
Rêves : des cones en carton fabriqués en Chine, inversés on peut s’en servir comme verre, comme j’en fabrique, j’habite au dernier étage de l’immeuble avec ma propre réserve de cones tandis qu’en bas la famille se réunit autour de la télé avec des verres classiques remplies d’eau et de glaçons; un type fait une chute/cascade dans un long escalier, un autre mange une des 6 livres de raisin qu’il devait vendre, des gens, des gens qui déambulent dans la rue, indifférents.
Je m’éveille d’humeur massacrante. Bon, d’accord, dans L’Homme révolté de Camus, hier soir, j’ai posé le livre après la phrase “Voilà pourquoi Hitler et son régime ne pouvaient se passer d’ennemis.” Ça m’a énervée, et pas seulement à cause d’Hitler, je dirais plutôt à cause de l’impression générale qui se dégage, non seulement à la lecture des informations, mais à l’attitude des gens – dans la rue, sur le marché. On me dira que c’est rien, autrefois les gens s’échangeaient des banalités au sujet du temps et du prix des rutabagas, mais maintenant ? Le nez collé sur le bout de plastique noire qu’ils tiennent à la main, alors qu’ils font la queue pour le pain, une main distraite sur la poussette du bébé. Ça m’énerve. Des gamins qui passent sur le trottoir, les yeux collés à ce même truc en plastique. Croiser un regard, remarquer la présence de quelqu’un d’autre, tu veux rire ? Pour quoi faire ?
“Un dixième de l’humanité possédera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Comme ceux-ci perdront leur personnalité et deviendront comme un troupeau astreints à l’obéissance passive...” Camus a publié ce livre en 1951; maintenant, il n’es plus question d’un dixième de l’humanité, mais d’un pourcentage ressemblant davantage à 0,00001%…et encore.
Albert Camus, L’Homme Révolté, Gallimard, Folio, 1951
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Allez. À part ça, hier, j’ai trouvé un très bon accessoire pour le spectacle clownesque: non pas le chapeau dans l’illustration mais la passoire orange dans la cuisine (que mon téléphone se refuse à photographier ce matin). La passoire fait un excellent chapeau et présente d’autres possibilités de développement dans son utilisation. On se maintient comme on peut.
Et comme j’ai promis d’autres matériel écrit à Camille Messager, à partir duquel elle se fasse une idée de l’apparence de la gamine dans L’Horloger, cela fera partie des activités du jour, pendant que se baratte une autre livraison de conneries généralisées à déverser sur les têtes abasourdies, ici et ailleurs.
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Dreams of cardboard cones made in China, inverted you could use them as drinking glasses, since I make some of them, I live on the top floor of the building with my own supply while a family is gathered round the TV each one with a regular glass filled with cold water and ice cubes; a man takes a fall/stunt in a long staircase, another eats one of the 6 pounds of raisins he was supposed to sell, people, people strolling indifferently in the street.
I wake up in a nasty mood. OK, last night I put down Camus’ The Rebel on the sentence “this is why Hitler and his regime could not do without ennemies”. It riled me, and not only because of Hitler, I would say rather because of the general impression, not only from reading the news, but in people’s attitude – in the street, at the market. No big deal, they’ll say, people use to exchange trivialities about the weather and the price of turnips, but now ? Nose glued to a piece of black plastic they hold in one hand while lined up for bread, the other distracted hand on the baby carriage. It riles me. Kids walking down the street, eyes glued to the same plastic thing. Exchanging glances, acknowledging the presence of someone else, you kidding me? What for ?
“One tenth of humanity will own property rights on personality and will exert unlimited authority on the other nine tenth. As those will have lost their personality will become like a herd compelled to passive obedience…” Camus published this book in 1951; currently, there’s no longer a question of one tenth of humanity, but rather of a percentage approaching more the 0,00001%…if that.
All right. Apart from that, yesterday, I found a very good prop for the clown act: not the hat in the illustration above but the orange colander in the kitchen (my phone refuses to photograph this morning). The colander makes an excellent hat and offers other possibilities of development in its use. One maintains one’s self as best one can.
And since I promised Camille Messager more written material from which she’ll get some feeling of what the girl looks like in L’Horloger, that should be part of the day’s activities while the nonsense churns on for pouring on the astonished heads of people here and everywhere.