Rêves: la chasse était engagée au mot, à la phrase, à l’expression dénotant un manque de loyauté envers Trump: suivi de Trump + Trump + Trump jusqu’au réveil, bouh ! suffit, à la fin !

*

Evasion, pourtant, hier soir, en écoutant Marta Argerich, 85 ans, interprétant le 2e concerto pour piano de Beethoven.

*

Vers la fin des Carnets d’Ukraine de Michel Hazanavicius : “Dans toutes les industries, tous les métiers, toutes les les couches de la société, la guerre va laisser derrière elle un pays privé de trop de talents, morts au combat. Kolya lui essaye à son niveau de sauver des artistes. Il le fait aussi pour l’après, pour la paix. “Car à ce moment-là, les vétérans n’écouteront pas les civils, ils n’écouteront pas les politiciens, ils n’écouteront que des gars qui auront fait la guerre. Et ils auront besoin d’artistes pour raconter l’histoire, les histoires, pour que le récit national soit juste.” En anticipant le rôle de l’artistes après la guerre, et parce qu’il connaît bien les vétérans de demain, Kolya n’est pas que dans l’urgence. Il prépare l’avenir. Et même s’il ne perd pas le sourire, il a une vague idée des chantiers qui l’attendent. “On n’aura pas de temps libre avant longtemps.”*

Et la guerre est loin d’être terminée, et l’avenir, plus incertain à chaque jour.

*

Ici ? Les forces qui déchirent le monde sont à l’oeuvre; pour les “irréguliers”, l’espace se rétrécit de jour en jour dans un mélange d’ indifférence et d’hostilité quasi générales. Les médias…qu’en dire lorsque journaux et “grandes maisons” d’édition tombent dans l’escarcelle des milliardaires; qu’un Gallimard s’apprête à publier les immondices de Curtis Yarvin, le “gourou” des “technos-bros” démantelant l’Amérique en ce moment, que Bolloré fait la loi chez Hachette, chez Fayard, sur les chaînes de télé… Quand les propriétaires des réseaux informatiques menacent et refusent de payer leurs dûs…

Que dire quand le président des Etats-Unis, dans un aparté au président du Salvador, lui conseille de construire cinq autres lieux de détention pour les “home-growns” (les Américains en bonne et due forme) qu’il veut y envoyer ? (Et qu’on entend des voix en rire en arrière-plan.)

*

“Après la guerre”, comme une sorte de médaille ou de talisman qu’on confierait à un enfant pour qu’il ne perde pas espoir. James Baldwin a dit un jour qu’on n’avait pas le droit d’enlever l’espoir aux enfants. C’est peut-être la seule façon de le préserver soi-même.

“Now as I was young and easy under the apple boughs…”

*Michel Hazanavicius, Carnets d’Ukraine, Allary Editions 2025

*

Dreams: a hunt was on for a word, a sentence, an expression denoting lack of loyalty toward Trump; followed by Trump + Trump + Trump all the way to wake-up, oy ! Enough already !

*

And yet, I’d made an escape last night, by listening to 85 year old Marta Argerich, interpreting Beethoven’s 2nd piano concerto.

*

Toward the end of his Carnets d’Ukraine (Ukraine sketch books) Michel Hazanavicius writes : “In every industry, in every profession, in all the levels of society, the war will leave behind it a country deprived of too many talents who died in combat. Kolya attempts at his level to save artists. He does so also for the after, for peacetime. “Because at that time, the veterans won’t listen to the civilians, they won’t listen to the politicians, they won’t listen to the guys who won’t have been to war. And they will need artists to tell the story, the stories, for the national narrative to be exact.” In anticipating the role of artists after the war, and because he well knows tomorrow’s veterans, Kolya is not only working in the urgency of the moment. He’s preparing the future. And even if he never loses his smile, he has a vague idea of the construction work awaiting him. “It will be a long while before we have any leisure time.”

And the war is far from over, and the future, more uncertain with every passing day.

*

Here ? The forces tearing the world asunder are at work; for the “irregulars”, the space narrows from day to day in a mixture of quasi-general indifference at best and hostility at worst. The media…what is there to say when newspapers and big publishing houses fall into the purse of billionaires: when a Gallimard is about to publish the rubbish of a Curtis Yarvin, the “guru” of the techno-bros dismantling America at this very moment, when a Bolloré rules over Hachette, Fayard, on TV networks… When the GAFAs threaten not to pay their dues…

What is there to say when the president of the United States, in a side comment to the president of Salvador, tells him he needs to build five more detention centers for the “home-growns” (bona fide Americans) he intends to ship to him? (And voices are heard laughing over this in the background.)

*

“After the war”, like a kind of medal or talisman one would entrust to a child so that it not lose faith. James Baldwin once said we had no right to deprive children of hope. It may be the only way to preserve some ourselves.

“Now as I was young and easy under the apple boughs...”https://poets.org/poem/fern-hill