers, the arrests, the interrogations, the fat-bellied omnipotent detectives, obscene and vulgar, their dirty eyes, their pudgy fingers “don’t try acting smart with me, you! We got our eyes on …” no, enough, no wish to see their ugly mugs again. And ’68 in Chekoslovakia, and Hungary in ’59 – that image of the boy with his rifle, fighting against the Russian tanks and the beginning, at least for me, in ’53 when the nun was telling us, a class of first-graders, that every time we fidgeted in class, a “communist” was killing an American soldier in Korea.
Mental illness or not, my daughter and I are a very bad match. 1974, in the commune with the Iranian students, Darius, preaching the upcoming revolution, Shahnaz preparing the eggplant omelet, listening over and over again to Maria Farantouri singing To yelasto pedi. Strung up, every one of them, the minute they went back to their country. And my five-year old daughter raving with fever from mononucleosis (but where had she caught it?)
And then, Israel, and then and then. el pueblo unido jamas jamas jamas. Hamas. El pueblo is also symbolic, terribly, horrifically symbolic.
My friend Rustine (Band-Aid) came by for coffee yesterday. We talked a lot about family and politics; his mother had come by for a visit, two roads, two distinct voices, we are so many crossing the sands at low tide, each on our own path heading for the shore. Milliones ya imponen la verdad, no doubt. But, most obviously, that is not the point.
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No connection? Who knows. Last night, I was reading about mushrooms (for the benefit of my friend the Giant in L’Horloger des Brumes.) And out of nowhere, it struck me that consciousness is a characteristic of all the living whether the consciousness is aware of itself, or not. y ahora el pueblo que se-alza en la lucha con voz de gigante gritando: Adelante ! El pueblo…etc. (What do mushrooms think about it ?)