11 avril 2025

Rêves : “Musk se demande pourquoi vous n’êtes pas sous mandat d’arrêt pour vos accusations sordides de délit d’initiés et, en plus, Steph a des soucis concernant la vente de sa maison, alors qu’est-ce qu’on s’en fout de vos problèmes ?” disait une voix très énervée; puis, un logement minable où les prises électriques étaient inutilisables au risque de provoquer un incendie, mais tout le monde s’en fichait parce que, étudiants et ouvrier saisonniers que nous étions, nous ne pouvions pas nous offrir quelque chose de mieux.

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Tête vide. Corps ankylosé. Les idées se tiennent à distance. Message à l’équipe de la part de Jean-Marc hier, en fin de journée : son médecin l’avertissait d’un risque sérieux d’infarctus et d’un besoin urgent de repos (j’espère qu’il en profitera pour au moins réduire sa consommation de cigarettes). Quelques heures plus tard, l’un des membres de l’équipe m’envoie son propre texte à réviser, rien à signaler sauf pour la correction de deux coquilles.

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Dans une pile de livres qu’on m’a donnés – aller savoir pourquoi – : une série incomplète du roman Jean-Christophe de Romain Rolland en dix volumes (j’en ai quatre) dans une édition sans date d’impression par Albin Michel, Editeur, et sur papier jauni aussi fragile que des gaufrettes. J’en ai lu un hier soir – le numéro six, qui s’intitule Antoinette, jeune femme admirable qui meurt de phtisie après avoir usé ses forces à élever son jeune frère. L’écriture contient tous les a priori de l’époque – il y a des hommes virils et d’autres, comme le frère en question dont la “nature féminine” était “mieux faite pour aimer que pour agir” (ah bon ?); des passages étonnants, comme cette réflexion au sujet de la musique “qui est un des grands dissolvants modernes. Sa langueur chaude d’étuve ou d’automne énervant surexcite les sens et tue la volonté.” (ah bon ?). Et un philosémitisme qui change un peu de son frère jumeau, l’anti, produisant des réflexions assez étonnantes au sujet des juifs en général qui donne envie de dire “préservez-moi de mes amis, je me débrouillerai bien pour ce qui est de mes ennemis.” M’enfin. Chose faite, je ne lirai pas les autres mais, comme comme la lumière frappait les pages en biais, j’ai remarqué que sur les fins de chapitres quand le texte ne se rendait qu’à mi-page, la frappe du texte sur la page suivante apparaissait comme un palimpseste. Envie de les découper et d’en faire un collage.

Mais, surtout, j’ai pris des notes – sur L’Horloger, sur le personnage de Sophie dont le carnet de notes nous apprend qui étaient ces gens qui se sont retrouvés coincés dans la Vallée des Brumes en 1974.

Ciel d’un bleu laiteux ce matin. Dans le jardin, le pommier dont les bourgeons avaient commencé à ouvrir trop tôt semble avoir pris les gelées tardives et ne donne plus signe de vie.

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Dreams: “Musk is wondering why you are not under arrest for your sordid accusations of insider knowledge on the stock market, plus Steph is having problems with the sale of her home so what do we care about your problems ?” said a very aggressive voice; then, a run-down apartment where the wall sockets were useless unless you wanted to set off a fire, but nobody cared because we were students and seasonal workers who couldn’t afford anything better.

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Empty-headed. The body stiff. Thoughts keeping their distance. A message from Jean-Marc to the team, yesterday in late afternoon: his doctor was warning him of a serious risk of a heart attack and of the urgent need for rest (I hope he’ll use the opportunity to at least reduce his cigarette consumption). A few hours later, one of the team members sends me one of his papers to revise, nothing amiss in it except for two typos.

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In a pile of books that were given to me – who knows why -: an incomplete series of the novel in ten volumes Jean-Christophe by Romain Rolland (I have four of the ten) in an edition with no publication date from Albin Michel, on paper that has yellowed and turned as crisp as wafers. I read one last night – number six titled Antoinette, an admirable young woman who died of consumption after expending her strength on raising her young brother. The writing is filled with the accepted notions of the time – there virile men and others, such as the young man in question, whose “feminine nature” is “better suited to loving than to doing” (oh?); surprising passages, such as this comment concerning music “which is one of the great modern solvents. Its languorous sauna or autumn-like heat enervating and overstimulating the senses and killing the will” (oh really ?) And a philosemitism that provides a change from its twin brother, the anti, producing quite astounding comments about Jews in general that make you want to say “preserve me from my friends, I’ll manage when it comes to my enemies”. But there you are. Done deal, I won’t be reading the others but, as the light was striking the pages at an angle, I noticed that on all the pages at the end of chapters where the text didn’t reach the bottom of the page, the blank section showed the imprint of the text on the following page, like a palimpsest. I feel like cutting them out into a collage.

But mostly, I took notes – about the Time Keeper, on the Sophie character whose notebook tells us who were these people who became stranded in the Valley of Fog in 1974.

A milky blue sky this morning. In the garden, the apple tree that had started to bud too early seems to have been struck by the late frosts and no longer shows signs of life.

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