(gravure : Camille Messager)

Rêves : Nous (?) formions un pacte juridique pour organiser nos propres élections (je ne saurais dire pourquoi cela m’obligeait à passer une éponge humide sous la table); puis, longue séance avec l’Ogresse qu’il va falloir noter aujourd’hui – c’était l’un de ces moments semi-éveillée où les phrases s’organisent d’elles-mêmes “comme si” on les écrivait.

La meilleure solution sera d’apporter le cahier avec moi et de le faire à la médiathèque de Gaillac (où je dois me rendre pour un rdv médical ce matin.)

*

Hier, dans mes “instructions à moi-même”, j’ai noté ce qui suit : Partir du principe évident que nous nous dirigeons vers pire encore. Et, cela étant, trouver le souffle du marathon, plutôt que celui du sprint.

Parce qu’il est tellement évident “qu’ils” ont organisé toute cette prise de contrôle du gouvernement américain, et “qu’ils” sont tellement plus riches et tellement plus puissants qu’aucun d’entre nous – malgré toutes leurs luttes et querelles intestines (qui ne doivent qu’ajouter à l’horreur de tout ça). Pas plus tard qu’hier, ce morceau de détritus humain du nom de Donald J. Trump a signé un décret abolissant toutes les mesures destinées à nettoyer les endroits les plus pollués du pays, là où les gens vivent dans des conditions d’un sordide inimaginable – des zones qui m’avaient inspirés le roman sur la ville fictive d’Emerald City, en Floride, il y a des années de cela. Et le pas de deux avec Poutine. Les abimes de corruption là-bas, et sans le moindre doute, ici aussi, (voici mon numéro de téléphone, dit Musk aux gouverneurs d’Etats mécontents, appelez-moi, je suis certain que nous trouverons des solutions à vos soucis – et que voilà un autre pot-de-vin, puis un autre, et ainsi de suite.)

Alors, oui, il y a des jours où c’est plus dur que d’autres d’absorber tout ça, de le traiter et de le relâcher d’une façon qui soit utile. Dans une vidéo que j’ai regardé en l’annotant, avant-hier, un universitaire du nom de David Karpf disait qu’il se demandait parfois s’il ne ferait pas encore pire que ces oligarques s’il était aussi riches qu’eux, puisque pareil niveau de richesse fait qu’ils sont entourés de gens qui leur disent constamment à quel point ils sont géniaux, exceptionnels (ce qu’ils doivent croire, certainement); pendant qu’une autre universitaire du nom de Brooke Harrington les comparait à des chats domestiques, habitués à ce qu’on les nourrisse et qu’on change leur litière, et qui s’imaginent en grands félins dans la jungle, sans la moindre idée de ce que cela peut représenter “pour de vrai”. Voilà.

*

J’ai expédié le brouillon du deuxième épisode du feuilleton à Jean-Marc Adolphe hier, comprenant, notamment, les bouffées délirantes d’un milliardaire du nom de Balaji Srinivasan; puis, j’ai lu et je me suis débattu avec ma propre tête pour le reste de la journée. M’éloigner pour une journée sera une bénédiction, d’une certaine façon.

*

L’Ogresse oui, en visite à cette autre observatoire où les femmes sont tellement belles et elle, si disgracieuse. Et où on lui fait don d’une copie de l’Herbier de Prison de Rosa Luxembourg.

*

Dreams: We(?) formed a legal pact in order to organize our own elections (I cannot say why this required that I run a wet sponge under the table); then, a long session with the Ogress from L’Horloger that I’ll. have to get down in writing today – it was one of those half-awake deals where sentences organize themselves ‘as if’ you were writing.

The best solution will be to bring the notebook with me and do so in the médiathèque in Gaillac, where I must go this morning for a medical appointment.

*

Yesterday in my “instructions to myself” I jotted down what follows: Begin from the obvious principle that we are headed for even worse still. And, that being the case, find the breathing for a marathon rather than for a sprint.

Because it is so obvious that “they” have organized this whole take-over of the American government and that “they” are so much wealthier and more powerful than any of us – despite all their infighting and disagreements (these will only add to the horror of it all). Just yesterday, that piece of human scum that goes by the name of Donald J. Trump signed a decree cancelling all mesures designed to clean up the most polluted areas in the country where people live in unimaginable squalor – the areas that inspired the writing of the novel about Emerald City, Florida, years and years ago. And the pas de deux with Putin. The abysmal corruption over there and, undoubtedly, over here also (here’s my phone number, Musk says to discontented State governors, call me, I’m sure we’ll find solutions for your concerns – and there goes another bribe and yet another bribe, on and on.)

So, yes, there are days where this taking in, processing and releasing in a useful way is harder than others. In a video I watched while annotating it, the day before yesterday, an academic by the name of David Karpf was saying how he wondered sometimes if he wouldn’t be even worse than these oligarch if he were as rich as they are, since such a level of wealth means they are constantly surrounded by people telling them what geniuses they are, so exceptional (and they must certainly end up believing it); while another academic by the name of Brooke Harrington compared them to domestic cats, used to being fed and having their litter box cleaned out and who imagine themselves as big jungle cats, without the slightest notions of what they would mean “for real”. Voilà.

*

Sent the draft of the second episode of the series to Jean-Marc Adolphe yesterday that includes the bouts of delirium by a billionaire by the name of Balaji Srinivasan, and then, read and struggled with my own mind for the rest of the day. Being away for the day will be a blessing, in a way.

*

The Ogress, yes, visiting that other observatory where the women are so beautiful and she, so ungainly.