17 avril 2025

Rêve : une histoire de passeport perdu et retrouvé, il s’agit tout d’abord des 3e et 4e copies de mon passeport, on me demande ce que j’en ai fait pendant que je tente de ranger un logement en très grand désordre, je ne m’en souviens pas du tout (j’en suis à mes 5e et 6e versions plus récentes) alors je raconte que je les avais rangés dans un sac à main que j’ai perdu, ce qui semble satisfaire le fonctionnaire, puis je suis dans un studio télé pendant une émission où on va révéler que ces 3e et 4e copies ont été retrouvées et, qu’en fait, ils appartiennent à l’actrice Sharon Stone qui s’apprête à entrer en scène pour qu’on lui fasse la surprise de les lui rendre.

Sharon Stone ? Ah bon. Peut-être à cause d’une des vedettes (que je ne connais pas) qui raconte que tout le monde devrait se payer un petit 10 minutes dans l’espace à bord d’une fusée de Jeff Bezos (courte vidéo aperçue juste avant ou après une autre où des “employés de DOGE” fracassent la vitre d’une voiture pour obliger un homme à en sortir et se faire arrêter – et il ne s’agissait pas d’une mise en scène.)

Puis, dans Le complot contre l’Amérique de Philip Roth, ces deux extraits lus en soirée : “Ça veut dire que nous tournons le dos à nos amis, et que nous prenons nos ennemis pour amis. Tu sais ce que ça veut dire, mon fils ? Ça veut dire qu’on est en train de détruire tout ce que représente l’Amérique.” Et cet autre : “...la révélation de l’imprévu, tout était là. Retourné comme un gant, l’imprévu était ce que nous, les écoliers, étudiions sous le nom d'”histoire”, cette histoire bénigne, où tout ce qui était inattendu en son temps devenait inévitable dans la chronologie de la page. La terreur de l’imprévu, voilà ce qu’occulte la science de l’histoire, qui fait d’un désastre une épopée.” *

“Retourné comme un gant” : la face cachée de l’histoire, en fait. La vérité sur les génocides, notamment. L’histoire qu’on a gobée, plus ou moins, révélant maintenant toute la laideur de sa vérité sous-jacente.

*Philip Roth, Le complot contre l’Amérique, traduit de l’américain par Josée Kamoun, collection folio, Gallimard 2006

(Gallimard, qui, dans les années ’40, s’était débarrassé du créateur de la La Pléiade, Jacques Schiffrin, parce que juif; et qui s’apprête à publier les démences du “gourou” des techno-bros, Curtis Yarvin; comme si leur influence ici n’était pas assez perceptible déjà.)

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Je passe beaucoup de temps à réfléchir, ces jours-ci. Ce qui n’est pas nouveau, en soi, mais j’y passe encore plus de temps qu’avant. Hier, je réfléchissais aux mensonges; non pas les petits accrocs plus ou moins convenus à la vérité, mais aux mensonges qui ont des conséquences catastrophiques pour d’autres. J’ai noté six catégories de tels menteurs – par stupidité, par rancune, par indifférence aux autres, par plaisir que leur procure le mal, par lâcheté, et par calcul, pour la puissance et les bénéfices qu’ils en retirent.

Je reste sur cette image du gant retourné.

Dorénavant, le tout est de savoir si le patient survivra à la pourriture qui le ronge. Sa résistance au mensonge, et aux vérités qu’il révèle. Et si nous serons assez forts pour y résister, nous aussi.

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Dream: a tale of a lost and found. passport, at first it involves the 3rd and 4th copies of my passport, while I’m attempting to tidy a very messy apartment, I’m asked what I did with them, I don’t recall so I make up a story about putting them away in a handbag and losing it which seems to satisfy the government employee, then I’m in a TV studio during a show where it will be revealed that these 3rd and 4th passport copies were in fact those of actress Sharon Stone who is about to arrive and get the surprise of having them handed back to her.

Sharon Stone ? Oh, OK. Perhaps because of that celebrity (I don’t know her) telling the world everyone should pay for a 10-minute ride above Jeff Bezos’ space ship (a short video I glimpsed just before the one where “DOGE staff” shatter the window of a car to force a man to come out and be arrested – and that wasn’t a staged act. )

Then, these two excerpts from Philip Roth’s The Plot against America, read last night ; “It means that we are turning our backs on our friends and choosing our enemies for friends. Do you know what that means, son? It means we are destroying what America represents.” And this other one: “...the revelation of the unexpected, everything was contained in it. Turned inside out like a glove, the unexpected was what we schoolchildren studied under the name of “history”, that benign story in which everything that had been unexpected in its day became inevitable in the chronology on the page. The terror of the unexepected, that was what the science of history consisted of, turning a disaster into an epic.”

Philip Roth’s The Plot against America is published in France by Gallimard. The same publishing house who had gotten rid of Jacques Schiffrin in the 1940s, the creator of the prestigious Pleiade series, because he was Jewish. And who is about to publish the demented ravings of Curtis Yarvin, the techno-bros’ “guru”; as if their influence wasn’t felt strongly enough over here already.

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I spend a lot of my time thinking, these days. Which is nothing new in and of itself, but I spend even more time at it than I did before. Yesterday I was thinking about lies; not those small arrangements with truth for convenience’s sake, but the lies with catastrophic consequences for others. I noted six categories of such liars – out of stupidity, out of resentment, out of indifference for others, out of pleasure derived from evil, out of cowardice, and by design for the power and the benefits they draw out of it.

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“Turned inside out like a glove” : the hidden face of history, in fact. The truth on the genocides, notably. The story we swallowed whole, more or less, now revealing its ugly underlying truth.

Henceforth, everything depends on whether the patient will survive the rot eating away at him. His resistance to the lies, and to the truths it reveals. And whether we will be strong enough to resist it as well.

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