
(Illustration : Camille Messager)
Au réveil, mes rêves s’effritent, laissant des images dispersées de pupitres sur lesquels écrire et de conversations dont ce n’est pas le contenu qui importe, mais le fait de pouvoir parler.
Me saisit plutôt le souvenir de cet entrefilet d’une obscénité inqualifiable, lu dans Le Canard Enchaîné du mercredi 19 mars 2025, que je cite ici in extenso:
«Heureux les collégiens et les lycéens qui vont participer à la 36e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée du 24 au 29 mars ! Les professeurs auront à leur disposition 2 000 exemplaires gratuits du “JDNews”, le magazine de Bolloré. Ils pourront ainsi apprendre que “la Russie n’est pas une menace”, selon Philippe de Villiers (“Le JDNews”, 12/3) , ou que la liberté d’expression de l’ex de Russia Today, Xenia Fedorova a été mise en danger (“Le JDNews”, 16/3). Plus chanceux encore, quelques élèves seront invités par Europe 1 à assister à l’émission de Pascal Praud. Peut-être l’entendront-ils regretter que “que c’est en terre arabique que l’avenir de la planète se décide” (le “JDD, 16/3).
Cette Semaine de la presse est placée sous le thème : “Où est l’info ?” Bonne question !»
Voilà à quoi s’amusent les destructeurs de sens auprès des jeunes à sa recherche. (C’était à côté de la rubrique La Boîte aux Images de Sorj Chalandon, qui portait sur L’Intelligence Humaine face aux usages confiés à l’IA par les destructeurs de sens. Un outil qui pourrait améliorer le sort de millions de personnes, mais non, utilisé plutôt pour sabrer dans les connexions reliant la pensée à l’expérience concrète – et aux liens d’un individu avec un autre.)
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Dehors, les arbres s’agitent, secoués depuis deux jours par un vent comme une bourrasque permanente. Sur ma table de travail, deux tulipes réchappées des assauts. Dans le cahier des poèmes que je conserve, je recopie celui d’André Markowicz, publié dans la chronique du 19 mars, “Face au désastre”.
Hier, après les tonnes de lecture en rapport avec le “feuilleton” dans les humanités et la transcription d’un autre passage du cahier vers le texte sur écran dans le récit de L’Ingénieur des collines, quelques mots apparus sur la page du “Cucube” que j’imagine à la fin de L’Horloger des Brumes : « La 4e déflagration, elle…elle n’était pas prévue. Coincé dans un passage étroit, Cucube ne peut ni avancer, ni reculer, ni basculer le long d’une pente , immobile depuis…depuis…immobile, quoi, il s’incruste, sa base interagit avec le sol, de nouvelles structures filiformes en émergent, s’agrippent à Cucube, grandissent. Autre chose en train de naître, mais quoi ? »
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Allez. Vendredi, 21 mars 2025
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Upon waking, my dreams fritter away, leaving behind random images of various desks on which to write and conversations, the content of which doesn’t matter, simply the fact of being able to speak.
I’m immediately grabbed by the recollection of a short item I read in the Wednesday March 19 2025 edition of Le Canard Enchaîné which I quote here in its entirety:
“Fortunate are the college and lycée students who will participate in the 36th edition of the Week of press and media, in the schools, organized from March 24th to 29th! The teachers will have on hand 2 000 free copies of Bolloré’s magazine, “JDNews”. They will thus be able to learn that “Russia is not a threat”, according to Philippe de Villiers (“Le JDNews”, 12/3) , or that Xenia Fedorova, formerly of Tussia Today saw her freedom of expression threatened (“Le JDNews”, 16/3).Luckier still, a few students will lbe invited on Europe 1 for the taping of a Pascal Praud’s show. Perhaps they will hear him regretting that “the future of the planet is being decided on Arabi soil” (le “JDD, 16/3).
This Week of the Press is occurring under the them; “Where is the news?” Good question!”
This is how the destructors of meaning amuse themselves with youngsters in search of some. (It was next to Sorj Chalandon’s column La Boîte aux Images which was about Human Intelligence faced with the uses to which the destructors of meaning have put AI. A tool that could improve the lot of millions, but no, used instead to cut through the connections linking thought to concrete experience – and those linking one individual to another.
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Outside, the trees shake, tossed about for the past two days by a wind like a constant gust. On my work table, two tulips saved from the assaults. In the notebook of poems to keep, I recopy the one by André Markowicz, published in his column of March 19, “Facing disaster”.
Yesterday, after tons of reading for the series on les humanités and the transcription of another passage from the notebook toward the text on screen for the section of the tale relating to The Hills Engineer, a few words that appared on the page for “Cucube” qhich I see as the conlusion of L’Horloger des Brumes : “The 4th explosion, it…it wasn’t planned. Stuck in a narrow spot, Cucube can not move forward or back up, nor can it fall over on an incline, motionless since…since…motionless, in other words, it embeds itself, its base interacts with the soil, new thread-like structures emerge, cling to Cucube, grow. Something else is being born, but what?”
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OK. Onward. Friday March 21st 2025