16 février 2025

Dans le rêve, il s’agit d’un acteur américain de seconds rôles du nom de Robbie Fisher, en visite à Montréal où un ado le fait convulser de rire avec une histoire idiote voulant que le mot crevette étant singulier, en commander signifie qu’on n’en reçoit qu’une dans son assiette (en anglais, au restaurant on dit “I’ll have the shrimp”). Le journal The Montreal Star reprend l’anecdote, le gamin est invité à une émission de télé durant laquelle il reçoit un appel téléphonique en direct dudit Robbie Fisher et tous deux partent en goguette filmée en Inde pendant qu’une femme demande “Why India ?” et que, redevenu sérieux, Fisher explique qu’un milliardaire y est devenu multimilliardaire, grâce au pétrole à rabais obtenu de Russie.

En ouvrant les yeux – vers 3h30, mince ! – je sais pertinemment que ce rêve est né d’une séquence de 37 secondes dans une entrevue que Zelensky a accordé à la journaliste oh-combien-sérieuse Christiane Amanpour sur le sujet oh-combien-grave des conséquences d’une perte de soutien américain à l’Ukraine. La journaliste et le public éclatent de rire. Zelensky ajoute ensuite quelques mots à l’effet que lorsqu’une occasion se présente de rire, surtout quand les temps sont si graves, il ne faut surtout pas la rater.

Et, oui, c’est en ce sens que, pour moi du moins, la poésie (du moins, celle que j’aime) et l’humour (celui qui me plaît, évidemment) se rejoignent en une qualité essentielle : leur gratuité complète, aussi “inutiles” que le fait même de l’existence au sujet de laquelle on peut se triturer les méninges pendant des siècles, alors que l’existence, elle, elle est et basta et puisque mystère il y a, qu’il demeure, après une dissection pour découvrir le secret du vol, ben, l’oiseau, il ne vole plus.

Le tout inspiré par cette réflexion sur un numéro clownesque que je prépare pour le spectacle de fin d’année d’une petite école de cirque sans “réputation mondiale” et pour lequel numéro je suis à relire tous les clowns dans les pièces de Shakespeare. Mon préféré demeurant Feste dans Twelth Night; il chante, en plus hey,ho, the wind and the rain. Chanter, ça compte beaucoup aussi, question de ne pas se noyer dans la multiplication des Malvolio qui prolifèrent, prolifèrent…

Et puis, lecture hier soir du texte sur Efim Etkind dans le Dictionnaire amoureux de Pouchkine; me ramenant à ma découverte de son Anthologie de la poésie russe du XVIIIe au XXe siècle, des poèmes mais aussi des épigrammes – ah ! les épigrammes, de Lermontov, Joukovski, Afanassi Fet…

Rire. Les Malvolio, leurs machines et leurs machinations en sont incapables “pour de vrai”. À ça du moins, il n’y a rien de nouveau, préservant au moins cet espace pour la liberté ?

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C’est très curieux: les “statistiques” sur wordpress n’indiquent plus les “like” – je les découvre dans mes mails. Une façon d’inciter l’utilisateur à “accéder” au modèle “premium” ? Je ne sais pas. Mais ça en dit long sur les inter-connexions de tous ces sites qui exigent un “mot de passe” de leurs usagers, tout en s’échangeant les données entre eux, à qui mieux mieux.

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In the dream he’s a supporting role actor from Hollywood, by the name of Robbie Fisher, visiting Montreal where a teenager has him in stitches with a stupid story about the word shrimp being a singular, so that when you order some all you get in your plate is one (in English, when ordering in a restaurant, we say “I’ll have the shrimp”). The Montreal Star newspaper picks up the story, the kid gets invited on a tv show during which he receives a direct phone call from said Robbie Fisher and they both take off on a filmed tour of India during which a woman asks “Why India ?” and turning serious agina, Fisher explains that a billionnaire there turned into a multi-biollionaire, thanks to reduced rates on Russian oil.

Opening my eyes – towards 3:30 AM, damn! – I know full well that this dream was born from a – vers 3h30, mince ! – I know full well that this dream was born from a 37 second sequence in an interview Zelensky gave to the oh-so-serious journalist Christiane Amanpour on the oh-so-laden with consequences of a loss of American support to Ukraine. The fournalist and the public burst out laughing. Zelensky then added a few words to the effect that when an opportunity for laughter shows up, especially when times are fraught, one mustn’t miss it.

And yes, this is the meaning in which, for me at least, poetry (at least that which I like) and humor (the kind I enjoy, obviously) meet up in an essential feature : their total freedom, as “useless” as existence itself about which one can knead one’s brain into pulp for centuries, while existence simply is and to hell with it, since there’s a mystery, may the mystery remain, following a dissection to discover the secret of flight, well, the bird doesn’t fly anymore.

All this inspired by a reflection on a clown act I’m preparing for the year-end show in a small circus school with no “international reputation” whatsoever and for which act I’m re-reading all the clowns and jesters in Shakespeare’s plays. My favorite remaining Feste Twelth Night; who sings, to top it off, hey,ho, the wind and the rain. Singing is important too, so as not to drown in the multiplying Malvolios, proliferating, proliferating…

Plus, reading last night the entry about Efim Etkind in the Dictionnaire amoureux de Pouchkine; my discovery of his Anthology of Russian poetry from the 18th to the 20th century, the poems but also the epigrams – ah! the epigrams, by Lermontov, Joukovski, Afanassi Fet…

Laughing. Something the Malvolios, their machines and machinations are unable to do for real. That, at least, is nothing new, preserving at least that space for freedom ?

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It’s very odd: the “statistics” on wordpress don’t indicate the “likes” anymore – I discover them in my emails. A way of encouraging the user to “step up” to the “premium” model ?I don’t know. But it says a lot about the inter-connections between all these website demanding a “password” from their users, while exchanging data between themselves, each one outdoing the other in this regard.

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