
Rêves : atelier/groupe expérimental où chaque pièce est consacrée à l’exploration d’un environnement extrême – une forêt pluvieuse, un laboratoire avec des pierres de diverses formes donnant des sons variés…: puis, en Turquie, au milieu de la nuit, j’entre dans une cafétéria où une jeune femme me sert une assiettée de veau depuis l’un des plats chauds, elle insiste pour que je mange dans un endroit plus “chic” et m’accompagne avec l’assiette jusqu’à un restaurant aux allures vaguement suédoises, j’entre, personne ne me remarque, je ressors et je marche le long d’une falaise escarpée et me retrouve sous l’escarpement à tenter de grimper comme une chèvre, quelqu’un me tire d’affaire, puis me présente des images dans le style des femmes-oiseaux décharnées de Zehra Dogan.
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Bon, “l’atelier”, sans doute Artonef d’où je suis ressortie hier soir avec le sentiment d’une gamine avec son truc patenté à partir de rebuts – une sorte de retable à partir d’un emballage cartonné contenant une forme que j’appelle “l’homme effondré” entouré d’écriture inversée et en boustrophédon (voir illustration). Et la Turquie, sans doute à cause de la nouvelle entre-aperçue hier selon laquelle Poutine aurait déplacé des sommes importantes vers des banques américaines, via le bon copain Erdogan qui se montre si discret, ces jours-ci. Quant aux femmes-oiseaux, c’est toujours la même vieille histoire qui se répète, celle des membres les plus stupides de la communauté humaine exerçant le pouvoir à partir de la stupidité la plus crasse, juste assez stupides pour ressentir un besoin de représailles contre quiconque se montrerait plus intelligents qu’eux. La force brute, argument ultime des dinosaures. (Le “Truc” illustré, inspiré sans aucun doute par l’absence de l’une des participantes dont le père s’est suicidé récemment, chose bien pénible à vivre pour les survivants devant assumer que leur amour n’aura pas été suffisant pour retenir l’effondré.)
Et bien, certains oiseaux y survécurent malgré tout. (J’en reviens toujours à ce poème, “Satura” de Montale, qui dit, oui, l’histoire tente de tout ravager mais n’y parvient jamais complètement, il y a toujours quelques crevasses non explorées, toujours quelques poissons qui s’échappent du filet crevé et qui ne se rendent même pas compte qu’ils sont bien plus libres ainsi.)
Entretemps, la pelle mécanique est à l’oeuvre, incontestablement.
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Et les oiseaux. Et celle que les imbéciles appellent L’Ogresse dans L’Horloger des Brumes découvrant au détour d’une phrase du poète allemand Heinrich Heine qu’il avait existé sur terre, un jour, des oiseaux qu’on appelait rossignols.
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Dreams: studio/experimental group where each room is devoted to the exploration of an extreme environment – a rain forest, a lab filled with stones of different shapes giving off varied sounds…; then, in Turkey in the middle of the night, I enter a cafeteria where a young woman serves me a plateful of veal from one of the hot plates, she insists that I eat in a “fancier” place and, carrying the plate, she takes me to a restaurant that looks vaguely Swedish, I enter, no one notices me, I go out again and walk along a steep cliff and find myself attempting to scramble back up from the cliff, like a mountain goat, someone gives me a hand then show me drawings in the style of Zehra Dogan’s emaciated bird-women.
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OK, so the “studio”, no doubt inspired by Artonef which I left last night feeling like the kid holding the thingie she’d concocted out of garbage – a kind of altarpiece made from cardboard packaging containing a form I call “the devastated man” surrounded by inverted scribblings written in boustrophedon style (see illustration). And Turkey, no doubt because of the bit of news I glimpsed yesterday according to which Putin would have moved important sums of money to American banks, via his good buddy Erdogan who is proving so discrete these days. As for the bird-women, same old stories, over and over again, the dumbest members of the human community holding sway out of sheer dumbness, just dumb enough to feel a retaliatory urge against anything smarter than they. Brute strength, the dinosaurs’ ultimate argument. ( ( The illustrated “thingie” ” inspiré without a doubt by the absence of one of the participants whose father committed suicide recently, a very painful thing to live through for the survivors having to bear the fact that their love was not sufficient to hold back the devastated one.)
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Well, some birds survived anyway. (I always circle back to that poem, “Satura” by Montale, that says, yes, history attempts to destroy everything but never quite manages to do so completely, there are always a few unexplored crevices, always a few fishes that escape the broken net and who don’t even realize they are much freer that way.)
In the meantime, the excavator is at work, undeniably.
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And the birds. And the one the imbeciles in L’Horloger des Brumes call The Ogress, discovering at the turn of a verse by the German poet Heinrich Heine that there had once existed on earth birds known as nightingales.